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Des chiffres qui sont, cependant, loin de refléter la réalité de notre enseignement supérieur en pleine déliquescence. Un constat sur lequel tout le monde semble s'accorder.
« Les efforts déployés par le ministère de tutelle sont réels et palpables mais il s’agit de mesures palliatives destinées d’abord à répondre à une pression immédiate et non aux priorités du secteur », a précisé Mohammed Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l'Université Hassan II à Casablanca. D’après lui, les vrais problèmes sont ailleurs. Ils dépassent de loin la seule question des infrastructures et du matériel.
« Les déficits de l’université marocaine sont nombreux à commencer par celui de la relève. Aujourd’hui, beaucoup d’établissements vont se trouver sans professeurs faute de remplaçants et le ministère n’a rien fait pour tenter de combler ce vide », a-t-il indiqué avant de poursuivre : « Même les nouveaux recrutements opérés par le département de Daoudi n’ont pas porté sur de grands changements».
Mais, il n’y a que cet obstacle à surmonter, la question de la recherche scientifique pose également problème. « Le ministère ne fait rien pour stimuler la recherche scientifique. Pas de motivations ni d’encouragements. Les professeurs chercheurs sont traités sur un pied d’égalité avec ceux qui n’ont jamais signé un seul article scientifique. On a droit au même salaire et à la même promotion professionnelle », a-t-il déclaré. Une évaluation qui rejoint celle faite il y a des années durant par le Conseil supérieur de l’enseignement qui a pointé du doigt plusieurs insuffisances qui handicapent le système national de recherche scientifique, à savoir la faiblesse des résultats de la recherche en gains de productivité et d’innovation, la lenteur d'adaptation aux développements socio-économiques, scientifiques et technologiques, un environnement universitaire peu propice à la recherche et à l'innovation, ....
Pis, les recommandations proposées, en ces temps-là, par le CES, à savoir la création de passerelles entre les universités, les centres de recherche et les secteurs productifs, l’évaluation interne et externe de la recherche scientifique, la valorisation de la recherche-développement, l’implication du secteur privé dans l’intensification des efforts en matière de financement, les infrastructures et l’équipement, l’harmonisation des structures intervenant dans la recherche scientifique et technique, n’ont jamais vu le jour ou n’ont reçu qu’une timide mise en application. Pour le Pr Mohammed Saïd Karrouk, la situation de l’université marocaine demeure problématique malgré la succession des dispositifs de réforme. Pire, cet état de fait risque de s’aggraver avec l’entrée en vigueur de la troisième génération de la réforme LMD. « La tâche des professeurs sera compliquée davantage avec la nouvelle configuration du LMD puisque le nombre d’heures enseignées sera de 50 h, soit 3 h par semaine pour un seul professeur. Alors je vous laisse imaginer ce que pourra être la qualité des cours dispensés dans des amphis surpeuplés. Evidemment, ce sont les étudiants qui vont payer les pots cassés », a-t-il déploré avant de conclure que le problème de l’enseignement supérieur au Maroc exige une vision à long terme qui dépasse les clivages politiques, d’autant plus qu’il s’agit d’abord de l’avenir de la nation elle-même.