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Il y a trois ans le journaliste Taoufik Bouachrine, directeur d’Akhbar Al Yaoum Al Maghribya, contracte un prêt bancaire. Par l’intermédiaire d’un agent immobilier, il vient de conclure avec le propriétaire d’une villa. Un compromis de vente est signé chez un notaire de la place. Une avance est délivrée au propriétaire. Problème, quelques semaines plus tard, le propriétaire de la maison se rétracte. Le compromis de vente n’a à ses yeux aucune valeur et se fait oublieux de l’avance qu’il a encaissée.
T . Bouachrine à qui le prêt bancaire a été accordé estime, à raison, être floué. Il dépose plainte. Un long parcours du combattant commence. En première instance, le tribunal lui donne raison. Le compromis de vente doit être achevé et la vente doit être conclue. La Cour d’appel confirme le premier jugement et rejette tous les arguments du propriétaire qui a, selon la version de l’acheteur, multiplié les subterfuges y compris en produisant un certificat médical non signé attestant de sa mauvaise santé mentale. L’affaire est aujourd’hui devant la Cour suprême qui doit dire son dernier mot.
Il y a un mois, un rebondissement vient changer la donne. Le propriétaire indélicat dépose plainte contre T. Bouachrine et le notaire en question et les accusent d’escroquerie. Le journaliste ne lui aurait pas donné « le noir », ces dessous de table désormais institutionnalisés, sur lequel les deux parties se seraient mises d’accord pour procéder à la vente. Et selon une source proche du propriétaire, la valeur véritable de la villa dépasserait de loin le montant officiel de la transaction. « L’acheteur et le notaire auraient profité de la santé mentale du vendeur pour lui faire signer le compromis de vente. Il ne savait pas ce qu’il faisait. D’ailleurs celui qui a été l’intermédiaire dans la transaction aurait confirmé tout cela», nous a déclaré cette source. Une enquête de la police judiciaire est diligentée. T. Bouachrine est entendu par les inspecteurs de police. Le notaire est également interrogé. L’agent immobilier qui a servi d’intermédiaire n’échappe pas non plus à la convocation. La version de T. Bouachrine est complètement différente. « En fait, il y a eu pression sur l’agent immobilier. Il a été convoqué plus de 7 fois par la police judiciaire pour y rester de longues heures. Il fallait qu’il dise qu’il y a du noir dans cette affaire alors qu’il n’en est rien. De telles pratiques ne font pas partie de ma culture. Et que je sache, un compromis de vente n’est signé et une avance n’est encaissée que lorsque le vendeur donne son accord. S’il n’avait pas eu ce qu’il avait demandé, il n’aurait rien signé », s’insurge-t-il.
Et lundi 12 avril, le parquet du tribunal de première instance de Rabat décide de poursuivre le directeur de « Akhbar Al Yaoum » pour escroquerie. « Le dossier est vide, le propriétaire entendait faire diversion parce qu’il a été condamné à conclure la vente de la maison. Et voilà que le parquet a décidé de renvoyer le dossier devant le tribunal au lieu de le classer. Je ne comprends plus rien », a déclaré T. Bouachrine à Libération, ce mardi matin.
Ce qui était une affaire banale de transaction inachevée entre deux particuliers est en train de prendre un tournant nouveau. Un journaliste poursuivi pour escroquerie et un propriétaire qui estime avoir été abusé à cause de sa fragilité mentale, l’affaire prend des proportions inattendues. En ces temps de dialogue national sur médias et société qu’abrite le parlement, la presse n’en avait pas vraiment besoin.