moussem Moulay Abdessalam Ibn Mashish figurent
notamment Rabbi Shmnclk (Rabin à Los Angeles),
Carla Stang (anthropologue), Mannela Vieches (Espagne)
et Pastor Victor Styrsky (coordinateur des évangélistes en Californie) qui nous a accordé cet entretien.
Libé : En tant que coordinateur des évangélistes en Californie, comment présentez-vous ce courant religieux ?
Victor Styrsky : Il est intéressant de noter que si Jésus n'a laissé aucun témoignage écrit, d'autres se sont chargés de relater ses actes et de rapporter ses paroles. Les quatre témoins les plus célèbres sont les quatre évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Leurs quatre textes ont été écrits dans le siècle qui a suivi la naissance du Christ. Le premier, celui de Marc, daterait de 67. Ceux de Matthieu et Luc auraient été écrits vers 80-90. Enfin, Jean aurait rédigé son oeuvre un peu avant 100, soit 70 au plus après la mort du Christ. Il s'agit avant tout d'hommes de foi pour qui la volonté de transmettre un message convaincant l'emporte sur le souci de vérité historique. A mon sens le terme "évangélistes" permet à juste titre une grande distinction entre églises de tradition réformée et libérale (beaucoup plus tolérantes et rationnelles) des autres fondamentalistes et intégristes. Je pense par ailleurs que l'ensemble des « évangélistes » refuse toute assimilation à un mouvement de type « secte ». Les mouvements évangélistes ne sont pas sectaires. Un évangéliste est aussi un professionnel de l'évangélisation dans les différentes églises chrétiennes. Évangéliste enfin le nom, donné à tort, à une personne dite « évangélique », c'est-à-dire un adepte de l’évangélisme, plus couramment appelé protestantisme évangélique ou christianisme évangélique.
Que pensez-vous du soufisme au Maroc et de son rôle dans le développement humain ?
Le soufisme représente une composante essentielle de l’identité marocaine au pluriel. C’est une matrice des valeurs nobles qui a marqué la personnalité et le comportement des Marocains qui sont imprégnés d’une certaine forme de dignité intérieure, d’humilité, de générosité et d’ouverture. Le fond de cette culture est spirituel et se base sur une éducation à l’élévation du comportement et à un système des valeurs. Il m’a toujours paru intéressant de préciser que le soufisme au Maroc est une culture reliée au patrimoine mais aussi à l’actualité et qui est imprégnée de valeurs universelles.
L’école Mashishiya Shadhiliya, l’une des grandes voies initiatrices du soufisme, est dotée d’un rayonnement spirituel universel, ce qui témoigne de sa richesse symbolique. Quelles sont vos attentes par rapport à cette voie mystique ?
Je pense que l’école Mashishiya Shadhiliya n’est pas une confrérie exotique. Elle conserve son actualité spirituelle, et contribue à la lutte contre toutes les formes d’intégrisme de l’Islam. Elle est au-delà de la langue et des frontières géographiques, c’est une voie de connaissance de soi qui mène vers un langage universel, celui de la paix et de la tolérance. Aujourd’hui, elle joue fortement le rôle d’éducation spirituelle qui s’adapte et évolue. Elle cherche également des équilibres dans la représentation des différentes cultures mystiques, ce qui a tout de suite suscité l’intérêt de plusieurs chercheurs de la vérité à travers le monde. Exprimer le dialogue des cultures et des religions à travers cette école permet en réalité de situer cette valeur sûre à un niveau beaucoup plus concret et plus subtil à la fois. Ce n’est plus simplement un discours sur le dialogue et la tolérance mais une expérience de celui-ci, et la possibilité de connaître ces cultures de façon plus profonde. C’est cette ouverture éclairée qui fait que la cible est constituée de personnes qui viennent d’horizons très divers.
Ne pensez-vous pas que le monde aujourd’hui nécessite le développement de la communication interculturelle ?
La communication actuelle est basée sur le savoir, la culture et la spiritualité. C’est un enjeu civilisationnel majeur qui va bien au-delà d’une simple frontière ou contrainte. Il s’agit d’allier dialogue et communication. Il y a une prise de conscience de plus en plus grande que seuls les projets dotés de communication et d’échange peuvent réellement perdurer et se développer. La diplomatie des religions et des voies mystiques, si je puis dire, est très propice à une véritable richesse humaine qui table sur la qualité et la substance culturelle. J’estime que les modes interculturels de la communication sont comme des fenêtres d’accessibilité qui nous rendent compréhensible l’héritage humain partagé à travers la communion.