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Le livre par ailleurs, traite d’une problématique des plus importantes et qui lui assure son incontestable actualité. En effet, AbouAli adopte comme pierre angulaire la notion de l’hyper-terrorisme mondialisé qui «constitue en effet une voie pertinente pour pouvoir comprendre le monde et l’homme actuels, l’essence de la vie et de la littérature». Cela suppose un corolaire à cette problématique et qui va de soi d’ailleurs, à savoir celui de la Vérité. Une notion ardue, une qualité, un concept, un idéal combien difficile à cerner! La quête est entamée mais elle n’est pas sans danger. Comment parvenir en effet, à sarcler le terrain d’une conjoncture jonchée de leurres et de mensonges et pouvoir dénicher la vérité? Comment démêler le vrai du faux, le bon grain de l’ivraie? Comment arriver à trouver un fil d’Ariane qui ne fourvoie pas et qui peut conduire au bon port de la certitude? A l’instar de Yasmina Khadra qui entend mettre l’accent sur le malentendu entre l’Orient et l’Occident, l’auteur épouse ce même objectif et tout comme le romancier participe par le biais de son analyse à dénoncer la vision occidentale de l’Orient, laquelle se cantonne souvent dans des idées fixes ou fixées, des préjugés et des archétypes invétérés et ostracise ipso facto tout ce qui ne lui ressemble pas. Cette vision archétypale qui occulte avec préméditation l’essence de cette altérité orientale, tenue pour étrangère et donc estimée la plupart du temps comme menaçante, n’est en fait que la version officielle biaisée et médiatisée d’une poignée de politiques, de multinationales ou alors des médias motivés par le profit ou valets d’une idéologie. Devant cet état de faits, caractérisé par les agissements en profondeur des idéologies, la manipulation devient devise, le mensonge, un cheval de bataille qui, de ses sabots, foule et écrase la sainte vérité. Doit-on pour autant sacrifier celle-ci ou plutôt s’armer de toute la bonne volonté possible, du courage intellectuel et moral pour mettre à nu l’artifice et faire éclater l’authentique? C’est tout juste ce que le romancier entreprend dans sa trilogie sur le malentendu entre l’Orient et l’Occident et que l’auteur AbouAli explicite dans son ouvrage. La tâche était dure à ce qu’il paraît, mais payante à la fin. En effet, le critique a dû faire d’interminables allers-retours à l’intérieur du microcosme de chacune des œuvres, établir dans le cadre d’une approche comparative, toutes les passerelles possibles afin de restituer les fragments épars de cette vérité éparpillée à travers les textes. Comme ce chercheur d’or qui va aux tréfonds de la terre ou sur les lits des rivières, s’attelle à la tâche, infatigable, creuse sans cesse au péril de sa vie, ou sasse des tonnes de sable ou de pierrailles à la recherche des pépites tant convoitées, AbouAli s’aventure sur les flots de la trilogie, plonge dans les méandres de chaque texte à la recherche de la vérité perdue à coup de pléthore interdiscursive, de manipulation sournoise, d’idéologies malsaines, de convictions sclérosées, de préjugés injustes, de dogmatisme intolérant…
En somme, AbouAli vient de nous gratifier d’un texte de grand calibre. Son analyse qui est aussi une véritable leçon de critique, mobilise tout un appareillage qui plonge ses racines dans plusieurs domaines d’investigation, à commencer par la philosophie, puis en ricochant sur d’autres comme la littérature, la psychanalyse, la pragmatique, la rhétorique pour ne citer que ceux-là. Partant, nous sommes bien en droit de penser que le domaine de la critique littéraire ne sera que plus enchanté, plus enrichi par la venue d’un texte et celle d’un auteur que nous devons saluer…