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les attentats de Paris du «13 novembre», chez «Ring»,
un éditeur étiqueté extrême-droite.
«13», c’est le titre du prochain livre de la journaliste franco-marocaine de «Charlie Hebdo» et qui paraîtra le 3 mars prochain en France. «13 témoignages clés, 13 caméras embarquées dans l’enfer du Bataclan, des cafés du Carillon, du Petit Cambodge, de La belle équipe, du Stade de France, des urgences absolues; 13 angles morts de l’horreur des attentats du 13 novembre 2015, racontés par la journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui, survivante du 7 janvier», annonce d’emblée l’éditeur sur son site web.
Le livre devrait raconter le soir fatidique du 13 novembre 2015 à travers des témoignages poignants comme celui du frère du terroriste Omar Mostefaï, d’un membre de la famille d’Abdelhamid Abaaoud, d’un médecin urgentiste qui participait à un exercice anti-terroriste le matin du 13 et qui fut l’un des premiers soigneurs, d’un policier de la BAC, le premier à avoir abattu un terroriste, d’un videur rescapé du Bataclan, d’un pompier, d’une victime «oubliée» du Stade de France et dont la femme est encore hospitalisée et même de la maire de Paris. L’œuvre devrait donc raconter le soir des attentats à travers des témoignages de personnes témoins ou directement concernées par ces attaques meurtrières.
Jusqu’aux attentats survenus à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, Zineb El Rhazoui n’était connue que d’une poignée de journalistes marocains, notamment lorsqu’elle collaborait au Journal Hebdo. Mais depuis un peu plus d’un an, elle défile sur les plateaux de télévision français et y tient un discours considéré «islamophobe» par certains, «courageux» par d’autres. «Il faudrait que nous arrêtions d’accepter que ces pleurnichards de la stigmatisation derrière leurs burqas ou leurs barbes nous imposent leur standard radicalisé comme étant le standard de toute une identité dans ce pays», ainsi s’exprimait-elle sur la station radio RMC, dimanche 15 novembre. Régulièrement invitée à réagir sur les attentats simultanés survenus à Paris, celle que les médias français présentent comme «une militante des droits de l’Homme» rejette toujours la responsabilité sur l’islamisation de la société française. «Il faut lire les textes. Il faut admettre qu’il y a des textes qui appellent clairement au meurtre» réitère-t-elle dans une émission de la chaîne D8, avant d’ajouter: «Tout musulman n’est pas terroriste, mais tous les terroristes de vendredi soir étaient musulmans». Ses propos, extrêmement durs et radicaux, et ses prises de positions sont souvent contestés sur les réseaux sociaux. Ils sont également la principale raison des menaces répétées dont elle dit faire l’objet. Elle est sous protection policière 24 heures sur 24 et sept jours sur sept: «Je suis la femme la plus protégée de France», explique-t-elle.
Rappelons, par ailleurs, que c’est bien elle qui a été derrière la création, en 2009, du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), qui milite au Maroc, selon elle, pour «la liberté de conscience, les droits des femmes, l'abolition de la peine de mort et l'instauration d'un Etat laïc». MALI s’est, en effet, rendu célèbre à la suite d’un pique-nique de dé-jeûneurs organisé pendant le Ramadan afin de dénoncer l’obligation légale de jeûner. C'est d’ailleuurs à la suite d'un de ses piqueniques organisés en plein mois de Ramadan que Zineb El Rhazoui a été ciblée par une première fatwa.
Ring, éditeur trash
et générateur de buzz au
positionnement éditorial douteux
Depuis l’annonce de la publication du futur livre de Zineb El Rhazoui chez «Ring», les critiques pleuvent sur les réseaux sociaux comme chez les fins observateurs. Le choix d’une maison d’édition étiquetée extrême-droite suscite une incompréhension profonde. La journaliste franco-marocaine n’a, semble-t-il, plus aucun souci de s’afficher publiquement avec des milieux d'extrême-droite.
En effet, en trois ans, la maison d’édition «Ring» a imposé sa griffe : des auteurs sulfureux, des méthodes de marketing agressives et un univers visuel ultra soigné. La méthode «Ring» consiste en un battage médiatique où l’auteur passe pour une star avant même d’avoir été lu.
Lancée en 2012 dans une relative indifférence, Ring a bâti sa popularité sur la polémique. Il faut dire que la maison d’édition affiche clairement sa prédilection pour les auteurs sulfureux, dont certains penchent très à droite. Elle a, en effet, toujours défrayé la chronique par la publication d’ouvrages choc. Dernier en date, «Climat Investigation», du journaliste télé Philippe Verdier. Ce réquisitoire approximatif qui entend démonter le «dogme» du réchauffement climatique, a valu à son auteur d’être viré de France Télévisions. Un peu plus tôt en octobre, Ring publiait un livre du rédacteur en chef de «Valeurs actuelles», Geoffroy Lejeune, intitulé «Une élection ordinaire», et qui fantasme l’arrivée d’Eric Zemmour à l’Elysée. On notera également le cas de Laurent Obertonne, avec «La France Orange mécanique», un livre cité en référence par Marine Le Pen et qui entend démontrer que la violence dans la société française s’aggrave en raison notamment de l’immigration massive.
Il est donc clair qu’à chaque fois, la méthode «Ring» s’affirme : opter pour un sujet provoc, monter une campagne de pub agressive, et espérer que la polémique prenne. Chaque parution est précédée d’une bande-annonce spectaculaire, qui lorgne explicitement vers les blockbusters hollywoodiens. «Nous sommes les Sex Pistols de l’édition», lance le fondateur, David Serra, dans une déclaration à «Les Inrocks». C’est donc chez cet éditeur qui sait créer le buzz mais surtout faire enregistrer de grosses ventes à ses auteurs que «la femme la plus protégée de France» a décidé de publier son futur livre.