Un Palestinien tué par une frappe israélienne à Gaza

La journée de la Terre, une occasion pour rappeler l'attachement des Palestiniens à leur droit légitime à un Etat indépendant et souverain


Samedi 31 Mars 2018

Un agriculteur palestinien a été tué tôt vendredi dans la bande de Gaza par un tir d'artillerie israélien, à quelques heures d'un rassemblement de protestation à l'occasion de la "Journée de la Terre".
Selon un porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, il s'agit d'un homme de 27 ans, identifié comme Omar Samour, tué près de Khan Younès, dans le sud de l'enclave palestinienne.
Selon des témoins oculaires, il se trouvait sur ses terres près de la frontière lorsque l'incident est survenu.
Un porte-parole de l'armée a indiqué que "deux suspects se sont approchés de la barrière de sécurité dans le sud de la bande de Gaza et ont commencé à agir de façon suspecte".
"En réponse, des chars (israéliens) ont tiré dans leur direction", a ajouté le porte-parole.
Cet incident est survenu peu avant un rassemblement vendredi, jour à partir duquel des milliers de Gazaouis -coupés du monde en raison du blocus israélien et de la fermeture quasi-permanente de la frontière avec l'Egypte- sont appelés à camper pendant un mois et demi non loin de la barrière qui clôt la frontière de Gaza avec Israël.
Ces six semaines de protestation, baptisées "la grande marche du retour", sont dédiées au droit au retour des Palestiniens qui, par centaines de milliers, ont été chassés de leurs terres ou ont fui lors de la guerre ayant suivi la création d'Israël en 1948.
Le début de ce mouvement coïncide en outre avec la "Journée de la Terre", hommage annuel rendu à six Arabes israéliens tués en 1976 lors de manifestations contre la confiscation de terres par Israël.
Officiellement, les six semaines de protestation sont organisées par la société civile. Mais elles sont soutenues par le mouvement islamiste Hamas, qui dirige sans partage la bande de Gaza.
En effet, la commémoration de la Journée internationale de la Terre intervient cette année à un moment où le peuple palestinien continue de subir les affres de l'occupation, des expulsions et des arrestations abusives, rien que pour avoir réclamé son droit légitime à créer son propre Etat indépendant et souverain et à restituer ses territoires spoliés. La commémoration de cette manifestation internationale est maquée cette année par un regain intense des hostilités israéliennes contre le peuple palestinien sans défense. Ainsi, au moins 32 Palestiniens ont été tués dans des violences depuis la décision du président américain Donald Trump, le 6 décembre dernier, de reconnaître Al Qods occupée comme capitale d'Israel.
Les autorités israéliennes ont également procédé à l’arrestation de plus de 1.300 Palestiniens dont 274 enfants, 23 femmes et 4 journalistes pendant les deux premiers mois de 2018, d’après un rapport d'un collectif d'ONG de défense des droits de l’Homme en Palestine.
Ainsi, cette journée est observée par tous les Palestiniens pour rappeler le massacre de Sakhnin (à une vingtaine de kilomètres au nord de Nazareth), perpétré par les forces de l’occupation lors de la grève générale du 30 mars 1976. La grève a été déclenchée par les habitants de Galilée pour protester contre la décision de l’occupant de confisquer quelque 2500 hectares de leurs terres, et fut suivie à Gaza et en Cisjordanie.
Face aux pressions israéliennes pour annuler cette journée d’action, la grève se transforma en manifestations. Les forces d’occupation réprimèrent le mouvement dans le sang faisant 6 morts et des centaines de blessés parmi les Palestiniens dont plusieurs ont été arrêtés.
Aujourd’hui encore, cette politique de répression et de confiscation continue. Le tiers du peuple palestinien vit sous une occupation militaire brutale en Cisjordanie, à Al-Qods et dans la bande de Gaza, tandis que la moitié de la population continue de vivre à l’extérieur de la Palestine en tant que réfugiés.
Manifestation concrète d’une punition collective, les points de contrôle israéliens se sont imposés dans le quotidien de milliers de Palestiniens qui doivent passer par eux tous les jours.
De plus, un mur de séparation long de 700 km empiète dans le territoire cisjordanien, annexant par là même la majeure partie des colonies israéliennes. Transgressant la ligne verte de 1967 qui ne fait qu’environ 320 km et qui représente la frontière internationalement reconnue, cette construction constitue de facto un mur d’annexion, divisant des familles, encerclant des quartiers et subtilisant les terres palestiniennes.
En parallèle, des colonies israéliennes poussent comme des champignons sur l’ensemble des territoires palestiniens occupés, en toute impunité.  Les Palestiniens se trouvent ainsi souvent effacés, leur voix dépassée par celle des colons israéliens qui sont représentés au sein du gouvernement Natenyahou par le parti appelé "Foyer juif".
Dirigé par Naftali Bennett, ministre israélien de l’Education et de la Diaspora, ce parti religieux ultranationaliste prône depuis longtemps l’annexion de la zone dite C, et qui représente plus de 60% de l’ensemble de la Cisjordanie, notamment la vallée du Jourdain et l’ensemble des colonies et leurs routes de contournement.
Le 5 décembre 2016, Bennett est passé aux actes en faisant voter en première lecture par la Knesset un texte légalisant 4.000 logements dans des colonies dites sauvages.
Le 6 février 2017, le Parlement israélien a voté une loi dite de “régularisation” (hasdara), et qui régularise l’implantation, sur des terres palestiniennes privées, d’une vingtaine de colonies “sauvages”.
Quelques jours plus tard, le Premier ministre israélien a annoncé la mise en chantier de plus de 3.000 nouveaux logements à Al Qods et en Cisjordanie, soit plus que durant toute l’année 2016.
Face à ces atteintes flagrantes aux droits du peuple Palestinien et au mutisme de la communauté internationale, la Journée de la Terre revient chaque année pour rappeler l’attachement des Palestiniens à leurs racines et leur mobilisation pour poursuivre la résistance dans la perspective d’établir un Etat libre et indépendant avec Al-Qods comme capitale.


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