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Fathia Bennis, présidente du Women’s Tribune a, quant à elle, rappelé que l’évènement n’était pas « une plate-forme de lamentation ni de victimisation » tout en exhortant les participants à intervenir « sans tabous, ni langue de bois ». C’est Luc Ferry, ancien ministre français de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports qui a entamé les débats. A la tribune, ce dernier a ainsi analysé les différentes périodes de l’émancipation féminine en expliquant que la femme était passée du pouvoir d’influence (celui de la sphère privée et de la figure maternelle) à celui de l’action avec son rôle croissant dans la vie économique, politique et sociale. Très applaudi par l’assemblée, le philosophe a ainsi tenu un discours où se mêlaient tour à tour, des thèmes tels que la déconstruction des valeurs traditionnelles, la féminisation de la société, l’autonomie financière des femmes et le passage du mariage arrangé au mariage d’amour. Luc Ferry a également expliqué qu’il était contre la politique des quotas, qui selon lui, place la femme dans un statut « d’handicapée » qui n’est pas le sien. Position partagée par Christine Kelly, ancienne journaliste à LCI et membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
Position justifiée par trois arguments de poids : le procès en illégitimité qui pourrait être fait aux femmes issues des politiques de quotas, la reproduction d’une certaine « caste » génératrice des mêmes travers qui sont reprochés aux hommes, et enfin la fragilité d’une solution qui, en France, n’a pas fait ses preuves.
A ce jour, on compte seulement 18,5% de femmes à l’Assemblée nationale, et ce malgré la loi du 6 juin 2000 instaurant des quotas pour la parité. Ces opinions ont suscité de nombreuses réactions dans la salle, à l’instar de celle de Mme Skalli qui a affirmé que « les quotas étaient une nécessité. » Les « pro » expliquent que les quotas sont le seul moyen de promouvoir les femmes sur l’espace public tandis que les «anti», eux, déplorent une « victoire volée au vrai combat des femmes »._Autre sujet qui promet d’ores et déjà de susciter des discussions à bâtons rompues, celui du port du voile.
Là aussi deux sons de cloche chez les participants au Women’s Tribune. Sur scène, Hind Taârji, chroniqueuse dans un hebdomadaire casablancais, exprime son point de vue et son vécu personnel. « J’ai pris conscience de ma propre intolérance, car je ne reconnaissais pas le droit à la différence pour mes compatriotes voilées », ajoutant : « On peut être féministe et voilée ». Nouzha Skalli, elle, préfère souligner l’instrumentalisation du port du voile et affirme que « le voile n’est pas une obligation de l’Islam ». Wassila Tamzali, elle, une avocate algérienne, choisit de rappeler que « Le voile n’est pas dans la tradition du Maghreb, et que nous subissons désormais une influence idéologique qui n’est pas la nôtre ». Une femme (voilée) prend alors la parole pour expliquer qu’elle-même est chef d’entreprise dans le bâtiment (secteur généralement masculin), qu’elle est féministe et qu’elle ne se reconnaît pas dans les différents discours…
Le mot de la fin reviendra cependant à une jeune fille qui affirme que seule la Justice sociale pourra promouvoir l’émancipation féminine, et que les droits de la femme passent avant tout par un meilleur accès au marché de travail, mais surtout par un changement de mentalités qui ne se fera que par le biais de l’éducation et de la communication._A la sortie, les participants semblent satisfaits des débats jugés prometteurs. Patrick Poivre d’Arvor, célèbre journaliste français, a ainsi déclaré à Libé qu’il était venu à Essaouira après avoir constaté « la qualité des débats et le niveau des discussions lors de la première édition du Women’s Tribune »_« Sans tabous, ni langue de bois » nous avait-on dit. L’ouverture du Women’s Tribune semble d’ores et déjà s’engager sur cette voie. Libération sexuelle, avortement, planification familiale, égalité salariale, justice sociale, autant de sujets qui seront certainement abordés et qui promettent des débats vifs et passionnés...