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Il y a encore quelques semaines, Abou Sangare était un sans-papiers menacé d'expulsion du territoire français. Héros du film "L'Histoire de Souleymane", il a remporté vendredi le César de la meilleure révélation masculine.
"J'ai passé un entretien de 5-10 minutes, puis je suis parti, j'avais du travail sur une voiture... Dans l'aprèm, l'équipe m'a rappelé pour refaire un essai", racontait à l'AFP le jeune homme de 23 ans, chemisette et cheveux tirés en arrière, lors de l'avant-première du film à Amiens en octobre.
Présent à ses côtés, Boris Lojkine confiait avoir été convaincu par "un moment de silence" lors de nouveaux essais à Paris: "Il y avait une telle densité, tout à coup, c'était du cinéma".
Né le 7 mai 2001 à Sinko, dans le sud-est de la Guinée, Abou Sangare est déjà apprenti mécanicien quand il quitte son pays avec l'espoir d'aider sa mère, malade. Adolescent, il traverse Mali, Algérie, Libye, Méditerranée et Italie avant d'arriver à Paris en 2018, à 16 ans.
On lui conseille de rejoindre une autre ville plus petite. "On me dit +Paris, tu vas galérer+", alors il vise Lille, raconte-t-il pudiquement. Mais "Gare du Nord, des contrôleurs sont sur le quai" et "je n'ai pas de ticket", il est tard, "je prends le dernier train, direction Amiens".
Dans le film, le héros Souleymane est un Guinéen lui aussi, mais c'est à Paris qu'il survit comme livreur à vélo, sillonnant la capitale, sac cubique sur le dos, et préparant anxieusement son entretien de demande d'asile.
Pendant 1H30, collé au personnage principal, "on épouse la perspective qu'il a sur le monde", observant Paris "dans ses yeux", raconte le réalisateur, qui a aussi "brouillé les pistes" entre Abou Sangare et Souleymane "pour l'aider à rentrer complètement dans le rôle".
Présenté à Cannes en mai 2024 dans la section Un Certain regard, le film a reçu le prix du jury, et Abou Sangare le prix d'interprétation masculine de cette section.
Lors de la projection, "j'ai pleuré comme un bébé, voir à quel point le public a aimé le film m'a beaucoup ému", témoignait l'acteur en octobre.
Pour ce film, Boris Lojkine a mené des entretiens avec des livreurs pour connaître l'envers du décor: la sous-location de comptes pour travailler pour des plateformes sous une autre identité, les clients, leurs relations entre eux...
Et Abou Sangare, qui n'avait aucune expérience d'acteur, est devenu livreur pendant deux semaines, pour se familiariser avec le rôle.
Lors de l'entretien pour la demande d'asile, l'une des scènes les plus poignantes du film, c'est une partie de son histoire personnelle qu'il livre à l'écran.
"C'est le cadeau que Sangare fait au film, nous avons tous été bluffés, c'est le moment où il devient un grand acteur", loue le réalisateur.
Au quotidien, Abou Sangare est un jeune homme "plutôt discret" mais aussi "travailleur", "sérieux" et "exigeant", décrit Sibylle Luperce, membre du réseau Education sans frontières à Amiens, qui le suit depuis son arrivée.
Il a parfois été "découragé" devant les trois refus successifs de régularisation de sa situation, ajoute-t-elle.
"Je n'avais presque plus d'espoir". Jouer dans "L'Histoire de Souleymane", ça "m'a sauvé la vie", estime aujourd'hui Abou Sangare.
Il a finalement obtenu un titre de séjour salarié d'un an, en janvier de cette année. Il a dû présenter une promesse d'embauche comme mécanicien à Amiens.
"Je suis vraiment heureux, ce titre de séjour va me permettre d'aller travailler au garage", avait réagi juste après Abou Sangare auprès de l'AFP.
Ou d'embrasser une carrière dans le cinéma, désormais auréolé de son César? Pas sûr: travailler comme mécanicien, "c'est mon rêve depuis l'enfance, et le cinéma vous savez c'est toujours un travail occasionnel pour moi", assurait-il alors.
