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La première émission de certificats de Sukuk souverains au Maroc, réalisée en 2018, a tracé la voie pour une évolution importante dans le paysage de la finance participative nationale.
Tablant sur ce succès, le projet de loi de Finances (PLF) de l'année 2025, qui est en pleine discussion au Parlement, prévoit une seconde émission de ces certificats, avec l'accord du Conseil supérieur des oulémas (CSO). Une initiative qui est à même de renforcer davantage le rôle des certificats Sukuk dans le financement d'infrastructures publiques et l'expansion de projets d'envergure.
Dans ce cadre, Khadija Choujtani, docteure en finance islamique et professeure à l'Université Mohammed V, a souligné que les certificats de Sukuk sont d'une importance capitale pour le développement de la finance participative, du fait qu'ils permettent aux différents acteurs de cette finance de gérer leur liquidité et d'optimiser la gestion de leurs ressources.
"Les Sukuks contribuent au développement de l’économie réelle. Adossés à des actifs tangibles, ils favorisent l’investissement dans des projets à forte valeur ajoutée, notamment dans des secteurs tels que l’immobilier, l’énergie et les infrastructures", a expliqué Mme Choujtani dans un entretien à la MAP.
Pour elle, le Maroc dispose d'un écosystème participatif "quasi complet" composé de cinq banques participatives, de trois fenêtres participatives, du marché des Sukuks (certificats d’investissement conformes à la Chariâa), et de l'assurance Takaful, encadré par des régulateurs tels que Bank Al-Maghrib et le CSO.
"Ce premier Sukuk de type Ijara, adossé à un droit d’usufruit constitué par des actifs immobiliers appartenant à l’État, au profit du fonds de titrisation créé à cet effet, avait une valeur d’un milliard de dirhams (MMDH) et proposait un rendement annuel de 2,66% sur cinq ans. Cette émission a permis de tester l’accueil du marché pour ce type de certificats d’investissement, qui offrent une structure de rendement basée sur la performance des actifs sous-jacents", a rappelé Mme Choujtani.
En servant de prototype pour les futures émissions, cette opération a également jeté les bases d'un marché financier participatif au Maroc, répondant aux attentes d’investisseurs nationaux et internationaux.
La prochaine émission, prévue pour 2025, selon la professeure universitaire, devrait étendre cette dynamique en encourageant le développement de l’écosystème de la finance participative au Maroc et en proposant des instruments de placement conformes à la chariâ pour les nouvelles entités, à savoir les compagnies d’assurance Takaful et les sociétés de gestion collective de l’épargne participative.
L'objectif est double : renforcer l’attractivité de la finance participative marocaine et fournir aux banques un outil de gestion de la liquidité plus en phase avec les besoins de financement des entreprises marocaines, notamment les PME.
Finance participative : en quête d’un rôle majeur dans l’écosystème financier marocain
En dépit des efforts déployés pour promouvoir la finance participative, les banques participatives peinent encore à convaincre un large public. Leurs résultats restent mitigés, un constat souvent attribué à une méconnaissance des produits d'épargne offerts par ce secteur.
À cet égard, Mme. Choujtani a recommandé de capitaliser sur la communication à travers une sensibilisation efficace sur les produits disponibles et leur utilité.
Elle a, parallèlement, insisté sur l'impératif de diversifier l'offre, aujourd’hui dominée par le financement Mourabaha, afin de répondre à une plus grande variété de besoins, notamment dans le secteur des entreprises.
Enfin, l’assurance participative Takaful, déjà mise en place, se révèle un atout majeur pour l’écosystème. Basée sur la solidarité, elle offre des garanties adaptées pour les entreprises et les particuliers, contribuant à asseoir la crédibilité de la finance participative.
Grâce aux efforts consentis pour améliorer l'inclusion financière via toute une stratégie nationale dédiée, le Maroc semble bien placé pour profiter des bienfaits des certificats de Sukuk, particulièrement en matière de promotion de l'accès aux services financiers pour tous, y compris pour les segments de la population qui préfèrent des options conformes à la chariâa.
Par Yassine AHIZOUNE (MAP)