marrakchi. C’est, en effet, l’une des idées fortes
du Festival de Marrakech : projeter des films
emblématiques de l’histoire du cinéma, place Jamaâ El Fna, au cœur de la ville. Ainsi, avant
la projection de son film devant plus de
5.000 Marrakchis, la star américaine Bill Murray a délivré la bonne parole de la paix et de la
fraternité. Très disponible, toujours aussi
pince-sans-rire, le héros de «Ghostbusters» est, en effet, venu au Maroc saluer le public et danser sur la place avec fougue. Il a ensuite reçu un vibrant hommage de la part du festival, ainsi qu’un bon nombre de célébrités incontestables dont
la superstar indienne Madhuri Dixit, le fameux
directeur marocain de la photographie,
Kamal Derkaoui, le comédien américain Willem Dafoe ou encore le réalisateur et scénariste
sud-coréen Park Chan-WooK. Retour sur
les principaux temps forts de cette édition.
Notons que pour l'irrésistible Bill Murray qui affiche son amour pour le Maroc, il a su asseoir son statut d'acteur-culte avec nombre de films de haute facture dont "Les Bleus", "SOS Fantômes", "Tootsie", "Un jour sans fin'', mais surtout "Lost in Translation" dans lequel la cinéaste américaine Sofia Coppola lui offre le rôle d'un personnage aussi ringard qu'attachant. Les récompenses que ce comédien hors pair a engrangées vont de l'Emmy Award au Golden Globe en passant par British Academy Film Award, outre sa nomination à l'Oscar du meilleur acteur. Et ce n'est pas tout. Bill Murray a plusieurs cordes à son arc et fait surprendre chaque fois encore plus. Il excelle aussi bien comme chanteur, danseur et musicien, puisqu'il a participé à plusieurs reprises au "Crossroads Guitar Festival" organisé par l'inégalable virtuose de la guitare Eric Clapton.
Hommage à Kamal Derkaoui, un homme qui met de la lumière marocaine dans les films canadiens
Un hommage appuyé a été rendu, mardi soir au Palais des congrès de la cité ocre, au directeur de photographie marocain Kamal Derkaoui. Cet hommage se veut une reconnaissance pour la contribution et l'apport de celui qui a mis de la lumière marocaine dans les nombreux films sur lesquels il a travaillé.
Primé à de multiples reprises pour son art, le nom de Derkaoui est presque toujours présent dans les génériques des meilleurs films marocains à partir des années 1990 avant de se forger une réputation sur la scène cinématographique canadienne à travers ses contributions dans plusieurs productions internationales.
Intervenant à cette occasion, le réalisateur et scénariste marocain Saâd Chraibi a qualifié Derkaoui d'artiste sensible et intransigeant, relevant que les multiples prix qu'il a engrangés témoignent de son professionnalisme en matière de direction de photographie. Par le passé, a poursuivi Chraibi, le Maroc faisait appel aux directeurs de photographie étrangers alors qu'aujourd'hui, grâce à de talentueux artistes de la trempe de Derkaoui, le Royaume peut s'enorgueillir de ses propres potentialités.
Prenant la parole, Derkaoui n'a pas caché son émotion, confiant que ce qu'il fait n'est pas une profession mais une grande passion qui exige énormément d'efforts et d'engagement.
«L’âge de raison» d’Ahmed Boulane, seule comédie prévue dans le cadre du Festival
C’est la seule comédie prévue dans le cadre de cette édition du festival et c’est le Marocain qui frise allégrement la soixantaine et dont les films ont toujours un côté politique quoiqu’il refuse d’être étiqueté de «politicien», Ahmed Boulane qui en est l’auteur. Programmé dans la section «Coup de cœur», le réalisateur a décidé de revenir dans ce film sur une affaire qui avait défrayé la chronique, en 2002: l’affaire, ou plutôt la crise de “Jaziret Leila”. Ce petit îlot marocain, qui fut l’objet d’une démonstration de force intolérable, de la part du gouvernement Aznar. Dans le film inspiré de cette crise politique, Ahmed Boulane retrace l’histoire d’un soldat marocain (incarné par Abdallah Ferkouss) qui se retrouve sur cette île, et qui n’a d’autre compagnon que Mamadou, un Subsaharien, miraculeusement rejeté par la mer. En plantant le drapeau marocain, notre vaillant soldat ne peut réaliser l’ampleur de la crise que son geste spontané allait déclencher entre le Maroc et l’Espagne.
