Cette mesure surprise et coordonnée a été quasi-simultanément annoncée dimanche 2 avril par l’Irak, l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït arguant vouloir ainsi soutenir la stabilité du marché.
Les coupes attendues prendront effet à compter de mai jusqu'à fin 2023Problème, la coupure attendue tombe très mal pour les pays consommateurs déjà étranglés par une inflation galopante. C’est vrai pour le Maroc dont «l’inflation continue de s’accélérer, sous l’effet notamment de chocs d’offre internes sur certains produits alimentaires», constate Bank Al-MAghrib.
Il y a vraiment de quoi s’inquiéter d’autant plus qu’après avoir atteint 6,6% en 2022, son plus haut depuis 1992, «l’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme», comme l’a indiqué la Banque centrale à l’issue de la première session de son Conseil (21 mars dernier).
En effet, «elle ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus », a-t-elle fait savoir.
C’est donc peu dire que cette annonce choc, qui s'inscrit dans un contexte de forte demande avec la réouverture économique de la Chine, premier importateur mondial de pétrole brut, comme le rappellent plusieurs médias, n’arrange pas les affaires du gouvernement. Et pour cause, par un certain effet mécanique, la décision des pays producteurs fera remonter les cours de l’or noir sur le marché international, ce que ces derniers redoutent, et aura très prochainement des incidences sur les prix des carburants à la pompe au Maroc.
Ce qui est de mauvais augure pour l’équipe dirigée par Aziz Akhannouch qui tente de ramener ceux-ci à des niveaux raisonnables pour les consommateurs marocains.
Alors que les économies ralentissent avec l’inflation mondiale, «cette baisse pourrait être due à la crainte d’un nouvel affaissement des prix de la part des pays producteurs», estime le magazine d'actualité hebdomadaire français, Lexpresse.fr.
Cité par l’Afp, l’analyste Jorge Leon, de Rystad Energy, soutient dans une note qu’il s'agit surtout pour ces producteurs d'engranger «des revenus» supplémentaires.
Ce que réfute le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Cité également par l’Afp, ce dernier a expliqué dans une déclaration à la presse qu’«il est dans l'intérêt de l'énergie mondiale de maintenir les prix mondiaux du pétrole au bon niveau».
Pour l'économiste tunisien Fethi Nouri, cité par l’agence TAP, «les prix élevés du pétrole brut favorisent les pressions inflationnistes et accentuent les hausses des moyennes de taux d'intérêt dans de nombreux pays», craint-il dans une publication sur Facebook.
Quoi qu’on en pense, qu’elles soient dans l’intérêt ou non du marché mondial, une chose est sûre: les réductions annoncées sont les plus importantes depuis l'émergence du Covid-19 puisqu’elles se traduiront au total par une baisse de la production d'environ un million de barils par jour (bpj).
A ce propos, notons que «Ryad va réduire sa production de 500.000 bpj, l'Irak de 211.000 bpj, les Emirats de 144.000 bpj, le Koweït de 128.000 bpj, l'Algérie de 48.000 bpj et Oman de 40.000 bpj», précise le magazine mensuel français, Capitale.fr.
Soulignons en outre que Moscou a pour sa part prolongé sa mesure de réduction de 500.000 bpj jusqu'à fin 2023, a appris l’AFP.
Notons que 24 heures après les coupes annoncées dans la production de pétrole, les prix du pétrole ont sans surprise bondi: «Les deux références mondiales ont décollé d'environ 8% en début de séance, renouant avec leur niveau d'avant les tumultes du secteur bancaire», a constaté l’Afp.
Alain Bouithy