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directrice du département de l’Art islamique du Musée du Louvre,
Yanick Lintz qui a également
occupé le poste de conseillère pour les musées et le patrimoine auprès de Jack Lang est actuellement
commissaire de l’exposition
« Le Maroc médiéval : Un empire de l’Afrique à l’Espagne »,
inauguré le 6 octobre dernier,
au musée du Louvre.
Entretien
Libé : Pourquoi avoir choisi le Maroc comme première exposition temporaire dans le département des Arts de l’islam du Louvre?
Yanick Lintz : Pour nous, c’était une chose tout à fait naturelle. Le Roi du Maroc, Mohammed VI, nous a marqués par son encouragement, lors de la construction de la nouvelle salle du département. Cet encouragement s’est traduit par une aide financière significative, une vraie volonté de vouloir promouvoir les arts de l’islam comme culture universelle. Ce partenariat avec le Maroc est bien né à ce moment-là, avec une volonté de coopération entre les deux pays.
Si vous visitez l’exposition permanente du Louvre, vous allez remarquer que peu d’objets viennent du Maroc médiéval. Ce Maroc est mal mis en valeur dans notre exposition permanente. Le but de cette exposition temporaire sur le Maroc est de rattraper ce manque.
Comment expliquez-vous l’absence d’œuvres marocaines dans votre département?
Les Français, présents au Maroc au début du 20ème siècle, voulaient bien préserver et encourager la protection du patrimoine que les Marocains ont su maintenir à travers les âges. Le vingtième siècle aussi s’est inscrit dans la mode de constructions de musées en Europe et Afrique du Nord. Grâce à ces musées construits sur place, les Marocains ont conservé leur patrimoine. La collection marocaine est conservée sur place et a été préservée des trafics qu’ont connus d’autres patrimoines. Cette exposition révèle les trésors du Maroc, cachés dans les musées, dans les bibliothèques, mais aussi, chose étonnante, dans les mosquées.
A travers l’exposition «Le Maroc médiéval, un empire de lAfrique à l’Espagne» au Louvre, que cherchez-vous à montre aux visiteurs? Le manque dans votre collection permanente d’objets de l’Occident islamique est-il le seul motif?
Quand on parle de l’Occident islamique, tout le monde en France pense à Séville, à Cordoue et à l’Andalousie de l’époque du califat de Cordoue. De nombreux Français visitent le Maroc, mais quand ils voient le patrimoine marocain dans des villes comme Fès, Marrakech et Rabat, ils comprennent que cela correspondant à un épisode historique du Moyen-Age occidental.
Comment avez-vous choisi les 300 objets exposés et comment vous êtes-vous mis d’accord avec votre partenaire marocain «La Fondation des Musées du Maroc»?
Ce fut vraiment un dialogue permanent et la répartition du travail s’est faite sur plusieurs aspects. Dès le début, il fallait trouver des œuvres marocaines et beaucoup d’œuvres espagnoles pour évoquer ces dynasties d’entre les deux rives, en Afrique et au sud de l’Espagne. Mais nous savions aussi que beaucoup d’œuvres avaient été conservées dans des églises d’Europe témoignant de cette histoire. La première réflexion que nous avons menée portait sur une première liste de ces œuvres. Ma collègue du Maroc, la commissaire générale, Bahija Simou, a établi la liste des objets marocains pour cette exposition. De notre côté, nous avons plutôt travaillé sur les autres œuvres. Puis, ensemble, nous avons imaginé le parcours de l’exposition. Dès le début, nous nous sommes dit que le plus simple était de respecter la chronologie et de faire découvrir ces dynasties avec l’ensemble des créations architecturales, artistiques et intellectuelles.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans cette exposition?
Ce qui me marque dans cette exposition et ce qui va être une vraie découverte pour les visiteurs qui vont venir au Louvre, c’est l’excellence et la splendeur de ces créations présentées ici, autant en architecture que dans le textile et l’ivoire. C’est un aspect très important, car beaucoup pensent que les grandes créations de l’art islamique se trouvent en Orient, à Damas, à Bagdad ou bien en Iran. Cette exposition témoigne de la splendeur des arts islamiques du Maroc au Moyen Age. Puis il y a également l’importance de la production intellectuelle du Maroc pendant cette période, les grands intellectuels de l’époque se trouvaient au Maroc. Je pense par exemple à Averroès.
Votre regard aujourd’hui sur ce Maroc a-t-il changé?
Evidemment, j’ai appris beaucoup sur cette période de l’histoire en découvrant des œuvres inédites et en ayant la chance de travailler avec Bahija Simou. J’ai également compris, comment cette période est constituante de l’histoire du Maroc et de l’identité marocaine d’aujourd’hui.