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Au cours de son intervention qu’il a préféré appeler «Friendly chat», Wole Soyinka a soulevé comme à son habitude une multitude de questions concernant le continent africain. Il a présenté sa vision des canons littéraires occidentaux comme étant une forme de censure qui exclut tout ce qui est étranger à sa conception étroite de la créativité et nuit par conséquent à cette dernière en limitant sa portée et son champ d’action.
Pourquoi la question identitaire revient-elle encore sur la scène des rencontres culturelles et intellectuelles à travers le continent? il répond que c’est à l’image de la société elle-même et de l’individu en Afrique qui vit en permanence un questionnement de sa propre identité.
Il a ensuite évoqué l’identité africaine comme étant abstraite et composite. Il a mis en garde contre les différentes tentatives à travers l’histoire récente de l’Afrique, qui ont essayé de cristalliser cette identité en lui donnant des appellations restrictives qui lui ôtent toute la richesse de sa diversité et de ses contradictions.
En réponse à une question sur son expérience avec la dictature, il a répondu que la dictature, qu’elle soit politique ou intellectuelle, fait partie de ce qu’il appelle sur un ton satirique, des «nouveaux monstres», un concept qu’il emprunte tout au long de sa carrière littéraire à la mythologie africaine, Yoruba en particulier.
Concernant le rôle de l’art et de l’artiste dans la sensibilisation de la société, un des axes majeurs du colloque, il a souligné que l’art, même quand il n’entre pas dans la rubrique «d’art engagé», contribue à améliorer la condition sociale, culturelle et humaine de l’individu. L’art, selon sa vision des choses, est par sa nature même une forme de «lumière».
En relation avec le théâtre, il a parlé de la technique de «guérilla théâtre», une formule expérimentale et innovatrice qu’il a développée à travers sa carrière de dramaturge et d’homme de théâtre. Cette technique vise, selon lui, à élargir au maximum l’étendue du champ de créativité de l’artiste, aussi bien le dramaturge que le metteur en scène et l’acteur, à travers l’improvisation et l’interactivité avec le public. Ainsi, des questions d’actualité ou des phénomènes de société sont portés à chaud et d’une manière impromptue «guérilla style» devant un public qui devient spontanément une partie intégrante et passionnément active de l’œuvre improvisée.
Son expérience académique en Occident lui a révélé une ignorance phénoménale de l’Autre et de tout ce qui est étranger chez les jeunes étudiants en Amérique ou en Europe. En Afrique, il déplore la situation lamentable qui prévaut au sein des universités. En comparaison avec les années 1960, par exemple, il dit que l’Université africaine a perdu beaucoup de ses ressources intellectuelles et surtout de la passion qui l’animait.
Au sujet des conflits qui déchirent le continent en particulier et toute la planète, il dit tout simplement qu’aucune paix n’est possible et durable sans une base de justice. «Peace is impossible without justice» pour reprendre la formule anglaise.
Synthèse de Mounir Benyoussef, English Department
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Ain Chock