"Au niveau diplomatique, les parties impliquées dans le processus politique doivent réfléchir à une stratégie de sortie pour le Hamas""Les bombardements des forces israéliennes à partir des airs et de la mer se poursuivent pour le troisième jour", écrit M. Lazzarini sur son compte X. "Chaque jour, sous nos yeux, les habitants de Gaza revivent encore et encore leur pire cauchemar", ajoute-t-il, déplorant "un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines".
Par ailleurs, la France et la Jordanie ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza et à lever tous les obstacles à l’entrée de l’aide humanitaire.
Cet appel a été lancé par le président Français Emmanuel Macron et le roi Abdallah II de Jordanie lors d’une rencontre mercredi dernier à l’Elysée.
Selon un communiqué de la présidence de la république française, les deux chefs d’Etat "s’attachent à œuvrer à la reprise immédiate du cessez-le-feu et à son plein respect dans la durée".
Le président français et le souverain hachémite "ont rappelé la nécessité impérieuse de lever les obstacles à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, de rétablir l’accès à l’eau et à l’électricité et ont réitéré le besoin d’une libération inconditionnelle de tous les otages", indique la même source.
Les deux dirigeants "ont échangé en outre sur l’absolue nécessité de reconstruire un horizon politique sur la base de la solution des deux États, dont le plan arabe pour Gaza peut constituer une première étape".
Cette rencontre était aussi l’occasion pour les deux chefs d’État "d’échanger sur les priorités communes dans la région, en Syrie particulièrement, et sur la poursuite de l’intensification des relations entre les deux pays en matière de coopération militaire, sanitaire et culturelle", ajoute la même source.
Il y a lieu de souligner que les frappes israéliennes ont repris mardi dernier dans la bande de Gaza faisant des centaines de morts et de blessée.
Avec cette reprise, le mouvement palestinien Hamas est mis sous pression, et sa marge de manoeuvre se réduit comme peau de chagrin, estiment des analystes.
Après plusieurs semaines de blocage dans les discussions indirectes entre Israël et le Hamas sur la suite à donner à la trêve fragile entrée en vigueur le 19 janvier, Israël a repris les hostilités à grande échelle dans la nuit de lundi à mardi avec une campagne de bombardements meurtriers.
Enhardi par le soutien du président américain, Donald Trump, le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, promet "l'enfer" aux Palestiniens de la bande de Gaza jusqu'à ce que le Hamas finisse par rendre les otages.
Et Israël refuse d'envisager de baisser les armes tant que le Hamas n'aura pas déposé les siennes, accepté le principe d'une démilitarisation complète de la bande de Gaza et renoncé à y jouer le moindre rôle après guerre.
Dans ces conditions, le Hamas, dont la direction, en particulier celle de son aile militaire, a été décimée depuis le début de la guerre qu'il a déclenchée le 7 octobre 2023, semble se retrouver face à une alternative peu enviable: se plier aux exigences d'Israël et perdre sa dernière carte maîtresse en restituant la soixantaine d'otages (morts ou vivants) encore à Gaza, ou accepter de se laisser entraîner dans une guerre totale au risque de prolonger encore l'énorme souffrance des Palestiniens de Gaza.
"Si les otages sont relâchés sous la pression des attaques israéliennes, alors le Hamas n'aura plus aucune garantie", estime Ghassan Khatib, analyste politique et ancien ministre palestinien, pour qui "la marge de manoeuvre [du mouvement] se rétrécit.
Plus de 48 heures après les premières frappes israéliennes, le Hamas s'est abstenu de tirer la moindre roquette sur Israël et répète qu'il reste ouvert aux négociations, appelant l'ONU à "prendre des mesures urgentes" pour mettre fin à l'"agression" et à la "guerre génocidaire" contre Gaza.
"Les stratégies américaine et israélienne, en tandem, c'est de forcer le Hamas à plier" mais cela n'a pas fonctionné, note Leïla Seurat, experte du Hamas au Centre arabe de recherches et d'études politiques de Paris (CAREP), pour laquelle "le Hamas mise sur les médiateurs, sur l'extérieur, et sur les divisions au sein d'Israël" pour faire cesser les frappes.
Le Qatar, chef de file de la médiation ayant permis d'arracher la trêve en janvier, et l'Egypte, autre médiateur arabe, ont exigé un retour aux négociations, condamné la reprise des frappes israéliennes, et exigé la poursuite du processus prévu par l'accord de cessez-le-feu de janvier et devant mener à un cessez-le-feu général et permanent.
Mais les Etats-Unis, autre garant de l'accord, soutiennent ouvertement Israël dans son différend avec le Hamas sur son application.
"Au niveau diplomatique, les parties impliquées dans le processus politique doivent réfléchir à une stratégie de sortie pour le Hamas", estime M. Khatib.
Les dirigeants israéliens veulent éliminer le Hamas comme force militaire ou de gouvernement à Gaza, mais si le mouvement est prêt à abandonner l'administration de la bande de Gaza à l'issue de la guerre, comme il l'a affirmé à plusieurs reprises, il refuse de rendre les armes.
"C'est un mouvement qui se définit comme un mouvement de résistance", note Mme Seurat: il "ne va jamais reculer là-dessus".
Plusieurs Palestiniens interrogés par l'AFP mercredi dans la bande de Gaza partagent le constat de la dégradation de leur situation déjà misérable et appellent le Hamas à être plus flexible.
"On a très peur que la guerre reprenne, je pense que le Hamas a fait une erreur", résume Fayza Abou Hachem, quinquagénaire vivant dans la ville de Gaza, "je prie pour qu'un accord soit trouvé".
M. Khatib entrevoit un levier possible sur le mouvement. Il s'agirait de contraindre "des dirigeants ou des combattants" à quitter Gaza, dit-il, en rappelant que c'est "ce qui est arrivé aux combattants et dirigeants de l'Organisation de la libération de la Palestine en 1982" au Liban. Resterait à trouver des pays d'accueil.