Le Pentagone a indiqué à Washington que le jihadiste Belmokhtar avait bien été la cible d'une frappe américaine mais n'a pas confirmé sa mort.
"Des avions américains ont mené une opération qui a abouti à la mort de Mokhtar Belmokhtar et d'un groupe de Libyens appartenant à une organisation terroriste dans l'est de la Libye", ont indiqué les autorités libyennes.
Quelques heures plus tôt à Washington, le Pentagone avait annoncé que l'armée américaine avait mené une frappe dans la nuit de samedi à dimanche contre une cible "terroriste liée à Al-Qaïda" en Libye. Washington a par le passé déployé des drones dans cette région.
L'agence libyenne Lana, citant un responsable du gouvernement reconnu par la communauté internationale, a précisé que "la frappe de l'armée de l'air américaine a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans une ferme à Ajdabiya, à 160 km à l'ouest de Benghazi, chef lieu de l'Est libyen, où Belmokhtar tenait une réunion avec d'autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d'Ansar Asharia", une organisation classée terroriste par l'ONU.
Sur les réseaux sociaux, des comptes jihadistes ont fait état de 7 morts dans le raid. Une page Facebook d'un groupe islamiste à Ajdabiya a publié dès dimanche matin des photos de corps ainsi que les noms des personnes tuées, sans aucune référence à Belmokhtar.
Des combats meurtriers ont eu lieu par ailleurs autour de l'hôpital de la ville, les jihadistes ayant tenté, en vain, de prendre le contrôle de l'établissement, aux mains de milices locales, pour soigner leurs blessés, selon des témoins.
La dernière opération des Américains en Libye date de juin 2014 quand leurs forces spéciales ont capturé Ahmed Abou Khattala, un des organisateurs présumés de l'attaque contre le consultat américain à Benghazi en 2012, qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et trois autres Américains.
Mokhtar Belmokhtar avait réaffirmé mi-mai la loyauté de son groupe, Al-Mourabitoune, à Al-Qaïda et démenti l'allégeance à l'Etat islamique (EI) proclamée par un autre dirigeant, laissant présager une sérieuse discorde dans la hiérarchie du mouvement.
Né en juin 1972 à Ghardaïa, aux portes du Sahara, il a combattu très jeune en Afghanistan en 1991, où il a perdu un œil, ce qui a valu son surnom de "Laouar" (le borgne). Ex-chef d'Al-Qaïda au Magreb islamique (Aqmi), avec laquelle il était entré en dissidence, Mokhtar Belmokhtar avait créé fin 2012 sa propre unité combattante, les "Signataires par le sang" avant de fusionner avec le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et former en 2013, Al-Mourabitoune.
Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, Belmokhtar aurait commandité l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, et la prise en otages de deux Canadiens en 2008, trois Espagnols et deux Italiens en 2009. Sa tête était mise à prix par les Etats-Unis à 5 millions de dollars.