Washington suspend ses pourparlers avec Moscou

Le Haut- Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU demande la limitation du veto au Conseil de sécurité


Mercredi 5 Octobre 2016

Les Etats-Unis ont suspendu leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.
 Le régime syrien mène avec l'aide de la Russie une vaste offensive pour reprendre cette partie d'Alep, avec des bombardements massifs qui ont suscité l'indignation des pays occidentaux.
 "Tout le monde est à bout de patience avec la Russie", a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. "Il n'y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler" à propos de la Syrie, a-t-il estimé.
 "Nous regrettons cette décision de Washington", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
 "Washington n'a tout simplement pas rempli la condition clé de l'accord, à savoir l'amélioration des conditions humanitaires aux environs d'Alep", a poursuivi la porte-parole. "Après avoir échoué à respecter les accords qu'ils ont eux-mêmes négociés, (les Etats-Unis) tentent de faire porter la responsabilité (de l'échec) par un autre", a-t-elle accusé.
 L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a assuré dans un communiqué que l'ONU allait "continuer à faire pression énergiquement en faveur d'une solution politique au conflit syrien malgré l'issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses entre deux acteurs internationaux cruciaux".
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé qu'ils avaient procédé lundi à une frappe aérienne près d'Idleb (nord-ouest) visant un responsable d'Al-Qaïda en Syrie. Le Pentagone n'a pas précisé s'il avait été tué.
 L'ancienne branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), a annoncé peu après la mort d'un responsable, Ahmed Salama Mabrouk, un Egyptien plus connu sous son nom de guerre de Abu Faraj, dans une frappe aérienne de la coalition menée par les Etats-Unis.
 Dans le secteur rebelle d'Alep, décrit comme "l'enfer sur Terre" par l'ONU qui évoque "la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie", le plus grand hôpital a été complètement détruit lundi par des raids.
 Moscou, qui s'est félicité de la "grande efficacité" de ses frappes, a démenti tout bombardement d'hôpital ou d'école, malgré les accusations des Occidentaux.
 "L'hôpital a été visé directement par des raids aériens", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
 "L'hôpital M10, le plus grand d'Alep-est, (...) a été détruit, et n'est plus en service de manière permanente", a tweeté Adham Sahloul, de la Syrian American Medical Society (SAMS), une ONG médicale qui soutient l'hôpital.
 D'après SAMS, le bombardement a fait trois morts parmi les employés de maintenance de l'hôpital, connu sous le nom de code M10 pour des raisons de sécurité.
Par ailleurs, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a estimé mardi que la "tragédie" qui se déroule dans la ville syrienne d'Alep nécessite la limitation "sans délai" du droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
 "Je suis fermement convaincu (...) que le Conseil de sécurité des Nations unies devrait, sans délai, adopter des critères pour empêcher ses membres d'utiliser leur veto lorsqu'il existe des préoccupations graves quant à de possibles crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide", a déclaré M. Zeid, dans un communiqué.
 Les membres du Conseil ayant un droit de veto sont les cinq membres permanents: Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne.
 "Cette initiative cruciale permettra au Conseil de sécurité des Nations unies de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale", a-t-il expliqué.
 "Un tel renvoi serait plus que justifié au regard de l'impunité endémique et profondément choquante qui caractérise le conflit et de l'ampleur des crimes commis, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité", a-t-il dit.


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