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La même étude a indiqué que les MRE d’Allemagne investissent dans les mêmes secteurs que les MRE dans leur ensemble. Les investissements les plus fréquents sont la construction ou l’achat de biens immobiliers, d’abord pour soi et sa famille, puis éventuellement pour la location ou la vente.
En outre, des investissements sont effectués dans le domaine des services: restaurants, cafés, téléboutiques, boulangeries ou taxis. De même, de nombreux petits magasins sont ouverts. D’autres services proposés concernent l’ingénierie et la vente des machines correspondantes. Par ailleurs, les Marocains résidant en Allemagne investissent aussi dans l’agriculture. Selon l’enquête de la Fondation Hassan II de 2005, les petits projets (moins de 500.000 dirhams) étaient les plus nombreux (presque 40%). Par contre, les projets d’un montant supérieur à 5 millions de dirhams représentaient seulement 14% des projets d’investissement.
On constate que les MRE dans leur ensemble tendent à délaisser les investissements immobiliers pour se tourner vers les services et d’autres secteurs. Le tourisme est ici un secteur particulièrement porteur. Outre les investissements directs, les investissements des MRE dans des actions d’entreprises marocaines enregistrent également une hausse.
Cette évolution correspond sûrement à deux phénomènes. D’une part, la plupart des migrants ont déjà construit une maison au Maroc et les projets d’investissement immobilier dans leur pays d’accueil ont augmenté. D’autre part, la deuxième et la troisième générations disposent d’une meilleure formation et investissent plutôt dans des entreprises innovantes. On peut estimer que ce phénomène est moins marqué pour l’Allemagne que pour la France en raison des connaissances linguistiques insuffisantes de la troisième génération.
Pour l’Allemagne, ce rôle est plutôt joué par le groupe croissant de techniciens et de diplômés universitaires qui ont étudié en Allemagne et entretiennent encore d’étroites relations avec le Maroc où ils créent surtout des PME qui évoluent à un autre niveau que les investissements des anciens travailleurs émigrés. Il s’agit surtout d’ingénieurs qui investissent dans les services ou les technologies de l’information et de la communication. En ce qui concerne la répartition des investissements entre les régions du Maroc, l’étude de la Fondation Hassan II indique que plus de 70% des migrants investissent dans leur région d’origine notamment dans la ville la plus proche de leur village d’origine. Toutefois, les investissements les plus importants et les plus innovants se concentrent dans les centres économiques, sur l’axe Kénitra-Rabat-Casablanca-Settat. Pour le moment, le Nord-Est attire moins les investissements, surtout ceux de ce type.
Les dépôts d’épargne résultant de transferts financiers sont également redirigés vers les régions les plus développées par l’intermédiaire du système bancaire. Selon une enquête effectuée en 1990 auprès de Marocains résidant en Allemagne ou rentrés d’Allemagne, 85% des investissements des personnes interrogées ont été effectués dans la ville de Nador, probablement en grande partie d’investissements immobiliers. Les investissements ne sont pas forcément liés à un retour définitif au pays; les investisseurs font en fait la navette entre l’Allemagne et le Maroc. Selon l’étude de la Fondation Hassan II, plus des deux tiers des investisseurs continuent à résider dans le pays d’accueil. Dans les secteurs de l’agriculture, des services et du commerce, ce phénomène est particulièrement marqué; dans l’industrie, par contre, il ne concerne que la moitié des investisseurs interrogés.
Une enquête menée par des chercheurs de l’INSEA en 2000 a révélé que les MRE réalisant des investissements se sont heurtés aux obstacles suivants: problèmes avec l’administration (42,2%), disponibilité et coût des financements (18,4%), corruption (13,4%), impôts trop élevés (13%), abus de confiance par les partenaires commerciaux (6,8%) et accueil qui leur a été réservé (3,8%). Les problèmes mis en avant dans les entretiens étaient la bureaucratie, la corruption et le manque de sécurité juridique. Les entretiens révèlent que les Marocains résidant en Allemagne se heurtent à des obstacles supplémentaires: les investissements réalisés dans le secteur entrepreneurial exigent un capital suffisant ainsi que la capacité de supporter des pertes pendant un certain temps. Les Marocains résidant en Allemagne sont généralement des travailleurs immigrés qui, justement, en sont dépourvus. En même temps, nombre d’entre eux ne possèdent pas les capacités et connaissances nécessaires à la réalisation d’investissements dans l’industrie ou le tourisme. En outre, les investisseurs doivent résider sur place pendant un certain temps, surtout au début pour effectuer les formalités administratives. En raison des liens familiaux et d’autres obligations contractées en Allemagne, cela n’est pas toujours possible ou désirable. Les membres de la jeune génération préfèrent peut-être investir en Allemagne, car c’est là qu’ils ont leur principal centre d’intérêt. En outre, réaliser un investissement à distance recèle certaines difficultés. Outre les causes juridiques, notamment le manque de sécurité juridique au Maroc, il existe des causes sociales telles que la méfiance vis-à-vis des gestionnaires mis en place. D’autre part, après un long séjour en Allemagne, les MRE ne sont souvent pas, ou plus, familiarisés avec le système administratif marocain et les formalités à remplir pour fonder une entreprise et ont parfois des idées dépassées en ce qui concerne les exigences et la durée de ce processus. Les Marocains résidant en Allemagne peuvent aussi avoir des difficultés linguistiques. Ils ne connaissent généralement ni l’arabe, ni le français et ne parlent que l’allemand et leur dialecte berbère surtout s’ils sont nés en Allemagne.