Un échec de l'accord nucléaire iranien serait une grande perte selon l’AIEA

Téhéran critique l'"extrémisme" de l'UE vis-à-vis de l'Iran


Mardi 6 Mars 2018

Un échec de l'accord nucléaire iranien représenterait une "grande perte" pour le multilatéralisme, a estimé lundi le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), alors que cet accord conclu en 2015 est contesté par le président américain Donald Trump.
Si l'accord "devait échouer, ce serait une grande perte pour le régime de vérification et pour le multilatéralisme", a déclaré M. Amano à l'ouverture d'une réunion de l'exécutif de l'agence onusienne à Vienne.
Cette déclaration intervient alors que M. Trump a menacé de se désengager de l'accord si celui-ci n'était pas amendé d'ici mai, un scénario que Téhéran a formellement exclu.
Conclu en juillet 2015 sous la présidence de Barack Obama entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne), le texte bride et encadre strictement les activités nucléaires de Téhéran de façon à garantir leur nature exclusivement pacifique.
M. Amano, dont l'agence mène des inspections poussées sur le terrain, a confirmé lundi que la République islamique "remplit ses engagements" et qu'aucun manquement ne peut lui être reproché concernant la mise en oeuvre technique du texte.
M. Trump, qui durant sa campagne électorale avait menacé de "déchirer" l'accord au grand dam des alliés des Etats-Unis, estime toutefois que celui-ci comporte de "terribles lacunes", auxquelles il a mis Téhéran en demeure de remédier, sous menace d'un désengagement américain en mai.
Son administration critique notamment la levée programmée à partir de 2026 de certaines restrictions frappant l'Iran, ainsi que la poursuite par Téhéran d'un programme balistique en violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'Iran, qui a toujours assuré que son programme nucléaire n'avait aucune visée militaire, a exclu toute renégociation du texte, avec le soutien notamment de Moscou.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif critique l'"extrémisme" dont font part selon lui les pays de l'Union européenne vis-à-vis de l'Iran, dans un entretien publié lundi quelques heures avant une rencontre avec son homologue français à Téhéran.
"Pour conserver les Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien, les pays européens sont atteints d'extrémisme et celui-ci nuira en fin de compte à la politique de l'Europe", déclare M. Zarif dans cet entretien publié par le journal réformateur Etemad.
M. Zarif devait rencontrer lundi à la mi-journée le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian.
Celui-ci a l'intention de demander à la République islamique des gages sur son programme balistique et ses ambitions régionales afin de tenter de sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont les Etats-Unis menacent de se retirer.
Mais "toute action pour satisfaire la partie qui a le plus violé l'accord nucléaire est inutile", prévient M. Zarif dans l'entretien à Etemad.
"A l'heure actuelle, deux groupes ont violé l'accord nucléaire : les États-Unis et les Européens. Les Américains en raison de la politique de Washington et les Européens en raison de la politique des États-Unis", dit-il.
"Les Européens, en raison de la politique des Etats-Unis, n'ont pas pu tenir leurs engagements, en particulier dans le domaine bancaire. Par conséquent, ces deux groupes ne sont pas en situation de fixer des conditions pour le pays qui a entièrement appliqué ses engagements", ajoute le ministre iranien.
Alors que Paris accuse l'Iran de visées "hégémoniques" au Proche et au Moyen-Orient, M. Zarif rappelle les griefs de la République islamique à l'encontre de l'Occident et met en garde les Européens.
Il dénonce le soutien apporté par l'Ouest à l'Irak contre l'Iran pendant la guerre ayant opposé ces deux pays de 1980 et 1988 et le soutien politique et militaire qu'apportent aujourd'hui les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne à "l'agresseur" qu'est l'Arabie saoudite dans le conflit au Yémen.
Les Européens "ont déjà fait des choix erronés et ils l'ont regretté. Aujourd'hui encore, ils sont en train de commettre la même erreur et très certainement ils vont le regretter", déclare M. Zarif.


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