Cet attentat mené vendredi à Khan Bani Saad à l'aide d'une voiture piégée et revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI) est l'un des plus meurtriers depuis que le groupe extrémiste sunnite a conquis de vastes territoires en Irak il y a un an. Il intervient au moment où le pays célèbre la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du Ramadan.
Les habitants de cette ville majoritairement chiite située à 20 km au nord de Bagdad racontaient des scènes d'horreur au lendemain de l'attaque, qui a notamment coûté la vie à 15 enfants.
L'explosion a causé d'énormes dégâts et creusé dans la rue un cratère de cinq mètres de large et deux mètres de profondeur. En revendiquant l'attaque, l'EI a affirmé que la voiture contenait trois tonnes d'explosifs. Les musulmans sunnites ont commencé à célébrer l'Aïd el-Fitr vendredi mais la communauté chiite, majoritaire en Irak, le fait samedi.
"Le bilan atteint à présent 90 morts et 120 blessés, et nous avons entre 17 et 20 disparus", a déclaré Abbas Hadi Saleh, le principal responsable de la localité de Khan Bani Saad. "Chaque année (pendant le Ramadan), il y a une attaque à la bombe. On nous reproche d'être chiite", at-il déploré. "Celle-ci est la pire dans la province de Diyala depuis 2003". Khan Bani Saad se trouve dans cette province que le gouvernement a déclarée en janvier "libérée" des jihadistes, qui en avaient conquis de larges pans lors de leur offensive fulgurante lancée en juin 2014. Les jihadistes n'y ont plus de positions fixes mais y commettent toujours des attentats.
Les services du gouverneur de Diyala ont annoncé un deuil de trois jours dans la province et l'annulation des festivités du Fitr.
Des voitures quittaient la ville, un cercueil sur le toit, pour inhumer certaines victimes dans la ville sainte chiite de Najaf. L'EI a indiqué avoir pris pour cibles des milices chiites, une affirmation récurrente même quand les attentats tuent en large majorité des civils.
Selon des témoins et des responsables de la ville, la voiture a explosé à un point de contrôle à l'entrée du marché.
Le Premier ministre Haider al-Abadi a condamné "ce crime méprisable" des jihadistes de l'EI, assurant être "déterminé à les traquer dans tous les coins d'Irak, jusqu'au dernier".
Cette attaque est intervenue alors que les forces gouvernementales irakiennes sont actuellement engagées dans une offensive contre les jihadistes resserrant l'étau autour des deux principales villes de cette immense province majoritairement sunnite, Ramadi et Fallouja.