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Zakariae Lhadj Kacem : Le Maroc compte aujourd’hui une cinquantaine de titulaires du label CFA

Lundi 30 Septembre 2019

Zakariae Lhadj Kacem au centre sur notre photo
Zakariae Lhadj Kacem au centre sur notre photo
L’Association Investment Analysts Society of North Africa (IASNA) et le CFA Institute ont organisé
le 16 septembre courant à Casablanca une conférence sous le thème : «Le futur de la finance
au Maroc : Expertise et professionnalisme  via le programme CFA».
Zakariae Lhadj Kacem, président de l’Association IASNA, revient sur les
objectifs de cette rencontre dans cet entretien.



Libération:  Quels étaient les objectifs de cette conférence et pourquoi l’avoir organisée à Casablanca? 
Zakariae Lhadj Kacem :
La pierre angulaire de cette conférence était le futur de la finance au Maroc. Nous avons notamment organisé un panel, dont j’ai été le modérateur, composé de quatre hauts dirigeants d’institutions financières marocaines, tous titulaires du label CFA. Ce format permettait un retour d’expérience de professionnels exerçant les plus hautes fonctions. Deux dirigeants internationaux du CFA Institute, Gary Baker et William Tohmé ont également prononcé un discours pour la première fois en d’Afrique du Nord, ce qui témoigne de la volonté du CFA Institute de développer sa présence dans la région.
Les discussions du panel se sont axées autour de trois thématiques.
La première portait sur l’importance du label CFA dans la carrière des professionnels de la finance et de l’investissement, tant dans la construction de connaissances professionnelles solides que dans l’opportunité d’appartenir à un réseau mondial. 
La deuxième thématique traitait des standards de professionnalisme et d’éthique en tant que facteurs clés de succès pour les principales places financières mondiales.
Et la troisième et la plus centrale abordait le futur de Casablanca en tant que place financière majeure pour le continent africain.
Qu’est-ce alors le CFA charter?
Le label CFA, en anglais CFA charter (Chartered Financial Analyst), est la certification financière la plus reconnue dans le monde. Ce label représente l’excellence des 169.000 professionnels (les CFA Charterholders) qui le détiennent dans 165 pays. Devenir CFA Charterholder est l’aboutissement d’un processus d’auto-apprentissage exigeant et hautement sélectif en trois niveaux accompagné à minima de quatre ans d’expérience professionnelle. 
Aujourd’hui, il y a environ une cinquantaine de titulaires du label CFA au Maroc. Cependant, la tendance est en hausse. Ces dernières années, une centaine de candidats se présentaient aux examens du CFA, tous niveaux confondus. Le fait que, depuis 2012, les candidats résidents au Maroc ont la possibilité de passer l’examen à Casablanca n’y est pas étranger.
Vous avez exercé des métiers de l’investissement à Paris et à Dublin avant de décider de lancer IASNA à Casablanca. Vous faites également partie des quelque 50 CFA charterholders résidents au Maroc.  Auriez-vous des recommandations à donner aux jeunes professionnels marocains désireux de faire carrière dans les métiers de l’investissement?
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je me considère vraiment chanceux d’avoir commencé ma carrière en finance en plein milieu de la crise financière mondiale de 2008. Les rudes années qui ont suivi cette crise ont sensibilisé les personnes de ma génération du rôle central que doit jouer la culture d’excellence et d’éthique dans l’industrie financière.
En matière de compétences à développer, les métiers tels qu’analyste financier, gérant de portefeuille ou stratégiste exigent des capacités de concentration, d’organisation, d’analyse, ainsi qu’une grande curiosité. A titre d’exemple, si vous gérez un portefeuille d’actions de sociétés cotées en bourse, vous devez être au courant de toute information disponible dans le domaine public et susceptible d’affecter le cours des actions que vous détenez en portefeuille. Le champ de ces informations est très vaste et couvre des éléments spécifiques à la société en question tels que ses résultats financiers,  ses produits, son marché, le track-record de son équipe dirigeante, ainsi que l’environnement macroéconomique, géopolitique et réglementaire dans lequel opère la société en question. Bien entendu, le progrès technologique permet un accès facile à l’information, mais l’investissement n’est pas qu’un « boulot » de 8 heures par jour. Il est nécessaire de s’informer et d’analyser l’information en permanence afin d’émettre des décisions d’investissement prenant en compte tous les paramètres.
Plus particulièrement, mes recommandations aux jeunes Marocains désireux de se lancer dans une carrière en finance ou en investissement sont: soyez passionnés par ce que vous faites, travaillez sans relâche pour atteindre l’excellence professionnelle. Et ce à la fois en matière d’expertise technique et en matière d’éthique.
Ceux qui sont intéressés par le domaine pourront ainsi consacrer du temps à se constituer une culture financière. Des publications telles que le Financial Times, le Wall Street Journal et des sites web tels que Bloomberg fournissent une abondance d’informations sur la finance et constituent un commentaire permanent sur le monde financier. En revanche, si vous ne recherchez pas ces informations pendant votre temps libre et si cela ne vous intéresse pas, une carrière dans la finance ne vous conviendra probablement pas. Les personnes qui réussissent dans la finance ont un intérêt et une passion permanents pour l’économie, les affaires, et les marchés. Sans cela, ce sera difficile.
Quelle est la mission de l’IASNA ?
Notre association est le résultat de l’aspiration collective de femmes et d’hommes désireux de promouvoir la culture d’excellence professionnelle, d’éducation financière et d’éthique.
Nous sommes une association marocaine indépendante basée à Casablanca dont l’objectif est de promouvoir les standards professionnels les plus élevés au niveau mondial en faveur des professionnels de la finance et de l'investissement. Ce qui est vertueux et bénéfique pour les professionnels, les investisseurs, les entreprises  et l’ensemble de la société marocaine.
 

Propos recueillis par Alain Bouithy

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