Venir au Maroc coûte désormais plus cher

La taxe amère de Lahcen Haddad


Narjis Rerhaye
Mercredi 2 Avril 2014

Venir au Maroc coûte désormais plus cher
Ce n’est pas un poisson d’avril. Depuis hier, mardi 1er avril, la taxe sur les billets d’avion en partance et à destination du Maroc est une (amère) réalité. Les liaisons aériennes internationales sont les seules concernées par cet impôt du ciel.  Ceux et celles qui voyagent en classe économique devront désormais s’acquitter d’une redevance de 100 DH alors que ceux qui embarquent en classe affaires devront eux payer plus cher. Il leur en coûtera 400 DH.
Lahcen Haddad, le ministre du Tourisme, a fait ses comptes. Cette taxe va rapporter aux caisses de l’Etat 4,7 MMDH d’ici 2020 et 400 MDH dès la première année.  Et sa distribution a déjà été programmée. «Elle  se fera équitablement entre l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et le Fonds d’appui à la cohésion sociale», annonce fièrement le ministre haraki.
Pourtant, la nouvelle est loin d’être rassurante pour les professionnels du tourisme et de l’aérien. On s’en souvient, en décembre dernier, l’Association internationale du transport aérien avait  officiellement fait part de son rejet d’une telle taxe à la décision de laquelle elle n’avait pas été associée. Les compagnies de «low coast» avaient elles aussi très mal pris les choses et menacé d’arrêter certaines de leurs dessertes. A l’ombre d’une nouvelle loi de Finances, la taxe qui fâche avait fait couler beaucoup d’encre. Au nom du social et de la promotion de la destination Maroc, Haddad était visiblement prêt à tout. Et surtout à prendre des coups… avant de développer un système de défense. «Comment une taxe qui ne dépasse pas les 9 euros, soit moins de 1% de la valeur d’un voyage touristique au Maroc, peut-elle avoir des retombées négatives sur l’activité touristique?» s’est appliqué à  s’interroger en boucle le service de communication du ministère.
Depuis son application effective, la taxe aérienne est de nouveau sous les feux des projecteurs. Le ministre du Tourisme a bien pris le soin d’organiser sa grande conférence de presse sur les chiffres du tourisme avant l’entrée en vigueur de la redevance sur les billets. Devant la presse, Haddad a joué la partition du bonheur. A fin 2013, a-t-il expliqué, le Maroc a réalisé des performances inespérées. 
Malgré la crise des pays environnants et la baisse du pouvoir d’achat dans les principaux pays émetteurs européens, le nombre d’arrivées de touristes au Maroc s’est établi à 10,5 millions, soit 7,2% de plus qu’en 2012. De quoi mettre du baume au cœur à ce responsable gouvernemental. Mais c’était compter sans la taxe au goût amer. «Lahcen Haddad est-il en train de se tirer une balle dans le pied ? Il prend le risque de voir  les performances réalisées dans un secteur qui a su résister à la crise mises à mal par l’instauration d’une taxe dont il ne va profiter qu’à moitié et encore », commente ce professionnel du tourisme. On le sait, les recettes engrangées par cette redevance vont être réparties de manière équitable entre l’Office national marocain du tourisme et le Fonds d’appui à la cohésion sociale.  Ce dernier avait été introduit par la loi de Finances 2013. Destiné à financer les prestations sociales aux populations les plus démunies, il était jusque-là alimenté, entre autres, par une contribution sociale sur les bénéfices et les revenus à la charge des entreprises qui réalisent un bénéfice net supérieur à 15 millions de DH ou encore la contribution sociale de solidarité du produit de la taxe sur les contrats d’assurance.
 
Les velléités d’autonomie 
du directeur de l’ONMT
Contre toute attente, le tourisme mène au social. Lahcen Haddad l’apprend. Probablement aux dépens de son secteur. 
La moitié des recettes de la taxe aérienne va tomber dans l’escarcelle de l’ONMT aux destinées duquel préside A. Zouiten, un ancien justement de la Royal Air Maroc. 
Les rapports entre le ministre du Tourisme et le directeur de l’office ne seraient pas, semble-t-il, au beau fixe. Les velléités d’autonomie  du  patron de l’Office du tourisme ne seraient pas du goût du responsable gouvernemental qui, dit-il, est d’abord politiquement responsable du secteur du tourisme. 
La taxe aérienne sera-t-elle un point noir de plus sur le tableau du tourisme ? Après l’échec des stations balnéaires (Lixus, Saidia, Mogador) qui sont toujours loin de répondre  aux exigences fixées par les cahiers des charges fixant leur concession et un «open sky» qui n’a pas tenu toutes ses promesses, la redevance sur l’aérien s’ajoutera-t-elle aux actes manqués de la «destination Maroc» et ses ambitions de se hisser au Top 20 des destinations mondiales? 



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1.Posté par Mohammed Jouhari le 02/04/2014 10:31
Les touristes qui rentrent au Maroc ne comptent pas. Ils dépensent plus.
Avec le prix plus cher des billets, les touristes iront ailleurs: la Tunisie, la Turquie...
C'est donc un calcul à très cours terme. Quant notre ministre se rendra compte, ils sera trop tard.

2.Posté par nourdine le 02/04/2014 17:27
Quand on aime on ne compte pas,le maroc a toujours attirait beaucoup de touristes en été ,cette periode estival connait dans tout pays dit touristique une augmentation des prix dans tout les domaines.

3.Posté par jawad le 02/04/2014 19:23
Pour une personne seule venant au Maroc celà ne représente pas un cout significatif mais pour une petite famille de 4 personnes, c'est déjà 40 euros supplémentaire dans le budget des billets d'avion. Et cette différence de prix est suffisante pour faire pencher la balance vers des offres tarifaires plus compétitifes à déstination d'autres pays méditérranéens. Il faut aussi rappeler que le recouvrement de cette taxe qui doit être versée au Maroc à un cout pour les compagnies aériennes. En effet,ce sont elles , qui doivent reverser la dite taxe , (prélevé sur le prix du billet d'avion),à l'administration marocaine: Un cout de gestion supplémentaire pour les compagnies low cost!. Lahcen Haddad a t'il pensé à tout celà? En parlant de financer de préstations sociales à des populations les plus démunies , si l'on commençait déjà par taxer les nombreux riches étrangers, propriétaire de somptueues demeures dans la palmeraie de Marrakech et qui sous prétexte de résider sur un terrain classé rurale ne paie pas un centime de taxe foncière contrairement aux classes moyennes et populaires habitant la même ville.

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