Malgré la mobilisation des armées de la région, les attaques ne cessent pas dans les pays concernés. Dans l'extrême-nord du Cameroun, sept personnes ont été tuées depuis dimanche, dont trois décapitées, lors d'attaques menées par Boko Haram.
Le Tchad, en première ligne dans la coalition militaire mise sur pied début 2015 (qui comprend aussi le Nigeria, le Cameroun et le Niger), a décidé de riposter sur les îles du lac, où de nombreux insurgés, affaiblis dans leurs fiefs nigérians, s'étaient repliés ces derniers mois.
Un premier accrochage ayant eu lieu samedi à Midi Koutou, une île du lac, a fait six morts et 15 blessés parmi les éléments de Boko Haram. Un soldat tchadien a également été tué. Dans leur fuite, les combattants de Boko Haram ont "enlevé beaucoup de femmes et d'enfants", a-t-on indiqué.
Une source proche des autorités locales a confirmé "une grande opération de ratissage" dans les îles tchadiennes du lac après une autre opération auparavant pour évacuer la population des îles où presque 90% des habitants ont déjà rejoint la terre ferme".
Ce dédale de centaines d'îlots et de chenaux camouflés entre les hautes herbes sert aussi de repaire pour les combattants islamistes, qui viennent s'y cacher et rafler du bétail et des récoltes.
Le Tchad, qui joue un rôle-clé dans la lutte contre Boko Haram, a été récemment touché au cœur : dans la capitale N'Djamena, un attentat-suicide avait fait au moins 15 morts le 11 juillet, le deuxième en moins d'un mois.
Quant à l'extrême-nord camerounais, il n'en finit pas d'être meurtri, après cinq attaques-suicide sans précédent en deux semaines. Des membres de Boko Haram y ont décapité dimanche trois personnes après avoir attaqué deux petits villages, à une dizaine de km de la frontière nigériane, a-t-on appris de sources sécuritaires camerounaises.
Par ailleurs, quatre personnes ont été tuées lors d'une incursion islamiste dans la localité d'Afadé, également frontalière du Nigeria, où la brigade de gendarmerie et un poste de détachement militaire ont été incendiés, selon des sources concordantes.
Si l'opération militaire régionale lancée en début d'année a infligé de lourdes pertes aux islamistes, elle n'a pas permis de les neutraliser. Les attaques sont devenues quasi quotidiennes.
Les violences ont déjà fait plus de 800 morts depuis l'investiture, fin mai, du nouveau président nigérian Muhammadu Buhari, qui a érigé en priorité la lutte contre Boko Haram, désormais affilié au groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Censée améliorer la coordination entre les pays voisins, la Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), qui aurait dû être opérationnelle en novembre dernier, doit officiellement être prête pour le 30 juillet. Elle doit compter 8.700 militaires, policiers et civils, fournis par le Nigeria, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin.