Trump et Rohani échangent de virulentes critiques à l'ONU

Macron dénonce “la loi du plus fort”


Jeudi 27 Septembre 2018

Donald Trump et Hassan Rohani ont échangé menaces et insultes mardi à la tribune des Nations unies, le premier promettant de nouvelles sanctions contre Téhéran et le président iranien laissant entendre que son homologue américain souffrait d'un "déficit d'intelligence".
Donald Trump a profité de son intervention devant l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, à New York, pour s'en prendre à la "dictature corrompue" au pouvoir à Téhéran, qui a été la cible principale de ses flèches, même s'il n'a pas non plus épargné le Venezuela.
"Les dirigeants iraniens sèment le chaos, la mort et la destruction", a dit Donald Trump dans un discours de 35 minutes. "Ils ne respectent ni leurs voisins ni les frontières, ni les droits souverains des Etats".
Donald Trump a annoncé que d'autres sanctions seraient mises en œuvre après celles qui seront rétablies le 5 novembre sur le pétrole iranien. Accusant l'Iran de mener des agressions au Moyen-Orient, le locataire de la Maison blanche a appelé les autres nations à isoler le gouvernement iranien.
"D'autres sanctions seront prises le 5 novembre, et d'autres encore suivront; nous oeuvrons avec les pays qui importent du brut iranien pour qu'ils réduisent fortement leurs achats", a dit Trump.
Avant de monter à la tribune, il avait dit à la presse qu'il n'entendait pas rencontrer les dirigeants iraniens tant qu'ils n'auraient pas "changé de disque".
Hassan Rohani, qui s'est exprimé à la même tribune peu après, s'en est pris vivement à la décision de Trump, annoncée en mai dernier, de dénoncer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, laissant entendre que la faculté du président américain à retirer les Etats-Unis d'accords ou d'organismes internationaux relevait d'un problème caractériel.
"S'en prendre au multilatéralisme n'est pas un signe de puissance. Plutôt le symptôme d'un déficit d'intelligence - cela trahit une incapacité à comprendre un monde complexe et interconnecté", a asséné Rohani, qui a assuré que l'Iran ne voulait ni guerre ni sanctions, mais seulement le dialogue.
L'intervention de Donald Trump a été accueillie dans l'ensemble par le silence de dirigeants mondiaux toujours mal à l'aise face à ses positions unilatérales, qui ont tendu les relations entre Washington et ses alliés traditionnels dans le monde entier.
Parfois, il s'est même attiré les railleries. Le président américain a profité de son intervention pour affirmer que l'oeuvre qu'il avait accomplie depuis sa prise de fonction dépassait presque n'importe laquelle de ses prédécesseurs dans l'histoire; cette remarque a été accueillie par un murmure amusé parmi les dirigeants de la communauté internationale et les diplomates présents à l'Assemblée générale.
En plus de s'en prendre à l'Iran ou au Venezuela, Donald Trump, qui a relevé les droits de douane pour 250 milliards de dollars de produits chinois importés aux USA, a reproché à Pékin ses pratiques commerciales. Il n'a en revanche pas mentionné l'ingérence de la Russie dans la guerre en Syrie et son immixtion présumée dans les élections américaines.
Prenant le contre-pied de son homologue américain lorsque ce fut son tour de monter à la tribune, le président français, Emmanuel Macron, a mis en garde contre "la loi du plus fort" et l'unilatéralisme, qui conduisent selon lui directement "au repli et au conflit".
Emmanuel Macron a appelé d'autre part Donald Trump à "aller au bout de son raisonnement" sur la question des prix du pétrole, jugés excessifs par le président américain, en autorisant de nouveau l'Iran à en vendre.
Le locataire de la Maison blanche, qui a annoncé en mai son retrait de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) et le rétablissement progressif des sanctions américaines frappant Téhéran, a appelé les pays membres de l'Opep à arrêter "de faire monter les prix du pétrole" et à "commencer à les faire baisser".
"Nous défendons nombre de ces pays pour rien et ils en profitent pour nous imposer des prix du pétrole plus élevés, ce n'est pas bien", a déclaré Donald Trump à la tribune des Nations unies mardi.
Interrogé à ce sujet quelques heures plus tard lors d'une conférence de presse en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, Emmanuel Macron a rappelé les "deux facteurs" ayant contribué à une baisse des cours du pétrole ces dernières années.
"L'un, c'était qu'il y avait moins de croissance et c'est aussi parce qu'on avait accru un peu l'offre en particulier parce que l'Iran le vendait", a dit le chef de l'Etat français.
"Je suis sensible à la remarque du président Trump sur l'augmentation des prix du pétrole et je pense que, s'il va au bout de son raisonnement, il s'apercevra qu'il serait bon pour le prix du pétrole que l'Iran puisse le vendre", a-t-il ajouté.


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