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Dans une préface, Noureddine Saïl a évoqué les rapports très cordiaux qui le liaient au défunt. Il a relaté un incident, qui, après coup, a pris toute sa dimension : « Je me rappelle que lors de la dernière édition du Festival du cinéma africain de Khouribga, j’avais dans l’une de mes conférences parlé du regretté Noureddine Kachti qui nous avait quittés quelques mois auparavant. J’avais conclu mon intervention en émettant le souhait que, lors de la prochaine édition, nous n’ayons pas à déplorer la perte de l’un d’entre nous» et d’ajouter : «Mais la mort a fauché Mohamed Soukri,…une figure du cinéma qui a su s’imposer dans la place en tant que grand critique».
«Adieu l’ami ! », s’est écrié Abdelhamid Jmahri, qui regrette profondément la perte de Soukri. Il va même jusqu’à lui reprocher –au comble de la tristesse- de n’avoir pas su dire NON à la mort ; lui qui a encore tellement de choses à offrir. Tous les qualificatifs qu’il lui a attribué tels que authentique¸ serein, généreux, demeurent, selon lui, en deçà de ses qualités humaines. Et ce n’est pas Mohamed Kalaoui qui contredira ses propos. Avec un accent de sincérité, il parle de quelqu’un épris de la vie qu’il dévorait à pleines dents.
«C’était un orateur hors pair, au sens aiguisé et à l’humour prononcé», écrit pour sa part Noureddine Mouhakkek. Et d’ajouter : «On ne sent pas passer le temps en sa compagnie».
Quant à Lahcen Laasbi, il a retracé le parcours de Soukri dans un texte intitulé «Ould Derb» (l’enfant du quartier). On apprend ainsi qu’il a grandi dans un quartier populaire de Casablanca qui a forgé sa personnalité et où son cœur a commencé à battre très tôt pour la gauche. Said Mountasib, lui, a été touché surtout par le fait que Soukri, stoïque, a toujours cru pouvoir l’emporter sur la maladie. «Il nous a donné rendez-vous (dès qu’il sera sorti de clinique) pour voir ensemble le film «Maouchouma» chez Lahcen Zinoun. Celui-là même qui le décrit ainsi:
« Il était curieux, sceptique, l’esprit encyclopédique, légiste, politique, humaniste et critique. C’est la pensée aiguisée du personnage qu’était notre ami Mohamed Soukri»
Un autre témoignage non moins poignant vient de Said Ahid. Il donne moult détails sur son état d’esprit à l’instant où la foudre s’est abattue sur lui en apprenant la terrible nouvelle. Dans un texte, il s’adresse à Soukri, dans des termes fort émouvants : «C’est à toi que je parle ! Ne m’entends-tu pas ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Pourquoi tu ne réponds plus ? Pourquoi tu te cloîtres dans un silence de mort ? Toi, qui n’est pas …mort »
Mohamed Bakrim qui l’a longtemps côtoyé comme critique de cinéma parle plutôt de l’élégance de son style : « C’était un homme d’une grande culture. Je relevais surtout la qualité de son style que je ne peux qualifier que d’élégant…Soukri avait un goût électique et défendait la doxa intellectuelle, le cinéma populaire».
«Merci pour tout et bien au-delà». Tel est le message d’Anis Hajjam, et d’ajouter : «Rendre hommage, par le texte à un proche est une grande souffrance. A la limite de la torture. Nous flanchons à chaque formulation, à chaque mot prononcé avant qu’il ne soit couché sur une malheureuse feuille blanche figurant le noir dans lequel la disparition du déserteur nous plonge ».
Last but not least, Moubarak Hosni, rejoignant les autres a évoqué l’homme qui avait plus d’une flêche à son arc. «Certes, le cinéma était sa dernière grande passion, où il s’est investi pleinement, mais il était aussi un grand observateur du fait politique et il essayait de mêler les deux activités, en enseignant, en écrivant…Il était l’homme de la présence imposante…et c’est douloureux de parler de lui à l’imparfait… »