Une imposante délégation attendue à Lisbonne pour expliciter la position du Maroc concernant son Sahara

L’occasion pour l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU d’y voir plus clair


M.T et A.E.K
Lundi 5 Mars 2018

Une délégation marocaine se rend ce mardi à Lisbonne, pour des discussions bilatérales avec Horst Kohler, Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara marocain, indique le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
La délégation marocaine, conduite par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, comprend, également, Omar Hilale, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations unies, Sidi Hamdi Ould Errachid, président de la région Laâyoune-Sakia El Hamra et Yanja Khattat, président de la région Dakhla-Oued Eddahab, précise le ministère dans un communiqué.
La participation de la délégation marocaine à cette rencontre bilatérale, à l’invitation de l'Envoyé personnel, s'inscrit dans le cadre de la coopération constante du Maroc avec l'ONU pour parvenir à une solution politique définitive au différend régional autour du Sahara marocain, note la même source.
Lors de cette réunion bilatérale, la délégation marocaine sera guidée par les fondamentaux de la position nationale tels que soulignés dans le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Nation, à l'occasion de la commémoration du 42ème anniversaire de la Marche Verte, le 6 novembre 2017, précise le ministère.  
Il convient de rappeler qu’outre le fait que Yanja Khattat soit un édile local, il s’agit d’un ancien membre du Polisario qui a rallié la mère patrie au début des années 90.
Le fait d’associer Sidi Hamdi Ould Errachid et Yanja Khattat à la délégation est à même de consolider la position marocaine sur la scène internationale. En effet, la présence des élus sahraouis marocains prouve à la communauté internationale que d'autres Sahraouis ne défendent pas la thèse séparatiste et que le Polisario n’est pas le représentant légitime des Sahraouis qu’il prétend être.
Si par le passé, des Sahraouis marocains dont d'anciens hauts cadres du Polisario ayant regagné le Maroc, tels Brahim Hakim et Omar Hadrami, avaient été appelés à plaider la position du Royaume sur ses provinces sahariennes lors des travaux de la IVème commission de l'ONU, ou à l'occasion des sessions du Conseil des droits de l'homme à Genève, à Lisbonne, la donne sera tout autre et le Maroc comptera notamment sur la présence de ces deux présidents de région. Deux cadres sahraouis qui sauront user des mêmes arguments que les négociateurs du Polisario pour leur apporter la contradiction. Une carte déterminante à l'heure des négociations avec Horst Köhler qui fera rapport, fin mars, sur ses contacts aux membres du Conseil de sécurité qui devra plancher sur la reconduction du mandat de la MINURSO et adopter une nouvelle résolution sur le Sahara.
Une résolution qui ne manquera pas de trancher avec une conjoncture où il est difficile de faire la part des choses. 
Aux succès diplomatiques remportés par le Maroc sur le plan africain a fait pendant la dernière décision de la CJUE sur l’accord de pêche Maroc-UE, les dissensions au sein du Polisario, les déclarations impromptues de celui-ci de reprise éventuelle des armes et ses fanfaronnades à l’occasion de la proclamation de la pseudo-Rasd.
L’expert associé au Centre d'études pour l'Afrique et le Moyen-Orient (AMES Center), Moussaoui El Ajlaoui, a d’ailleurs écrit un article en l’occasion dans lequel il a analysé  l’affaire du Sahara à la lumière de quelques documents officiels inédits (du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et de la Libye).
Il a ainsi précisé que l’Espagne a voulu la création d’un Etat au Sahara, alors que le Maroc a tenu à y appliquer le principe de l’autodétermination. Le débat a donc fait rage à l’ONU qui a décidé d’envoyer une commission d’enquête en mai et juin 1975 au «Sahara espagnol» en application de la résolution n°3292 adoptée par l’Assemblée générale le 13 décembre 1974. Le Maroc n’a pas exploité suffisamment son rapport même s’il est important pour sa thèse puisqu’il conclut qu’il est difficile d’y organiser un référendum d’autodétermination à cause de la dispersion des agglomérations et du mode de vie lié au nomadisme ; le pourcentage des sédentaires ne dépasse pas quelques milliers de personnes vivant à Laâyoune, Dakhla et Smara. 
Moussaoui El Ajlaoui a, par ailleurs, soutenu qu’en novembre 1975, l’Algérie a fait une volte-face en s’opposant farouchement aux accords tripartites de Madrid, considérant qu’ils constituent une menace pour les équilibres dans la région du Maghreb. La récupération du Sahara et l’entente avec la Mauritanie renforçaient, en effet,  la position du Maroc dans la région et mettaient en échec la politique algérienne visant son affaiblissement.
De plus, le soutien de la Libye au Polisario a été mal vu par Alger qui considérait qu’en soutenant les séparatistes, Tripoli intervenait dans un espace vital pour l’Etat algérien. Dans ce contexte, le gouvernement algérien a parrainé ouvertement le Polisario et l’a  poussé à former un gouvernement et à proclamer la pseudo-Rasd le 27 février 1976 en mettant à sa disposition la région de Tindouf. Cela a constitué une violation de la Charte de l’OUA qui interdisait à tout Etat membre de servir de base pour attaquer un autre Etat membre. Abdelaziz Bouteflika, l’actuel président de l’Algérie, et Belaïd ont encadré politiquement «la république de Tindouf» alors le colonel Hoffman s’est  chargé de son encadrement militaire. Tout cela a été fait sous la houlette du directeur du KGB, Andropov, qui deviendra par la suite président de l’URSS.
L’article de Moussaoui Ajlaoui n’a pas seulement abordé ce changement radical de la position officielle de l’Etat algérien entre novembre 1975 et février 1976, mais il a évoqué l’implication de notre voisin de l’Est dans la guerre du Sahara. Notamment à Amgala où l’armée marocaine a vaincu les troupes de l’ALN qui menaient le combat au nom de la pseudo-RASD. Durant cette bataille, 200 soldats algériens ont été tués et 130 emprisonnés et n’ont été relâchés qu’après une médiation de l’Arabie Saoudite.
 


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