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"Il y a des gens qui me donnent de l'argent, des fruits et des bonbons. Quelquefois je reçois aussi des fleurs", énumère Deepak dans son village de Belhari, situé à environ 125 km de Patna, la capitale de l'Etat du Bihar dans le nord-est de l'Inde. Deepak, qui souffre d'un phénomène rarissime appelé "ischiopagus", est joint à un "jumeau parasitaire" qui a stoppé son développement dans le ventre de sa mère. Pendant la grossesse, le fœtus survivant a absorbé les membres du jumeau dit "parasite". L'enfant, dont les quatre bras et jambes supplémentaires sortent littéralement de sa poitrine, est toujours torse nu, ses membres entremêlés pendant devant lui.
"Certains, les mains jointes, se prosternent devant lui, d'autres le touchent comme une divinité et beaucoup donnent de l'argent en guise d'offrande religieuse", détaille à l'AFP sa mère, Indu Devi. Quand Deepak est né, les médecins locaux et les anciens du village ont été étonnés qu'il survive, raconte-t-elle.
La plupart des enfants nés en Inde avec un si lourd handicap physique seraient morts à la naissance ou auraient été tués par infanticide, estiment des associations telle que l'ONG Save the Children. Son père, Viresh Paswan, issu d'une basse caste et employé dans le secteur de la construction, avoue son malaise de voir son fils traité comme un objet religieux. "Je ne suis pas favorable à l'idée de gagner de l'argent en autorisant les gens à le vénérer", dit cet homme d'une trentaine d'années.
Son cas met en lumière les malentendus que peuvent provoquer les handicaps en Inde ainsi que le manque de soins médicaux pour les enfants qui naissent infirmes ou difformes, surtout en zone rurale. Il y a malgré tout une petite lueur d'espoir même si rien de concret ne s'est encore produit: à l'invitation d'un homme politique local, Dadan Pajalwan, la famille s'est récemment rendue à l'hôpital de Patna pour faire examiner l'enfant. Les parents sont aussi encouragés par l'histoire de Lakshmi Tatma, une fillette de deux ans née comme Deepak avec quatre bras et quatre jambes et qui a été opérée avec succès à Bangalore (sud) en 2007. Avant que cette fillette du nom de la déesse hindoue de la richesse, représentée avec quatre bras, ne soit remise entre les mains des chirurgiens, pour une opération qui a coûté 50.000 dollars, elle aussi était considérée dans son village comme dotée de pouvoirs divins. Son histoire avait à l'époque fait le tour du monde.
Mais pour l'heure, le poids de ses jambes et de ses bras surnuméraires empêchent Deepak de jouer avec ses deux frères en bonne santé, âgés de 10 et 11 ans, ou avec d'autres enfants qui parfois le prennent à partie, en tirant sur son "jumeau"
Shanta Sinha, présidente de la commission nationale pour la protection des droits des enfants, s'est dite "consternée" d'apprendre que Deepak était considéré comme une idole, soulignant l'important travail à entreprendre en Inde pour changer les mentalités.