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Situation préoccupante pour les jeunes
Selon ce document, « les jeunes sont les principales victimes de ces difficultés structurelles. En 2024, le taux de chômage des jeunes est resté élevé, atteignant 12,6%, sans perspective claire d’amélioration. Ce constat révèle une inadéquation persistante entre les compétences disponibles et les besoins du marché du travail, ainsi qu’un manque d’investissements dans des programmes de formation et d’intégration des jeunes dans des emplois stables et bien rémunérés ».
Ledit rapport ajoute, en outre, que « le taux d’activité continue de baisser, au détriment des jeunes. Il a légèrement reculé, ce qui a pesé sur la croissance de l’emploi. Il existe de grandes différences entre les pays à faible revenu, où les taux d’activité ont baissé de manière générale, et les pays à revenu élevé, où ils ont augmenté, en particulier chez les travailleurs âgés et les femmes. L’augmentation de la participation des personnes âgées au marché du travail dans les économies avancées a contrebalancé le vieillissement de la population en âge de travailler, ce qui a permis au taux d’activité global d’augmenter de près de 1 point de pourcentage au cours des dix dernières années dans ce groupe de pays, alors que le taux d’activité a baissé dans l’ensemble du monde ».
« Les écarts entre le taux d’activité des hommes et celui des femmes restent importants, puisque beaucoup moins de femmes que d’hommes participent au marché du travail, ce qui signifie que les pays se privent d’un fort potentiel d’amélioration du niveau de vie. Lorsque les écarts se sont réduits, ce n’est souvent pas en raison d’une meilleure participation des femmes, mais d’une baisse continue des taux d’activité des hommes, en particulier des jeunes », précise le rapport. Et d’indiquer : « Malheureusement, ce recul du taux d’activité des jeunes hommes n’est pas entièrement dû à l’augmentation des niveaux d’éducation. En effet, le taux de jeunes hommes sans emploi et ne suivant ni études ni formation (ce que l’on appelle les «NEET») a augmenté ces dernières années par rapport aux moyennes passées. Dans les pays à faible revenu en particulier, le taux de NEET des jeunes hommes a augmenté de près de 4 points de pourcentage par rapport à la moyenne historique, les laissant moins bien préparés au marché du travail et plus vulnérables aux chocs futurs ».
Au Maroc, une crise structurelle aux enjeux multiples
L’exemple marocain illustre parfaitement l’imbrication des défis globaux décrits dans le rapport WESO Trends. En effet, les données récemment publiées par Bank Al-Maghrib mettent en lumière une situation tout aussi préoccupante. Avec un taux de chômage national s’élevant à 13,6%, le pays fait face à un défi structurel, particulièrement accentué chez les jeunes urbains âgés de 15 à 24 ans. Parmi cette tranche d’âge, 50,3% ne sont ni employés, ni étudiants, ni en formation. Ces chiffres traduisent une réalité alarmante qui, bien que semblable à celle décrite dans le rapport WESO Trends, reflète des spécificités marocaines.
Un des facteurs clés expliquant cette situation est l’échec du système éducatif à préparer efficacement les jeunes au marché du travail. En effet, de nombreux diplômés marocains se retrouvent avec des compétences inadaptées aux besoins des entreprises, aggravant leur difficulté à accéder à des emplois stables et décemment rémunérés. De plus, l’absence de programmes nationaux d’envergure pour favoriser l’intégration des jeunes dans le monde professionnel amplifie leur frustration et leur marginalisation sociale.
La faiblesse des opportunités d’emploi dans les zones urbaines et le manque d’initiatives pour développer des secteurs porteurs à même d’absorber la main-d’œuvre qualifiée constituent également des obstacles majeurs. Ces insuffisances poussent une partie de cette jeunesse à envisager l’émigration, souvent au péril de sa sécurité, à la recherche de meilleures perspectives économiques à l’étranger.
Le chômage massif des jeunes n’est pas seulement une question économique : il s'agit également d'une problématique sociale profonde. Cette génération, exclue des opportunités économiques, nourrit un sentiment d’injustice et d’exclusion, susceptibles de créer des tensions sociales. Par ailleurs, l’absence d’une vision stratégique à long terme pour remédier à cette crise risque d’hypothéquer l’avenir du pays, en privant l’économie nationale de l’énergie et du potentiel d’une main-d’œuvre jeune et dynamique.
Pour nombre de spécialistes, une réforme urgente et ambitieuse du système éducatif, combinée à des politiques favorisant l’entrepreneuriat et l’accès à des stages et emplois pour les jeunes, s’impose pour inverser cette tendance inquiétante. Investir dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, les technologies numériques ou encore l’agriculture durable pourrait constituer des leviers importants pour redonner espoir à cette génération et renforcer la résilience économique du Royaume.
Retour de l’informalité et de la pauvreté au travail
Après une amélioration temporaire durant la pandémie, l’informalité et la pauvreté au travail ont retrouvé leurs niveaux pré-pandémiques, révèle ledit le WESO Trends2025. Cette tendance inquiétante signale que la reprise de l’emploi a perdu de son élan, réduisant sa capacité à engendrer des progrès significatifs et à combler le retard dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
« D’autres indicateurs sociaux n’ont guère montré de signes d’amélioration depuis 2015. Même si elle recule au niveau mondial, la pauvreté au travail persiste dans les pays à faible revenu, et ses formes extrêmes touchent 240 millions de travailleurs, soit 7 pour cent de la main-d’œuvre mondiale. L’informalité perdure et reste élevée dans de nombreuses régions du monde; plus de la moitié de la main-d’œuvre mondiale n’est pas correctement couverte par des dispositifs de sécurité sociale, une protection juridique ou des mesures de sécurité sur le lieu de travail. Les inégalités se sont accrues. Les baisses de la pauvreté au travail et de l’informalité se sont concentrées dans quelques pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est et d’Amérique latine. De nombreux autres pays n’ont connu qu’une réduction limitée et continuent de lutter pour faire du travail décent une réalité », souligne le rapport. Et d’ajouter : « Bien que les taux d’inflation aient baissé, la croissance des salaires n’a pas totalement rattrapé la perte de revenus liée à la pandémie, en partie en raison de la faible croissance de l’emploi. Le chômage mondial est resté stable, mais la croissance des salaires réels ne s’est intensifiée que dans quelques économies avancées où la demande de main-d’œuvre est particulièrement forte ».
La faiblesse de la croissance des salaires réels, poursuit le rapport, s’explique en partie par le transfert du pouvoir sur le marché du travail vers les employeurs au cours de la dernière décennie. « Dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, la concentration croissante du marché est corrélée à un transfert du pouvoir sur le marché du travail des travailleurs vers les employeurs, avec des effets particulièrement néfastes pour les groupes vulnérables et les jeunes. Plus précisément, la concentration du marché du travail semble avoir contribué à accélérer l’automatisation sans pour autant améliorer la productivité du travail », concluent les rédacteurs dudit rapport.
Hassan Bentaleb