«Dheepan» est ainsi la troisième Palme d'or en sept ans pour un film français après «La vie d'Adèle» d'Abdellatif Kechiche (2013) et «Entre les murs», de Laurent Cantet (2008). «Recevoir un prix de la part des frères Coen qui président le jury, c'est une chose assez exceptionnelle», a déclaré Jacques Audiard, qui avait déjà reçu à Cannes le prix du scénario en 1996 et le Grand prix en 2009. «Une grande pensée à mon père», a ajouté le réalisateur, fils du dialoguiste et scénariste Michel Audiard. Son film d'amour et de violence traite du parcours de réfugiés sri-lankais en France.
C’est l'histoire de trois exilés, un ancien combattant des Tigres tamouls, une femme et une petite fille qu'il ne connaît pas. Ils fuient tous trois la guerre civile de leur pays en se faisant passer pour une famille.
Ils vont chercher à démarrer une nouvelle vie en France dans une cité sensible de la banlieue parisienne en proie à la délinquance. «Dans «Dheepan», il y avait une idée très revigorante: trois étrangers qui deviennent une famille (...) C'est quelque chose que je n'ai jamais vraiment vu traiter de cette façon», a déclaré l'acteur Jake Gyllenhaal, membre du jury.
La Palme d'or du court-métrage a, par ailleurs, récompensé le film «Waves 98» réalisé par le Libanais Ely Dagher, qui raconte, en 15 minutes, les errances d'un homme dans les rues de Beyrouth. «Immergé dans un monde familier mais étranger à sa réalité, il se retrouve en lutte pour sauvegarder ses attaches», indique le synopsis du film. Rappelons enfin que neuf courts métrages étaient en lice dans cette compétition arbitrée par un jury dédié.
D’autre part, les 19 films qui étaient en compétition officielle ont été régulièrement critiqués par la presse. Pour l'hebdomadaire français L'Express, seuls «six films devaient rester»: ceux de Moretti, Audiard, Sorrentino, Brizé, Kurzel, et Nemes. Pour ce qui est des 13 autres films, ils sont «pour la plupart des exercices de style un peu froids», estime le journal. La sélection était «décevante» pour Le Journal du Dimanche, qui la juge «inégale, artificielle». Plus nuancé, le Financial Times dit avoir été «tour à tour ébloui et déçu».
Une majorité de la presse française a, par ailleurs, salué la qualité des films de la Quinzaine des réalisateurs, section parallèle du Festival où a été projeté le film du Marocain Nabil Ayouch qui suscite une virulente polémique au Maroc, notamment en ce qui concerne le langage cru utilisé dans certaines scènes. Pour une partie de la presse, certains de ces longs métrages auraient pu figurer dans la compétition officielle.
Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon pour «La loi du marché»
La voix brisée par l’émotion, l’acteur, qui a été ovationné par la salle, a chaleureusement remercié le réalisateur et dédié son prix «aux citoyens laissés pour compte», estimant que ce prix était «un acte politique». «C’est la première fois que je reçois un prix d’interprétation», a-t-il souligné, avant d’ajouter : «C’est l’un des trois plus beaux jours de ma vie».
Prix d’interprétation féminine : Emmanuelle Bercot et Rooney Mara
«Maïwenn, tu as cru en moi comme personne avant, tu m’as regardée comme personne avant», a dit Emmanuelle Bercot, en longue robe noire. Ce prix récompense «l’audace, le sens aigu de la liberté» de Maïwenn, a encore déclaré l’actrice, qui interprète dans ce film une avocate qui se souvient de la passion destructrice qu’elle a vécue pendant dix ans avec Georgio (Vincent Cassel), un séducteur et beau parleur.
Rooney Mara, qui n’était pas présente à la cérémonie, campe dans «Carol» le personnage d’une toute jeune vendeuse qui va se laisser séduire par une femme bourgeoise à la beauté fatale (Cate Blanchett).
Prix du jury : «The Lobster» du réalisateur Yorgos Lanthimos
Le prix du jury a été attribué au Grec Yorgos Lanthimos pour «The Lobster», fable grinçante et dérangeante sur la solitude, le couple et l’amour.
Prix de la mise en scène : Hou Hsiao-Hsien pour «The Assassin»
Le prix de la mise en scène est revenu au cinéaste taïwanais Hou Hsiao-Hsien pour «The Assassin», histoire d’une justicière dans la Chine du IXe siècle, à l’esthétique ciselée.
Prix du scénario : Michel Franco pour «Chronic»
Palme d’honneur : La réalisatrice Agnès Varda
-
Grille de la nouvelle saison d’Al Aoula : Une offre attractive de grands rendez-vous
-
Le bateau-musée Art Explora, l’Odyssée culturelle qui brise les frontières
-
Rabat à l’heure des 2èmes Assises des industries culturelles et créatives
-
Troisième Festival national des arts patrimoniaux à El Kelaâ des Sraghna
Caméra d’or : «La Tierra y la Sombra» du réalisateur César Augusto Acevedo
“Je dédie ce prix à tous les paysans de mon pays qui sont de véritables héros et je veux leur dire qu’ils ne sont pas seuls”, a déclaré César Augusto Acevedo en recevant son prix.