Ahmed Boulane n’a certainement pas sa langue dans sa poche. Mais ceux qui le connaissent de près vous diront que l’homme a du caractère, sans pour autant être caractériel. Seulement voilà : son franc-parler décapant est loin de plaire à tout le monde. Ce qui lui a valu d’être qualifié d’enfant terrible du cinéma marocain. Mais qu’importe, puisque ses films sont largement appréciés, aussi bien des critiques et des cinéphiles chevronnés, que du large public.
Le réalisateur de “Ali, Rabéa et les autres” a débuté dans le métier, en tant qu’acteur, à l’âge de 16 ans, dans la fameuse troupe nationale de la radio et de la télé. Au bout de quelque temps, il décide de traverser la Méditerranée, pour faire des études cinématographiques en Italie. Mais il ne tardera pas à rentrer au Maroc, pour reprendre ses activités d’acteur, doublé d’un technicien, au cinéma comme à la télévision, avant de devenir assistant réalisateur. Et il ne lui faudra pas moins de 25 ans, en tant qu’assistant, pour accéder au titre de réalisateur !
Amal Ayouch «fière» de représenter le Maroc au jury
La comédienne Amal Ayouch s'est dite "fière" de représenter le Maroc au jury de la compétition officielle long-métrage de cette 15ème édition. «Je suis fière et très honorée de représenter le Maroc, son cinéma mais aussi l'artiste femme marocaine au jury prestigieux du Festival de Marrakech, présidé cette année par le grand réalisateur américain Francis Ford Coppola», a-t-elle affirmé dans un entretien accordé à la MAP. L'actrice qui espère être à la hauteur de sa mission, a assuré qu'elle regardera les œuvres d'un œil objectif en fondant son choix d'abord sur la qualité et l'originalité de la vision cinématographique, notant en revanche qu'elle sera particulièrement sensible à un film qui parvient à la toucher. Amal Ayouch qui a d'ores et déjà visionné avec les autres membres du jury, l'unique long-métrage marocain en compétition officielle, "L'Insoumise" de Jawad Rhalib (projeté dimanche), considère en substance que le film est "intéressant". Au-delà de la compétition officielle, l'artiste marocaine retient, selon l’entretien accordé à la MAP, l'intérêt du festival à encourager la création nationale, présente dans diverses sections de la programmation de cette année. Aussi trouve-t-on des films en hors-compétition avec la projection en avant-première de "La Marche Verte" de Youssef Britel, dans la section "Coup de cœur" avec Isla de Ahmed Boulane, co-produit avec l'Espagne, et abordant un sujet qui avait défrayé la chronique politique entre les deux pays voisins, ou encore dans la programmation en auto-description avec "L'orchestre des aveugles" de Mohamed Mouftakir.
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C’est la question que se posent certains au Maroc à la vue du succès d’un événement comme le Festival international du film de Marrakech. N’ayant pas d’industrie cinématographique proprement dite, le Maroc peut donner l’impression d’être trop ambitieux, en invitant les plus grands noms du monde du cinéma. Mais il n’en est rien. Le pays a besoin d’un tel événement pour promouvoir son cinéma. Et les films marocains sont bien placés dans la programmation. Ils sont vus. Le Festival, c’est aussi une plateforme pour promouvoir la destination Maroc. Le film d'ouverture Rock the Kasbah a été tourné à Marrakech. Son réalisateur, Barry Levinson, a présidé le jury du Festival en 2008. Faites le lien. Le Festival, c’est surtout un lien avec toute l’humanité. Les thématiques abordées dans la programmation sont une réponse claire à tous les problèmes et voir les films en compétition et hors compétition, c’est s’en rendre compte.