Une étoile du cinéma s’est éteinte

Lundi 13 Juillet 2015

Le comédien d'origine égyptienne, Omar Sharif,  grand séducteur et joueur passionné, est décédé vendredi dernier à l'âge de 83 ans. Devenu une légende du cinéma grâce à ses rôles dans "Lawrence d'Arabie" et "Docteur Jivago", la maladie l’avait contraint à s'éloigner des plateaux en 2012, après une dernière apparition dans "Rock The Casbah", de Laïla Marrakchi. Il a ensuite signé un joli come-back et fera une apparition dans le prochain long-métrage du réalisateur irlandais, Jim Sheridan, The Secret Scripture, pour un rôle au côté de son petit fils, clôturant ainsi en beauté une carrière riche de plus de 70 films.
L'acteur mythique, qui souffrait d'Alzheimer, est mort  d'une crise cardiaque, dans une clinique huppée de  la capitale égyptienne où il était interné depuis près d'un mois. Ses funérailles ont eu lieu dimanche dans une mosquée prestigieuse de la banlieue du Caire, il a ensuite été enterré dans le cimetière Sayyeda Nefissa, au sud de la capitale.  
 «Je suis dans un terrible état, je me sens perdue et impuissante, j'ai  perdu l'une des meilleures personnes dans ma vie», a indiqué à l'AFP la célèbre actrice égyptienne Youssra. Pour sa part, l'actrice tunisienne installée en Egypte Hend Sabry, a écrit sur Twetter : «Le garçon de rêves, le créateur de rêves... la personnalité artistique  arabe la plus célèbre au monde». Quant à la célèbre actrice italienne Claudia Cardinale, elle a tenu à souligner dans une déclaration à l’AFP que la perte de son premier compagnon de travail la touche énormément. «Cela ravive les émotions vécues lors de notre rencontre», a-t-elle affirmé dans une déclaration transmise à l'AFP, en référence au film "Goha" de Jacques Baratier  en 1958.
Barbara Streisand qui a partagé l'affiche avec l'acteur en 1968 dans "Funny Girl" de William Wyle a, elle aussi, indiqué sur sa page Facebook qu’«il était beau, sophistiqué et charmant. C'était un fier Egyptien (...) J'ai de la chance d'avoir eu l'opportunité de travailler avec Omar».

Michel Chalhoub devient 
Omar El Sharif.

Légende incontestable du cinéma égyptien et mondial, Omar Sharif aura beaucoup voyagé au cours de sa vie et de sa carrière mais c'est dans son pays natal qu'il s'est éteint à l'âge de 83 ans. «Il est mort cet après-midi d'une crise cardiaque au Caire. Il était dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'Alzheimer», a annoncé son agent, depuis Londres.
De son vrai nom Michel Chalhoub, il est né le 10 avril 1932 à Alexandrie, dans une famille d'origine syrienne. Il a confié qu'il rêvait depuis toujours de devenir acteur. Il goûte au théâtre amateur au Victoria College mais, après ses études en mathématiques et physique à l'université du Caire, il rejoint sagement la société familiale de négoce de bois précieux. Comme le jeune homme n'a pas vraiment le sens du commerce, son père, Joseph Chalhoub, finit par accepter sa vocation. Le fils envoie une demande d'inscription à la Royal Academy of Dramatic Arts, à Londres. Avant que la réponse n'arrive, il rencontre par hasard le cinéaste Youssef Chahine qui lui offre ses premiers rôles dans Le Démon du désert et Ciel d'enfer, sortis tous deux en 1954. Michel Chalhoub prend alors le pseudonyme d'Omar El Sharif.

