Vers l’optimisation des relations maroco-espagnoles

José Manuel Albares loue l’esprit qui anime les deux pays pour une coopération riche et dense


Hassan Bentaleb
Dimanche 16 Janvier 2022

Vers l’optimisation des relations maroco-espagnoles
«Le Maroc et l’Espagne tentent de construire une relation digne de l’ère actuelle», telle a été la réponse de José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'UE et de la Coopération aux journalistes s’interrogeant sur le sort des relations maroco-hispaniques après la réconciliation entre le Maroc et l’Allemagne.

Intervenant lors d’une conférence de presse, le ministre a indiqué qu’il y a une fluidité dans les contacts qu'il entretient avec son homologue Nasser Bourita, et qu’ils sont, tous les deux, animés par "l'esprit d'avancer dans la construction d'une coopération dense, riche et couvrant de nombreux aspects". Toutefois, le ministre s’est dit insatisfait du niveau des relations avec notre pays et a exprimé sa volonté d’aller plus loin.

Selon lui, et comme il l’a déjà souligné à d'autres occasions, il y a "de nombreux aspects positifs" sur lesquels sera construite cette relation, en se référant au discours d'août de S.M le Roi Mohammed VI dans lequel le Souverain a exprimé son désir d'établir une nouvelle relation avec l'Espagne basée sur la confiance et le respect mutuel.

José Manuel Albares a profité de l'occasion pour réitérer le soutien de l'Espagne au nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, qui a entamé la semaine dernière sa première tournée dans la région pour établir des contacts avec toutes les parties en précisant que Madrid soutenait une "solution politique, juste et mutuellement acceptable"  dans le cadre des Nations unies.

En outre, le ministre a évoqué la collaboration actuelle du Maroc et celle déjà fournie dans le cadre des efforts de lutte contre l'immigration clandestine pour éviter les entrées irrégulières à Sebta et Mellilia. Il a révélé dernièrement que la collaboration avec le Maroc a permis, pendant les fêtes de Noël, l’avortement d’une tentative de franchissement des barrières séparant le Maroc de ces présides occupés menée par 1.000 migrants irréguliers.

En effet, et jusqu'au 28 décembre 2021, 41.632 migrants sont arrivés en Espagne de manière illégale, soit 0,4% de plus qu'en 2020, selon les dernières données publiées par le ministère de l'Intérieur et relayées par le journal El Pais. Plus de la moitié de ces statistiques concernent les tentatives de migration vers les Iles Canaries depuis la côte atlantique marocaine.

Toujours, selon El Pais, la route canarienne reste ouverte et le nombre d'arrivées n’a pas diminué par rapport à 2020 tout en précisant que les tentatives de migration via la route algérienne, en hausse depuis 2019, ont atteint des niveaux extraordinaires jusqu'à dépasser le Maroc en 2021 en tant que premier pays d'origine des immigrés vers l'Espagne (9.580 Algériens sont arrivés par la mer, contre 8.494 Marocains).

Autre fait marquant,  le classement du Maroc et pour la première fois, parmi les cinq premiers pays d'origine des demandeurs d'asile en Espagne, avec 6.123 demandes déposées jusqu'au 31 novembre 2021, contre 1.110 en 2020. Les données dépassent l'ensemble des demandes enregistrées entre 2017 et 2019 (531 en 2017 ; 1.323 en 2018 ; 2.559 en 2019). A Sebta et jusqu'au 30 novembre dernier,  3.078 demandes d'asile ont été enregistrées, contre 285 traitées en 2020. A Mellilia, on a relevé 2.985 demandes, soit presque le double par rapport à l'année précédente (1.421 demandes).

Concernant le dossier des mineurs non accompagnés, plusieurs médias espagnols ont rapporté que le gouvernement de Sebta continue de renvoyer des personnes, y compris des mineurs au détriment des procédures de rapatriement. Selon le témoignage de Francesca Fusaro, une militante de No Name Kitchen, une organisation qui travaille à Sebta, rapporté par El Pais, si en septembre il y avait plus de 700 mineurs dont la tutelle a dû être prise en charge par la mairie, il ne reste plus, début janvier, que 370 enfants et adolescents tout en précisant que beaucoup restent en dehors du système ou tentent de rejoindre par la mer la péninsule de peur d'être renvoyés au Maroc. Et c’est pourquoi les enfants préfèrent être en dehors des centres gérés par le gouvernement de Sebta et prennent le risque d'embarquer sur les lignes régulières de bateaux vers Algésiras ou sur des bateaux de fortune. "Chaque nuit, ils essaient de se camoufler dans des camions ou des ferrys, s’ils ne tentent pas  d'entrer ou de dormir dans le port", explique Fusaro. 

A rappeler que près de 4.404 personnes ont perdu la vie en 2021 dans leur tentative de rejoindre l'Espagne, l'une des années les plus tragiques pour les migrants aux frontières du pays ibérique, selon le collectif de défense des droits des personnes et des communautés en déplacement. Dans son Monitoring of the Right to Life-Year 2021, l'ONG rapporte que les décès sur les routes vers l'Espagne ont augmenté de 102,95% par rapport à 2020 et précise que "les politiques de contrôle de l'immigration augmentent la mortalité de façon exponentielle" aux frontières espagnoles, terrestres et maritimes.

Le plus grand nombre de décès, de loin, se produit lors du voyage en mer de l'Afrique de l'Ouest aux Iles Canaries. L'organisation a identifié 124 naufrages et 4.016 morts, ce qui en fait l'une des routes migratoires les plus dangereuses au monde.

La majorité des victimes étaient des hommes, mais 628 femmes et 205 enfants ont également perdu la vie, ce que le groupe a qualifié de "nécropolitique de l'immigration".

Hassan Bentaleb


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