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Ceci est d’autant plus important que «l’investissement public dans les infrastructures jouera un rôle essentiel dans le redressement économique», affirment les économistes Gerd Schwartz, Manal Fouad, Torben Hansen et Geneviève Verdier dans un récent ouvrage édité par le Fonds monétaire international (FMI).
Intitulé « Well Spent : How Strong Infrastructure Governance CanEnd Waste in Public Investment » (Bien dépensé : comment une gouvernance solide des infrastructures peut mettre fin au gaspillage des investissements publics), le livre s'appuie sur les travaux d'analyse et de renforcement des capacités de l’agence onusienne. Il se base aussi sur les évaluations de la gestion des investissements publics (PIMA) réalisées dans plus de 60 pays.
Dans cet ouvrage de 38 pages, les auteurs expliquent comment les pays peuvent atteindre des résultats d'infrastructure de qualité, dans ce contexte actuel de crise où les ressources se font rares. Lesquels résultats appellent à une meilleure gouvernance des infrastructures, soutiennent-ils.
«Ce livre décrit les bases indispensables d’une gouvernance robuste des infrastructures et présente des pratiques innovantes dans des domaines essentiels. Nous y recensons des exemples de méthodes qui permettent de lutter contre la corruption dans les projets d’infrastructures, de maîtriser les risques budgétaires, d’intégrer la planification et le budget, et d’adopter de bonnes pratiques en amont du cycle d’investissement public, ainsi que pendant la phase d’évaluation et de sélection des projets (domaine où beaucoup de pays n’obtiennent pas de résultats satisfaisants)», relèvent Gerd Schwartz, Manal Fouad, Torben Hansen et Geneviève Verdier sur le site officiel de l’institution de Bretton Woods.
Pour les quatre économistes, par ailleurs responsables au FMI, l’Etat doit dépenser l’argent public à bon escient en finançant les projets qui en valent la peine. Pour ce faire, ils estiment que «les pays doivent être pourvus de solides régimes de gouvernance des infrastructures, c’est-à-dire d’institutions et de dispositifs robustes qui encadrent la planification, la répartition et la réalisation d’infrastructures publiques de qualité». Ce qui contribuera à limiter notamment le gaspillage des deniers publics.
Car, comme le déplore l’étude du Fonds monétaire international, «les investissements publics accouchent trop souvent d’infrastructures onéreuses, de piètre qualité et peu utiles aux populations et à l’activité économique. Il s’agit souvent de projets de long terme, complexes et de grande envergure, qui constituent un terrain propice à la corruption, aux retards et aux dépassements de coûts ».
Ce n’est pas tout. L’étude relève également que «certains dysfonctionnements conduisent les pays à gaspiller en moyenne un tiers de leurs dépenses d’infrastructures», soulignent les auteurs du livre. C’est notamment le cas dans certains pays à faible revenu où cette proportion atteint des niveaux vertigineux, jusqu’à 50%.
Pour l’institution internationale, «ces ressources mal employées représentent un potentiel considérable que les pays doivent exploiter pour redresser leurs économies sinistrées par la pandémie».
Mais quoi qu’on en pense, Gerd Schwartz, Manal Fouad, Torben Hansen et Geneviève Verdier sont formels: «La gabegie et les dépenses inutiles dans des projets d’infrastructures ne sont pas une fatalité». Ils affirment que, selon leurs estimations, «la consolidation des régimes de gouvernance des infrastructures pourrait permettre d’éviter plus de la moitié de ces pertes».
Aussi, ils estiment que le redressement économique qui doit succéder à la crise du Covid-19 est pour les pays l’occasion ou jamais de lancer un pont vers l’avenir en concevant et en construisant des infrastructures publiques de qualité. Et naturellement, en veillant à ce que chaque denier soit dépensé à bon escient.
Il est à souligner que l’ouvrage « couvre des questions critiques telles que l'investissement dans les infrastructures et les objectifs de développement durable, le contrôle de la corruption, la gestion des risques budgétaires, l'intégration de la planification et de la budgétisation et l'identification des meilleures pratiques dans l'évaluation et la sélection des projets», précisent les quatre économistes notant qu’il couvre également les domaines émergents de la gouvernance des infrastructures.
Gerd Schwartz est directeur adjoint du département des finances publiques du FMI. Il supervise les activités du département en matière de gestion budgétaire, et notamment de gouvernance des infrastructures.
Spécialiste des finances publiques et conseille plusieurs pays sur les questions de politique budgétaire et de développement des capacités, Manal Fouad dirige la division de la gestion des finances publiques(GFP) II du département des finances publiques du FMI. Torben Hansen est chef adjoint de la division GFP I du département des finances publiques du FMI tandis que Geneviève Verdier est chef de division au département Moyen Orient et Asie centrale du FMI.
Alain Bouithy