Vedette internationale

En 1956, troisième film avec Chahine, Les Eaux noires. Cette fois, le jeune comédien prend du galon et partage l'affiche avec la grande vedette égyptienne du moment, Faten Hamama, qu'il a épousée en 1955. Il s'est converti à l'islam pour ce mariage. Le couple, qui aura un fils, Tarik, se séparera en 1968 alors que l'acteur, déjà célèbre en Egypte,  lançait sa carrière à Hollywood. Ils divorceront en 1974.
En 1962, David Lean lui confie, dans Lawrence d'Arabie, le rôle du prince Ali Ibn Kharish, compagnon de route de T.E. Lawrence qu'incarne Peter O'Toole. Le film lui vaut le Golden Globe du Meilleur second rôle.  Installé aux Etats-Unis en 1963, Omar Sharif retrouve David Lean en 1965 dans "Le docteur Jivago" où son  interprétation sera récompensée par le Golden Globe du Meilleur acteur.
Il incarnera aussi bien Genghis Khan que Che Guevara et jouera dans des  films aussi différents que "Mayerling" (1968) de Terence Young, "Funny girl",  de William Wyler, avec Barbra Streisand (1968) ou "Les Possédés" d'Andrzej  Wajda (1988). Après un Lion d'or au Festival de Venise, en 2003, pour l'ensemble de sa  carrière, il reçoit le César 2004 du Meilleur acteur pour "Monsieur Ibrahim et  les fleurs du Coran" de François Dupeyron. Il y interprète un vieil épicier arabe qui se lie d'amitié avec un jeune garçon juif.

Polyglotte  et champion de bridge au caractère colérique

Son caractère colérique l'a amené devant la justice, notamment en 2003 pour  un coup de tête à un policier au casino d'Enghien-Les-Bains (région parisienne)  et, en 2007, pour avoir agressé à Los Angeles un voiturier qui refusait son billet de 20 euros et réclamait des dollars.
Loin des plateaux de tournage, Omar Sharif a longtemps été un flambeur.  Champion de bridge, propriétaire d'une importante écurie de chevaux de  course, habitué des casinos, il dira en 2006 avoir arrêté de jouer "pour ne  plus être esclave d'une passion", à l'exception du cinéma.
 Polyglotte, Omar Sharif a vécu surtout en France, aux Etats-Unis et en  Italie. Au soir de sa vie, souffrant de la maladie d'Alzheimer, il s'était  rapproché de sa famille au Caire. En janvier 2011, l'acteur avait réclamé le départ du président Moubarak  tout en disant redouter les Frères musulmans.

Un dernier rôle aux côtés 
de son petit-fils

Pour son dernier rôle sur grand écran, Omar Sharif avait partagé l'affiche avec son petit-fils, Omar Sharif Jr. 
Ces dernières années, Omar Sharif n'avait plus beaucoup tourné. Atteint de la maladie d'Alzheimer comme l'avait révélé son fils Tarek il y a quelques mois, l'inoubliable Docteur Jivago avait joué dans Rock the Casbah de Laïla Marrakchi en 2012. Trois ans plus tard, le comédien de 83 ans a participé à un court-métrage, actuellement en post-production, «Les 1001 inventions et le monde d'Ibn Al-Haytham». Ce ne seront pas les seules images sur lesquelles les fans d'Omar Sharif pourront voir leur acteur fétiche jouer une dernière fois.
Il fera, en effet, une apparition dans le prochain long-métrage du réalisateur irlandais, Jim Sheridan, The Secret Scripture, au côté d'Omar Sharif Jr. Il interprétera le grand-père du personnage de son petit-fils. C'est une sorte de transmission de flambeau comme un dernier clin d'œil à l'immense carrière d'Omar Sharif. Il a donné la réplique à Eric Bana (Hulk, Munich) lors de l'un de ses derniers tournages. Pour le moment, aucune date de sortie du film n'a été programmée.
Son petit-fils, Omar Sharif Jr, s'est lancé dans la carrière d'acteur aux Etats-Unis, le pays où il vit. En 2012, il avait signé une tribune courageuse dans la revue The Advocate pour dévoiler son homosexualité : «Je suis Egyptien, je suis juif et je suis gay». Son illustre grand-père l'avait soutenu à l'époque : «Personne n'a le droit de contrôler ses actions ou de limiter sa liberté. C'est un jeune homme mature», avait-il déclaré. 


