Une vigilance à toute épreuve

Des projets terroristes déjoués par dizaines


Hassan Bentaleb
Vendredi 10 Février 2017

Le chiffre est impressionnant : 168 cellules terroristes ont été démantelées au Maroc depuis septembre 2011. Près de 50 d’entre elles sont en relation avec les foyers de tension, en particulier l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, la Syrie et au Sahel. Plus de 1.600 Marocains sont partis combattre dans ces pays dont 147 sont revenus au Maroc et ont été interrogés, alors que 132 ont été arrêtés et déférés devant la justice et 6 appréhendés lors de leur tentative de quitter le territoire national. C’est ce qui ressort de l’intervention de Mohamed Moufakir, wali-directeur général de la coopération internationale au ministère de l’Intérieur lors d’un séminaire, consacré, jeudi dernier, par la Chambre des conseillers à l’approche marocaine en matière de lutte contre le terrorisme. Cet intervenant a également précisé que le démantèlement de ces cellules a permis l’arrestation de 2.963 mis en cause et l’avortement de 341 projets criminels. « Il est difficile de commenter ces chiffres officiels mais ils sont énormes et nous interpellent donc vivement », nous a déclaré Abdallah Rami, spécialiste des mouvements islamistes. Et d’ajouter : « En fait, jamais un pays n’a été confronté à un tel nombre de menaces. Même l’Arabie Saoudite qui est le pays d’origine de l’idéologie salafiste n’a pas enregistré autant de cellules terroristes. Pareil pour l’Algérie qui a même connu la guerre civile. On se demande donc, à la lumière de ces chiffres, si le Maroc n’est pas devenu un pays plus extrémiste que ceux où la pensée intégriste a vu le jour ». L’importance de ces chiffres officiels estelle due à l’usage d’une définition très large du concept de terrorisme ? « Cette définition reste problématique au Maroc et ce n’est pas une exception puisque c’est pareil partout. En effet, les critères sont différents selon les époques. En 2003, les critères alors en vigueur avaient permis l’arrestation de 3.000 personnes. Il suffisait d’être en relation avec un salafiste ou d’être adepte de son idéologie pour être arrêté. Aujourd’hui, il suffit d’avoir un site Internet qui fait la propagande de Daech pour être arrêté et inculpé de terrorisme. La préparation de certains actes est également considérée comme du terrorisme », nous a expliqué notre source. Et d’ajouter : « Dans d’autres pays comme l’Allemagne, il faut qu’il y ait eu passage à l’acte pour qu’une action soit considérée comme terroriste. En Belgique, les actions de propagande et d’embrigadement sont classées parmi les actes terroristes et sont punis par la loi. Mais il y a actuellement une évolution de l’encadrement législatif de cette question partout dans monde ». Qu’en est-il de l’avenir de la menace terroriste au Maroc ? « Il est difficile de prévoir l’avenir de ce phénomène complexe du fait qu’il est traversé par plusieurs facteurs. Prenez l’exemple des salafistes marocains qui avaient initié, entre 2009 et 2011, un changement qui leur avait permis de passer d’un salafisme renfermé sur lui-même à un autre plus ouvert sur les autres forces politiques et sur l’opinion publique. Mais l’éclatement de la guerre civile en Syrie avait tout chamboulé et rabattu les cartes de nouveau. En fait, nombre de chaînes de télévision arabes s’étaient engagées dans une campagne d’embrigadement des jeunes pour faire le jihad avec l’aval de plusieurs pays de la région et la bénédiction de beaucoup d’ouléma alors que tout le monde sait que des groupes djhadistes menaient la guerre en Syrie», nous a expliqué Abdallah Rami. Et de conclure : « Les facteurs géostratégiques jouent un rôle important dans ce dossier et la manipulation de ces groupes est soumise à des logiques et à des intérêts plus géostratégiques que politiques. Il y a conflit entre les pays pour renforcer et consolider leur domination et ils n’hésitent pas à exploiter ces mouvements à leurs propres fins et même des services secrets sont impliqués dans ces jeux de pouvoir».


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