J'ai passé un entretien de 5-10 minutes, puis je suis parti, j'avais du travail sur une voiture... Dans l'aprèm, l'équipe m'a rappelé pour refaire un essaiEn 2023, l'étudiant en mécanique est bénévole dans une association d'éducation populaire à Amiens quand le responsable l'informe d'un casting: le réalisateur Boris Lojkine cherche des jeunes Guinéens comme lui.
"J'ai passé un entretien de 5-10 minutes, puis je suis parti, j'avais du travail sur une voiture... Dans l'aprèm, l'équipe m'a rappelé pour refaire un essai", racontait à l'AFP le jeune homme de 23 ans, chemisette et cheveux tirés en arrière, lors de l'avant-première du film à Amiens en octobre.
Présent à ses côtés, Boris Lojkine confiait avoir été convaincu par "un moment de silence" lors de nouveaux essais à Paris: "Il y avait une telle densité, tout à coup, c'était du cinéma".
Né le 7 mai 2001 à Sinko, dans le sud-est de la Guinée, Abou Sangare est déjà apprenti mécanicien quand il quitte son pays avec l'espoir d'aider sa mère, malade. Adolescent, il traverse Mali, Algérie, Libye, Méditerranée et Italie avant d'arriver à Paris en 2018, à 16 ans.
On lui conseille de rejoindre une autre ville plus petite. "On me dit +Paris, tu vas galérer+", alors il vise Lille, raconte-t-il pudiquement. Mais "Gare du Nord, des contrôleurs sont sur le quai" et "je n'ai pas de ticket", il est tard, "je prends le dernier train, direction Amiens".
Dans le film, le héros Souleymane est un Guinéen lui aussi, mais c'est à Paris qu'il survit comme livreur à vélo, sillonnant la capitale, sac cubique sur le dos, et préparant anxieusement son entretien de demande d'asile.
Pendant 1H30, collé au personnage principal, "on épouse la perspective qu'il a sur le monde", observant Paris "dans ses yeux", raconte le réalisateur, qui a aussi "brouillé les pistes" entre Abou Sangare et Souleymane "pour l'aider à rentrer complètement dans le rôle".
Présenté à Cannes en mai 2024 dans la section Un Certain regard, le film a reçu le prix du jury, et Abou Sangare le prix d'interprétation masculine de cette section.
Lors de la projection, "j'ai pleuré comme un bébé, voir à quel point le public a aimé le film m'a beaucoup ému", témoignait l'acteur en octobre.
Pour ce film, Boris Lojkine a mené des entretiens avec des livreurs pour connaître l'envers du décor: la sous-location de comptes pour travailler pour des plateformes sous une autre identité, les clients, leurs relations entre eux...
Et Abou Sangare, qui n'avait aucune expérience d'acteur, est devenu livreur pendant deux semaines, pour se familiariser avec le rôle.
Lors de l'entretien pour la demande d'asile, l'une des scènes les plus poignantes du film, c'est une partie de son histoire personnelle qu'il livre à l'écran.
"C'est le cadeau que Sangare fait au film, nous avons tous été bluffés, c'est le moment où il devient un grand acteur", loue le réalisateur.
Au quotidien, Abou Sangare est un jeune homme "plutôt discret" mais aussi "travailleur", "sérieux" et "exigeant", décrit Sibylle Luperce, membre du réseau Education sans frontières à Amiens, qui le suit depuis son arrivée.
Il a parfois été "découragé" devant les trois refus successifs de régularisation de sa situation, ajoute-t-elle.
"Je n'avais presque plus d'espoir". Jouer dans "L'Histoire de Souleymane", ça "m'a sauvé la vie", estime aujourd'hui Abou Sangare.
Il a finalement obtenu un titre de séjour salarié d'un an, en janvier de cette année. Il a dû présenter une promesse d'embauche comme mécanicien à Amiens.
"Je suis vraiment heureux, ce titre de séjour va me permettre d'aller travailler au garage", avait réagi juste après Abou Sangare auprès de l'AFP.
Ou d'embrasser une carrière dans le cinéma, désormais auréolé de son César? Pas sûr: travailler comme mécanicien, "c'est mon rêve depuis l'enfance, et le cinéma vous savez c'est toujours un travail occasionnel pour moi", assurait-il alors.