Une année de bruit et de fureur


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Vendredi 2 Janvier 2009

Une année de bruit et de fureur
Tirer un «bilan du monde» sur une année se veut aussi ambitieux qu’arbitraire. L’exercice, improbable, consiste à tenter de faire la part entre le contingent et l’essentiel, mais se résume, bien souvent, à compter les morts entre quelques événements heureux. Et 2008 ne déroge pas à cette loi d’airain. Certes, deux nouveaux visages se sont profilés aux Etats-Unis et en Russie, mais le tout, comme à l’ordinaire, sur fond de sang qui coule en Palestine.

o Carnet rose et passage de témoin

Sur le carnet rose de 2008 figure encore la naissance d’Etats. Celle, tout d’abord, du Kosovo au cœur des Balkans. La proclamation d’indépendance du «berceau de l’orthodoxie serbe » a provoqué l’ire de Moscou. Six mois plus tard, c’était au tour du Kremlin et de son nouveau chef, Dmitri Medvedev, de reconnaître l’émancipation de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, après le conflit qui a opposé la Russie à la Géorgie, et au grand dam de la communauté internationale. Deux événements totalement indépendants l’un de l’autre ? Pas si sûr. On retiendra, en tout cas, que la Russie, que certains se précipitaient à enterrer sous les ruines de la « fin de l’histoire » voilà une quinzaine d’années, pèse et pèsera de tout son poids sur la scène internationale.
Affaibli par la maladie, Fidel Castro s’est, quant à lui, résolu, après un demi-siècle de pouvoir sans partage sur Cuba, à passer la main. Son successeur n’est autre que son frère, Raul.

o Medvedev succède à Poutine… qui reste

Dmitri Medvedev a été élu président de la Fédération de Russie avec plus de 70 % des voix. Peu connu en Occident, le nouvel homme fort du Kremlin est avant tout un proche et précieux collaborateur du président sortant Vladimir Poutine. La campagne électorale a été marquée par l’omnipotence du parti au pouvoir, Russie Unie. Medvedev qui a succédé à Poutine le 7 mai est devenu Premier ministre aux pouvoirs élargis. Mais le nouveau président n’est pas là pour faire de la figuration. Le conflit qui a opposé son pays à la Géorgie durant l’été a été pour lui l’occasion d’une démonstration de force et d’autorité.

o Les chars russes en Géorgie

Mal inspiré. Le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, a lancé le 8 août une opération militaire sur la province russophone d’Ossétie du Sud dont il entendait reprendre l’entier contrôle. Réaction immédiate de Moscou qui a répondu à son tour par un déploiement de forces. La supériorité militaire russe a écrasé l’armée géorgienne. Au nom de l’Union européenne qu’il préside, Nicolas Sarkozy a soumis un plan de sortie de crise. Les troupes russes ne devaient quitter totalement la Géorgie que début octobre. Dans l’intervalle, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance, reconnue par la Russie.

o L’Irak en transition

L’année 2008 a marqué un tournant en Irak et 2009 promet d’être décisive. Six ans après le début de son intervention, l’armée américaine va commencer à se désengager des opérations de combat après un fort recul de la violence ces douze derniers mois. Et les Irakiens seront appelés aux urnes lors d’élections régionales et législatives, susceptibles de fournir des indices clés sur la situation réelle en matière de sécurité.
Si les événements se déroulaient sans heurts, le chemin d’une relative stabilité pourrait s’ouvrir en Irak. En cas d’échec, en revanche, une nouvelle spirale de violences pourrait s’enclencher. Et le risque d’échec est élevé.

o L’étau se resserre sur le Pakistan

L’année 2007 s’est terminée par un drame, la mort de Benazir Bhutto, chef de file de l’opposition, assassinée par balles, le 27 décembre. L’année 2008 s’ouvre par un espoir pour des milliers de Pakistanais: la victoire des deux principaux partis d’opposition - le Parti du peuple pakistanais (PPP) d’Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto, et la Ligue musulmane de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif - lors des législatives de février. Impopulaire, le président Pervez Musharraf doit dès lors composer avec un gouvernement hostile. Au milieu de l’été, l’ancien chef des armées devance la procédure de destitution et annonce sa démission. Début septembre, Asif Ali Zardari lui succède à la présidence. Mais ce laïque progressiste se retrouve confronté à bien des difficultés: le départ de la formation de Nawaz Sharif du gouvernement, la recrudescence des attentats, le renforcement des Taliban dans les zones tribales, la multiplication des raids américains au mépris de la souveraineté pakistanaise et enfin, le regain de tension avec le voisin indien après les attaques perpétrées à Bombay le 26 novembre.

o Rouge sang

Après New York, Bali, Madrid ou Londres, le terrorisme a ainsi poursuivi, cette année, son tour du monde. Etape la plus sanglante et spectaculaire : Bombay. L’Inde a maintes fois été frappée par le terrorisme. Mais ces attaques, pour la première fois dans le pays, visent des symboles capitalistes et des cibles étrangères, surtout occidentales.
L’attentat de Bombay a mis le feu aux poudres et fait se dresser l’Inde contre le Pakistan.
Les relations entre les deux puissances nucléaires se sont ainsi détériorées à un point tel que des risques d’embrasement existent.
Signe de la montée de la tension, l’armée pakistanaise a annulé toutes les permissions et a transféré des troupes de la frontière afghane à la frontière indienne.
Le numéro deux du ministère indien des Affaires étrangères, Anand Sharma, a jugé pour sa part “irresponsable” de voir certains cercles au Pakistan adopter des postures “bellicistes”.
L’Inde et le Pakistan qui se sont livré trois guerres depuis la partition en 1947 et ont failli entrer à nouveau en guerre après l’attaque du parlement de New Delhi par des militants islamistes en décembre 2001, sont néanmoins arrivés jusqu’ici à ne pas jeter de l’huile sur le feu.

o L’Afghanistan dans  la tourmente

2008 s’est révelée être la plus meurtrière pour les soldats des forces internationales en Afghanistan depuis la chute du régime des talibans fin 2001. Au moins 221 soldats étrangers - en majorité des Américains - ont péri dans ce pays depuis le début de l’année 2008, alors que durant toute l’année 2007, 219 soldats ont été tués.
La plupart d’entre eux ont été victimes d’engins explosifs au passage de leurs convois ou patrouilles.



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