 

Ainsi parlait 
Omar Sharif...


L’acteur, décédé vendredi à l'âge de 83 ans, était connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce. Le cinéma, les femmes, les chevaux... Florilège désopilant.
Le cinéma
«Chaque grand réalisateur américain a fait avec moi le plus mauvais film de sa carrière.» 
(Elle, 22 septembre 2003)

«Le rôle de Jivago est très facile, on n'a rien à faire. Je n'avais que des gros plans, à regarder les fleurs, à penser à elle. Alors on met un peu plus d'émotion que nécessaire. Après, on vous colle cette musique qui vous rend plus mélodramatique, dans un film qui l'était déjà suffisamment comme ça.» 
(Le Quotidien de Paris, 22 janvier 1994)
«Je suis content de dix secondes dans un film et de dix secondes dans un autre. Je n'ai jamais rien aimé entièrement.» 
(France-Soir, 7 juillet 1993)
Le jeu
«Toute ma vie, je suis allé d'une ville inconnue à une autre. Ne connaissant jamais personne sur place, les seules choses que je pouvais faire pour m'amuser, c'était d'aller dans un casino pour avoir des émotions fortes, voir des gens. C'était un endroit où il y avait du monde et où l'on n'était pas ridicule en étant seul.» 
(Paris-Match, 28 août 2003).
Les femmes
«Mon type de femme? Ouh, là, là!, c'est vieux, il faut que je me souvienne... Intelligente, pleine de répondant, parce que, avec celles qui sont toujours d'accord avec vous, on s'ennuie. Pas trop grande, parce que j'aime me pencher sur elle. Pas trop apprêtée, ça m'embarrasse, j'ai peur de la froisser. Pas trop souvent au régime ; les femmes qui grignotent toute la journée et le soir dans un bon restaurant picorent une feuille de salade, ça m'énerve, parce que moi qui adore bien manger, j'ai l'impression d'être un porc à côté. Ni maigre ni grosse: le bon volume c'est quand mes mains peuvent se rejoindre agréablement dans son dos. Plutôt brune, ou alors rousse. Comme ma mère.» (Elle, 22 septembre 2003)
« Je n'ai été marié qu'une seule fois, avec Faten Hamama, dont j'ai divorcé il y a trente-cinq ans. Depuis tout ce temps, je n'ai jamais vécu avec une femme. Même une semaine. Je n'ai aimé qu'une seule fois dans ma vie.»
(Paris-Match, 28 août 2003).
La famille
«Mon enfance et mon adolescence ont été extraordinairement belles. Je me suis efforcé qu'il en soit de même pour mes enfants et mes petits-enfants. Et ça marche. J'ai élevé quatre gosses, ils sont heureux. Il n'y en a pas un qui soit un ivrogne. Pas un seul ne se drogue ou prend des joints.» 
(Le Parisien, 18 septembre 2003)
Les chevaux
«Je crois que je suis tombé amoureux de ma jument.» 
(Trente Millions d'Amis, 11 octobre 1980)

«Dès que j'ai un peu d'argent, j'achète un cheval de course. Les chevaux que j'ai achetés ne courent pas bien du tout. Ils ne gagnent jamais. Mais ce n'est pas bien grave, je garde espoir!» 
(Paris-Match, 28 août 2003)

La bonne chaire
«Non je ne fais pas de régime. Je m'en fous. Je ne mange qu'une fois par jour, le soir, mais royalement.» 
(Le Figaro, 26 octobre 1982)
La religion
«On peut s'aimer malgré nos différences. J'ai un fils qui en est le plus bel exemple. Il s'est marié trois fois. A une juive, à une catholique, à une musulmane.» (Le Parisien, 18 septembre 2003)

Mehdi Ouassat

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