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Quant au Maroc qui intéresse l’écrivain, c’est bien celui des années 70 et début 80. Un Maroc où des enfants issus de familles pauvres étaient presque livrés à eux mêmes.
Après la description d’une scène au m’sid où la répression bat son plein, tableau qui ne diffère pas trop de celui dépeint par Séfrioui dans « La boîte à merveilles », Mohamed Hmoudane se démarque par sa réaction contestataire. Il ne suit pas le modèle de l’élève docile, il fracasse la tête de son maître et quitte l’école coranique une fois pour toutes pour rejoindre l’école moderne. Cet engagement ne le prive pas de profiter pleinement de son enfance, de la vivre comme tous les garnements du quartier.
Il devient membre de la bande de Jaâfar, un adolescent vicieux capable de commettre non seulement des larcins qui permettent d’aller au cinéma, mais aussi d’organiser des séances d’enlèvement de quelques enfants du quartier voisin. Ces derniers restent parfois toute une journée enfermés dans une cave, à goûter à toutes sortes de torture et de viol. Cependant, quand il n’y a personne pour subir les violences sexuelles du chef, c’est Walid, un petit membre de la bande qui se transforme en souffre-douleur. Cette situation l’avilit, le rabaisse et le laisse sentir la lourdeur de son existence. Ce jeune garçon deviendra par la suite un grand artiste plasticien. Là encore, l’écrivain ne se prive pas pour montrer à sa manière cette relation, tant discutée, qui lie la création à la souffrance. Pour fuir son destin de petit enfant réprimé, Walid dessinait des voiliers, une mer houleuse, mais aussi des corps décapités ou éventrés. Ce sont les premiers balbutiements qui vont permettre au jeune garçon de panser ses blessures et qui continueront à le ronger ultérieurement.
Dans ce livre, Hmoudane ne s’est pas contenté de raconter linéairement sa vie. Il en fait un moyen pour dénoncer, comme l’a bien fait dans son premier roman « French dream », tout ce qui ne rentre pas dans l’ordre, tout abus de pouvoir…à commencer par l’école où l’on ne cherchait pas à construire la personnalité de l’apprenant, plus qu’on cherchait à produire des gens capables de subir sans protester, d’encaisser sans rechigner. Des gens dont le corps sert principalement à recevoir des coups de bâton, et c’est ce qui d’ailleurs produit des générations de Marocains qui n’aimaient pas trop leur corps : « La seule pédagogie dans laquelle excellaient nos parents, les fqihs ou les enseignants, était les sévices corporels. Un châtiment largement légitimé. Le bâton, dit le proverbe marocain est issu du paradis», avoue l’écrivain sardoniquement. Le pouvoir en place n’a pas échappé à la critique de M H. L’Etat qui n’admettait pas la différence et qui usait de subterfuges pour masquer ses tares est mis à nu dans ce livre.
« Le Ciel, Hassan II et Maman France » est un livre à plusieurs facettes. Plusieurs réflexions y sont traitées d’une manière subtile et discrète.
On cite à la fin ce passage sur l’écriture qui donne bien à réfléchir: « Il n’en demeure pas moins que draguer le lecteur, créer un espace d’imprévisible jouissance, partouzer, n’est pas aussi simple que ça en a l’air, à moins que l’écrivain n’ « achète » les services d’une entremetteuse. »