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Personne ne peut ignorer que pendant trente-cinq ans d’action féminine, le Maroc a vu le mouvement féminin passer d’un simple mouvement revendicatif à une force de proposition, à un mouvement influent dans le contexte constitutionnel et législatif. Les grands indicateurs de cette évolution peuvent être résumés en des étapes majeures. D’abord, le plaidoyer en faveur des droits civils et politiques sur la voie de l’élimination de toutes les formes de discriminations contre la femme, notamment la violence sous toutes ses formes. Durant cette période, le mouvement démocratique en général et le mouvement féminin en particulier ont accumulé une expérience qualitative en matière de sensibilisation, de débat public, d’organisation et de conjugaison des efforts. Le mouvement a fait montre d’un esprit créateur, via les fédérations, les collectifs, les centres d’écoute et d’orientation juridique, les campagnes… le mouvement avait du pain sur la planche avec l’ancienne Moudawana (Code de la famille).
Ensuite, il y a eu l’étape de capitalisation des diverses trajectoires de lutte, d’acquis et de réalisations (Moudawana, Code de travail, Code pénal, loi sur la nationalité… ), ainsi que le plan des mécanismes et des mesures d’accompagnement (cellules de lutte contre la violence au sein des tribunaux et devant les commissariats, l’institution d’assistance sociale au sein des tribunaux…). Le mouvement féminin se voulait surtout interactif à l’égard de ces nouveautés, à travers la contribution dans leur mise en œuvre, la critique de leurs aspects négatifs, la mise en œuvre du monitoring, l’évaluation, l’observation, le suivi et la formulation des propositions alternatives pour la promotion de ces mécanismes, tout en gardant le cap vers l’introduction des aspects du genre dans toutes les actions militantes et institutionnelles.
Enfin, l’on ne peut occulter l’étape de 2011 jusqu’à aujourd’hui, où s’entremêlent avec force la percée réalisée au niveau de la constitutionnalisation de l’égalité, mais aussi son institutionnalisation, par le fait de stipuler la création de l’instance de la parité et la consolidation de la revendication de mise en œuvre des dispositions de la Constitution. Et c’est là l’un des aspects les plus régressifs du gouvernement actuel. Sur le plan du discours, la régression bat son plein, dans la mesure où les déclarations du chef du gouvernement dénotent d’un esprit pour le moins réactionnaire.
D’un autre côté, l’on doit souligner que la condition féminine sur les plans économique et social n’a pas connu de changement sur le fond, puisque la pauvreté dans le Royaume est essentiellement féminine (24% pour les femmes par rapport à 17% pour les hommes). Les statistiques du Haut-commissariat au plan en 2012 attestent malheureusement de cette réalité lamentable. Il n’existe pas jusqu’à présent des politiques publiques claires en matière des droits des femmes, ce qui constitue un grand défi en rapport avec les challenges stratégiques d’avenir, dont le plus important est l’évaluation : 20 ans après le congrès de Pékin.
Finalement, j’estime personnellement que la protection légale et juridique des droits des femmes, et leur accessibilité à la justice sont l’un des piliers fondamentaux à renforcer à travers la mise en place de mécanismes et mesures protectionnistes et à simplifier les procédures. Il serait également judicieux de renforcer le sentiment et l’esprit des droits humains chez les juges et les avocats ainsi que tous les professionnels en rapport avec la justice.
* Présidente de l’Association Adala