Un fidèle d'Erdogan devient chef du parti au pouvoir et du gouvernement turc

Dans l’éventualité d’un nouveau système présidentiel, Binali Yildirim n’occuperait qu'un rôle d'adjoint et non de Premier ministre


Libé
Lundi 23 Mai 2016

Le ministre des Transports Binali Yildirim, fidèle allié du président Recep Tayyip Erdogan, devait être formellement élu dimanche à la tête du parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie et consacré nouveau Premier ministre, renforçant l'emprise de l'homme fort du pays sur l'appareil d'Etat.
La principale mission du prochain chef du gouvernement sera de mener à bien le projet de changement constitutionnel voulu par Erdogan.
Des milliers de militants exaltés se sont massés à l'intérieur et à l'extérieur d'une salle de sports de la capitale turque où se tient ce congrès, a constaté l'AFP.
D'importantes mesures de sécurité ont été mises en place pour cet événement et des centaines de policiers ont été déployés alors que la Turquie a été frappée ces derniers mois par des attentats meurtriers attribués à la rébellion kurde et le groupe de l'Etat islamique (EI).
"Nous allons poursuivre avec amour et un nouvel élan nos efforts pour gouverner le pays", a déclaré Bülent Turan, influent député de l'AKP, sur la chaîne d'information NTV.
Architecte des travaux d'urbanisation pharaoniques lancés par M. Erdogan, Binali Yildirim, 60 ans, est l'unique candidat d'un congrès extraordinaire et il n'y aura donc aucune surprise lors du vote dimanche après-midi des délégués du parti.
Immédiatement après sa désignation jeudi par les cadres de l'AKP comme candidat, Yildirim a assuré qu'il n'y aurait aucun désaccord avec le chef de l'Etat : "Nous travaillerons dans une harmonie totale avec tous nos camarades du parti à tous les niveaux, à commencer par notre président, fondateur et leader".
Yildirim succédera à Ahmet Davutoglu, qui a annoncé récemment son départ à la suite de tensions croissantes avec Erdogan. Ministre des Transports presque sans discontinuer depuis 2002, Binali Yildirim a été le maître d'oeuvre des projets d'infrastructure voulus par Erdogan.
Les milliers de kilomètres d'autoroutes, le troisième aéroport d'Istanbul, le troisième pont entre les rives asiatique et européenne d'Istanbul, le tunnel sous le Bosphore, le train à grande vitesse, tous ces grands projets ont été menés par cet ingénieur en constructions navales, né en 1955 à Erzincan (est), une province de l'Anatolie profonde qui a contribué à porter l'AKP au pouvoir en 2002.
Davutoglu devrait remettre sa démission dans la foulée de l'élection de Yildirim qui, à son tour, sera chargé par le président de former un nouveau cabinet, dès dimanche soir. Le gouvernement devrait porter l'empreinte d’Erdogan, qui tient toujours les rênes du parti qu'il a fondé en 2001 même s'il est censé être neutre.
L'arrivée à la tête du gouvernement d'un homme très loyal au président permettra à ce dernier d'asseoir son autorité sur l'exécutif et de tourner la page Davutoglu, avec lequel des dissensions ont affleuré, notamment sur le conflit kurde, qui a repris l'été dernier, et sur la façon de négocier un accord crucial conclu en mars avec les Européens visant à réguler le flux de migrants vers l'Union européenne.
Yildirim pourrait être le dernier Premier ministre de Turquie (...) Il n'occupera qu'un rôle d'adjoint au président Erdogan dans le système (présidentiel) qu'il veut établir", a commenté le politologue Gökhan Bacik.
Cet analyste prédit aussi qu’Erdogan deviendra maître de la politique étrangère et de l'économie dans le nouveau cabinet. Le président turc a multiplié les sorties en direction de Bruxelles, plongeant dans l'incertitude un accord d'exemption de visa pour les citoyens turcs voulant se rendre dans l'espace Schengen, un élément central du pacte plus large sur les migrants.
La perspective de voir Erdogan renforcer encore son pouvoir inquiète ceux qui l'accusent de dérive autoritaire. Dernier signe d'une polarisation accentuée : le Parlement turc a adopté vendredi un amendement à la Constitution, dont Erdogan est à l'origine, levant l'immunité des députés prokurdes, alors que le pays vit au rythme des combats sanglants entre les forces de sécurité et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).


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