Tunis rouvre sa frontière avec la Libye

La lutte antiterroriste n’est pas que sécuritaire, selon Rached Ghannouchi


Mercredi 23 Mars 2016

Les postes-frontières de la Tunisie avec la Libye, qui avaient été fermés après les attaques jihadistes de Ben Guerdane le 7 mars, ont rouvert mardi, a-t-on appris auprès du ministère de l'Intérieur.
 La réouverture des postes de Ras Jedir, sur la côte méditerranéenne, et de Dhehiba a été effective "ce mardi à 07H00", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère, Yasser Mesbah, confirmant des informations de presse.
 Ils avaient été fermés jusqu'à nouvel ordre dans la foulée des attaques perpétrés par plusieurs dizaines de jihadistes lourdement armés contre des installations sécuritaires de Ben Guerdane, ville de 60.000 habitants proche de la Libye.
 Une mesure similaire avait été prise, pendant 15 jours, après l'attentat suicide en plein Tunis contre un bus de la sécurité présidentielle (12 agents tués) le 24 novembre dernier.
 L'ouverture de ces points de passage est cruciale pour l'économie du sud-est de la Tunisie, y compris du fait du poids des activités de contrebande.
 Les autorités tunisiennes, qui comptent des milliers de ressortissants dans les rangs d'organisations jihadistes, expriment toutefois régulièrement leur inquiétude sur la situation en Libye, où le chaos a permis au groupe extrémiste Etat islamique (EI) de s'implanter.
Les trois attentats majeurs de 2015 en Tunisie (72 morts) ont été revendiqués par l'EI. Les attaques jihadistes de Ben Guerdane n'ont pas été revendiquées, mais Tunis a affirmé qu'elles visaient à créer un "émirat" de l'EI dans le pays.
 Treize membres des forces de l'ordre et sept civils sont morts dans ces attaques, tandis que 49 extrémistes ont été tués.
 Des opérations de ratissage se poursuivent dans la région, et trois "terroristes" ont encore été abattus le week-end dernier.
 Lundi soir, le ministère de l'Intérieur a par ailleurs indiqué qu'une "cellule" jihadiste de 12 membres avait été démantelée à Tunis même. Certains de ces éléments "avaient aidé des terroristes arrêtés ou abattus récemment à Ben Guerdane à se rendre auparavant en Libye", d'après la même source.
 Une réunion des pays voisins de la Libye devait se tenir  mardi à Tunis en présence de représentants de l'ONU, de l'Union européenne et de l'Union africaine.
 Les participants devaient notamment se prononcer sur un soutien au gouvernement d'union nationale issu du processus parrainé par les Nations unies, qui n'a toujours pu prendre ses fonctions à Tripoli du fait de l'opposition des autorités rivales libyennes actuelles.
Par ailleurs, le chef d'Ennahda, le principal parti islamiste tunisien, Rached Ghannouchi, dont le pays est confronté à une vague de violences jihadistes, a estimé mardi à Doha que la lutte antiterroriste ne devait pas se limiter à l'approche sécuritaire.
 "La lutte antiterroriste ne doit pas se limiter à l'approche sécuritaire. Elle doit avoir une dimension politique par le renforcement de la démocratie mais aussi économique par le développement" pour endiguer le chômage qui frappe notamment les jeunes, a déclaré M. Ghannouchi.
 S'adressant à une conférence sur les luttes d'influence au Moyen-Orient, le dirigeant islamiste, dont le mouvement est représenté dans le gouvernement tunisien a en outre défendu l'islam, une religion "sans rapport avec le terrorisme", selon lui.
 Répétant qu'"il n'y a pas de contradiction entre islam et démocratie", il a assuré que "l'islam politique (...) sera l'alternative à toutes les formes de terrorisme".
 Le chef d'Ennahda a défendu également la politique de son mouvement, qui a préféré le "consensus" à la confrontation avec les autres forces politiques en Tunisie. "L'exclusion est l'ennemi de la transition politique", a-t-il prévenu devant les participants à la conférence de Doha, organisée par la chaîne de télévision Al-Jazeera.
 A la fois pionnière et unique rescapée des "Printemps arabes", la Tunisie connaît depuis 2011 un essor de la mouvance jihadiste, responsable d'une série d'attaques armées ayant fait des dizaines de morts, dont des touristes étrangers, dans le pays.


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