Dans un entretien à la MAP à l'occasion de cet évènement culturel, M. Bennani s’est dit rassuré en tant qu’intellectuel de voir s’opérer un tel rapprochement entre les pays du Maghreb lors de pareils événements, expliquant que l’écriture maghrébine va bel et bien au-delà des frontières.
"Quand on organise des salons, des rencontres scientifiques ou des partages poétiques, on ne voit pas les frontières", a-t-il souligné, estimant que la culture et l’identité sont un socle commun pour les pays du Maghreb. Il a cité à cet égard la participation, au Salon maghrébin du livre d'Oujda, de la physicienne tunisienne Faouzia Charfi qui s’exprime sur la question de l’autonomie de la science par rapport aux idéologies, à la politique et à la religion.
Abordant l’évolution de la littérature maghrébine, M. Bennani a souligné que celle-ci a franchi des étapes significatives avec de grands auteurs tels qu’Abdelkébir Khatibi, Abdelfattah Kilito, Mohammed Khaïr-Eddin, Tahar Ben Jelloun et Rachid Mimouni, entre autres.
"Aujourd’hui, ce sont souvent des histoires individuelles transgénérationnelles et des écrits qui racontent la migration de ces auteurs des 2ème et 3ème générations, ainsi que celle de leurs parents", a-t-il expliqué, relevant que certains d’entre eux ont été très médiatisés dont Tahar Ben Jelloun, Leïla Slimani et bien d’autres.
Le commissaire du Salon d'Oujda a en outre évoqué l'ambition et les perspectives de cette manifestation, dont la vocation internationale ne cesse de se démentir dans un esprit d'encouragement de la diversité et des retrouvailles entre acteurs de divers horizons.
Il a dans ce contexte cité d'autres lieux de rencontre comme "Les Ateliers de Dakar" qui réunissent les Africains au sens large, précisant que bon nombre d'écrivains ont réussi à se faire connaître à l'échelle internationale comme le philosophe sénégalais et enseignant à l’Université Columbia, Souleymane Bachir Diagne.
Natif de Meknès, Jalil Bennani est un psychiatre, psychanalyste et écrivain marocain vivant et exerçant à Rabat.
Ancien élève de Lucien Bonnafé et Tony Lainé, il œuvre depuis 1980 pour la transmission de la psychanalyse au Maroc et poursuit des recherches sur l'histoire de la psychanalyse. Il est à l'initiative de la création de plusieurs associations ainsi que cofondateur et président du Cercle psychanalytique marocain (2009).
Ses principaux ouvrages sont "Le Corps suspect", "Le Temps des ados" en collaboration avec Alain Braconnier, "Psychanalyse en terre d'islam", qui constitue la première introduction à la psychanalyse au Maghreb, "Un psy dans la cité" qui lui a valu le prix Grand Atlas en 2014 et "Des djinns à la psychanalyse, nouvelle approche des pratiques traditionnelles et contemporaines".