Violence en milieu hospitalier: Une hausse prise à la légère


Chady Chaabi
Mercredi 29 Septembre 2021

Assiste-t-on à une montée inquiétante des violences dans les établissements de santé ? En l’absence de chiffres officiels, difficile d’établir avec certitude la véracité d’un tel constat. Mais d’un autre côté, la multiplication des agressions ces derniers mois en dit long sur le sujet et met en lumière le manque, voire l’absence de protection dont souffrent les établissements de santé et leurs personnels. Outre les crachats, coups, injures, menaces, commis essentiellement à l’encontre du corps médical dans son ensemble, et particulièrement dans les services de psychiatrie qui restent les plus touchés, devant les urgences, le degré de violence est monté d’un cran depuis quelque temps. Il y a quelques jours, une jeune infirmière a été sauvagement poignardée au Centre hospitalier universitaire Ibn Rochd de Casablanca par un homme dont l’identité n’a pas été révélée. D’après plusieurs sources concordantes, il semblerait que le suspect était à la recherche d’un médicament introuvable à l'hôpital. Il aurait, de fait, passé ses nerfs sur la victime jusqu’à ce qu’elle rende l'âme. Cet affreux fait divers rappelle de façon macabre l’insécurité latente dont souffrent les structures hospitalières et leurs employés. Pourtant, on pourrait croire que la crise sanitaire aurait pour effet de rendre au personnel de santé ses lettres de noblesse en l’érigeant comme un pan de la société à protéger coûte que coûte. Mais malheureusement, il n’en a rien été. Les actes de violence à son encontre sont fréquents et se sont même multipliés. Il y a quelques semaines, toujours à Casablanca, une infirmière a été agressée dans un centre de vaccination de la préfecture de Bernoussi. A quelques jours d’intervalle, c’est une technicienne de l'Institut médico-légal du Centre hospitalier Ibn Rochd qui a été victime d’une tentative d’enlèvement en plein jour. Dans cette mystérieuse affaire, la technicienne y a échappé miraculeusement à l’intérieur du CHU. Au moment de monter dans sa voiture, stationnée dans le parking se trouvant à l’intérieur de l’établissement, la jeune femme a été attaquée par trois individus armés. Ils ont tenté de l’enlever de force, mais elle a réussi à échapper à leurs griffes. Ils ont fini par s'enfuir avec la voiture de leur victime. Un moindre mal, dira-t-on. Cette rocambolesque affaire témoigne à elle seule de l’absence totale de sécurité dans les milieux hospitaliers. Et il ne faut pas compter sur les vigiles pour régler ce problème. Difficile de demander à un père de famille de mettre sa vie en jeu pour un salaire largement inférieur au SMIC. Pour l’Association marocaine des sciences infirmières et techniques sanitaires, la responsabilité incombe entièrement au ministre de la Santé. «Si vous ne réagissez pas, vous risquez de susciter une vague de mécontentement contre votre ministère. Vous êtes à la tête d’un ministère où les infirmiers constituent plus de 60% de l’effectif», s’est agacée l’Association marocaine des sciences infirmières et techniques sanitaires dans une correspondance adressée au ministre de la Santé. La Fédération nationale de la santé affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT) ne dit pas autre chose. Elle a récemment initié un sit-in devant l’Institut médico-légal du CHU Ibn Rochd contre toutes les formes d’agressions, aussi bien verbales que physiques, dont est régulièrement victime le personnel soignant, tout en tirant la sonnette d’alarme sur la multiplication des agressions à l’encontre des composantes du corps médical. Des doléances qui ne datent pas d’hier. Pourtant, elles sont totalement ignorées par le ministère de la Santé comme si ce n’étaient que des rumeurs. Certes, parfois, les infirmières, pour ne citer qu’elles, ne sont pas très réactives et méprisent par moments les patients, cependant le plus souvent, elles sont aux petits soins. Mais apparemment, cela n’émeut pas le ministère de la Santé qui préfère ranger le sujet de la protection de ses employés dans le tiroir des vœux pieux. 


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