-
Le Maroc invité d'honneur de la 18e édition du prix Al Burda à Abou Dhabi
-
SAR la Princesse Lalla Hasnaa et S.E. Sheikha Sara Bint Hamad Al-Thani président à Doha le "Tbourida Show"
-
Des chercheurs se penchent sur les défis de la langue arabe à l'ère du numérique et de l'IA
-
Au SILEJ, la SNRT relaie ses émissions de débat politique auprès des jeunes
Cette conférence a été l'occasion de présenter les visions croisées d'artistes, de critiques d'art et d'académiciens sur la valeur réelle des œuvres d'art et les critères de sa détermination entre facteurs objectifs et effets émotionnels, notamment à la lumière de la montée des crimes liés à l'art et aux biens culturels.
S'exprimant à l'ouverture de cet événement, le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah, Mohamed Benaissa, a souligné que cette conférence se tient dans un contexte discursif marqué par deux caractéristiques saillantes, la première concerne la domination des phénomènes artistiques éphémères, à travers des œuvres et des choix stylistiques qui se manifestent rapidement et de manière frappante, sur une période courte, tandis que la deuxième caractéristique concerne l'aggravation du phénomène des œuvres contrefaites sur le marché, tant chez les amateurs de collection d'œuvres d'art que dans le bilan de certaines institutions.
M. Benaissa a, à cet égard, fait savoir que le Moussem d'Assilah a choisi de dédier sa session estivale aux arts, après des décennies de pratique créative au sein de ses ateliers et ses espaces publics, en vue d'accorder aux "arts plastiques" la place qui leur revient, rappelant que la saison dernière a abordé plusieurs thèmes, tels que "L'art contemporain et la question culturelle" et "La peinture marocaine et le discours critique".
Pour sa part, le critique d'art et universitaire, Charafdine Majdouline, a affirmé que "le marché de l'art et la construction des valeurs" soulève la question de la médiation, puisqu'il s'agit d'un marché non classique et il n'y a pas de relation directe entre le créateur et le client, ce qui nécessite une médiation, estimant que "l’art n’est pas seulement une visualisation, mais plutôt une possession individuelle ou collective (possession de l’État à travers ses institutions, comme les musées et les secteurs publics, qui acquièrent les œuvres d’art)".
Il a noté que "la culture de la possession fait encore face à plusieurs problématiques", soulignant que les arts plastiques sont de plus en plus associés aux crimes, tels que le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale et la contrefaçon des oeuvres d'art, des questions qui seront abordées par ce colloque.
Pour sa part, l'ancien ministre de la Culture, Mohamed Achaâri, a indiqué que "l'appropriation d'une oeuvre d'art est une question qui concerne non seulement l'aspect commercial, mais aussi l'aspect culturel cumulatif, et que le marché de l'art n'est pas abstrait et n'est pas soumis aux lois générales comme les autres biens".
M. Achaâri est revenu au début de la création du mouvement des arts plastiques marocain à la fin des années soixante et sa quête pour la révolte contre l'héritage colonial, les salles d'exposition et les méthodes de sa promotion, à travers une exposition collective sur la place Jemaa El-Fna", expliquant que ce mouvement voulait attirer l’attention sur le fait que le travail artistique créatif des artistes-plasticiens marocains a un territoire, un domaine public et appartient à une culture différente.
Il a fait observer que l''identité artistique fait également face aux exigences et aux pressions du marché, et que l'art marocain connaît une période de renouveau depuis des décennies et constitue une expérience exceptionnelle dans le monde arabe et africain", estimant que "cet essor a des limites et que la dynamique du marché ne peut en aucun cas substituer la dimension culturelle du mouvement des arts plastiques".
Quant à l'artiste et universitaire de la Faculté des beaux-arts d'Égypte, Amal Nasr, elle a déclaré que "l'art traverse une étape très controversée qui a transcendé le triangle: créateur-destinataire-œuvre d'art, et que la valeur de l’œuvre artistique n’est plus en elle-même, mais est devenue associée à un environnement complexe contrôlé par les facteurs du marché", rappelant que l’art, qui était autrefois un élément de l'écosystème du pouvoir symbolique, c'est-à-dire politique ou religieux, est aujourd'hui soumis au pouvoir de l'argent, et l'œuvre d'art est devenue un sujet de spéculation et une marchandise entre intermédiaires".
Elle a précisé que la valeur de l'œuvre d'art est aujourd'hui tributaire de plusieurs facteurs, dont les forces contrôlant le marché de l'art, le pouvoir des médias, la transformation du concept de beauté, l'évaluation des critiques, et le marketing digital, en plus de l'attachement émotionnel de l'acheteur envers l'œuvre d'art.
L'écrivain et critique d'art français, Jean-Louis Poitevin, a, quant à lui, abordé le chemin qu'emprunte l'artiste pour construire au fil des années une valeur matérielle ou artistique à ses créations, un parcours influencé par un ensemble de facteurs, tels que le talent, la créativité, et la question du jugement critique des autres, en plus des facteurs réalistes et irréalistes qui contrôlent le marché de l'art (intermédiaires, galeries, collectionneurs, institutions...).
A l'issue de ce colloque, les participants ont visité l'exposition "45 ans de gravure et d'impression artistique", l'exposition hommage "Chemins croisés" de Malika Agueznay et Akemi Noguchi, l'exposition "Lignes" d'Abdelkader Melehi, et les fresques murales créées par 13 artistes, qui ornent les murs de la médina d'Assilah.
La session d'été de cette édition du Moussem, organisée par la Fondation du Forum d'Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication (département de la culture) et la commune d’Assilah, a débuté le 5 juillet avec des ateliers artistiques et de peinture murale.
Au cours de cette édition, le Moussem accueillera un second colloque sur "L'art contemporain et le discours de la crise" les 19 et 20 juillet, ainsi que trois conférences sous les thèmes "Introduction à l'histoire des gravures au Maroc", "L'histoire de la gravure et son évolution" et "L'histoire de l'impression et de l'édition au Maroc".
Il est à noter que la session d'automne de la 45ème édition du Moussem culturel d'Assilah se tiendra durant les mois d'octobre et de novembre. Plusieurs séminaires seront organisés dans le cadre de la 38ème édition de l’Université ouverte Al-Mu’tamid Ibn Abbad, ainsi que deux séminaires organisés en coordination avec le Policy Centre for the New South.