Car Rami a bel et bien changé de planète. Rare exemple de joueur de haut niveau à ne pas être passé par un centre de formation professionnel, le Franco-Marocain, 25 ans depuis une semaine, était en effet encore amateur il y a trois ans et demi.
Né à Bastia, il a joué à Fréjus (4e division) jusqu'en 2006. A Fréjus (sud-est), Rami travaillait pour la municipalité en tant que jardinier, payé au salaire minimum.
"Il arrive qu'on passe entre les mailles des filets et qu'ensuite on se fasse repêcher", racontait-il en mars 2008, après avoir été convoqué, à la surprise générale, par Raymond Domenech pour un match de l'équipe de France A'.
Rami n'avait alors qu'une poignée de matches de Championnat de France derrière lui et moins d'un an de professionnalisme. Arrivé dans le Nord en 2006, il n'a en effet signé son premier contrat "pro" avec Lille qu'en mai 2007.
Mais après avoir traîné en route, Rami a accéléré et rattrapé son retard. Poussé par l'entraîneur Claude Puel, qui lui fait confiance, il s'installe dans l'équipe de Lille dès la saison 2007-2008, puis devient incontournable. Massif (1,90 m pour 90 kilos) et pourtant rapide, agressif, dominant dans le jeu aérien, Rami impressionne également par sa confiance en lui, sa trajectoire inhabituelle lui donnant un regard souvent décalé sur un monde professionnel très codifié. "Je reviens de loin. C'est extraordinaire ce qui m'arrive. Je me remets en question et je me fais des films mais j'essaie de ne pas trop penser au conte de fées. Les premières fois que j'ai joué en pro, les Utaka, Akalé, je ne les connaissais pas. Même Niang... C'est un pote qui m'a dit: +attention, il est fort, lui+", racontait-il ainsi début septembre avant de débuter avec l'équipe de France les éliminatoires pour l'Euro-2012.
Car s'il figurait dans la liste élargie des 30 présélectionnés pour le Mondial-2010, c'est avec le nouveau sélectionneur Laurent Blanc, et aux côtés de Philippe Mexès, que Rami a fait ses débuts en équipe de France (6 sélections).
Spécialiste du poste, Blanc a rapidement assuré qu'il ne toucherait pas à sa charnière, insistant sur la nécessité de développer les "automatismes".
Mais le sélectionneur a rappelé en décembre que son duo n'était pas encore "de haut niveau" et Rami admet lui-même avoir "encore beaucoup de travail", en ce qui concerne la concentration notamment.
Après une fin de saison excitante avec Lille, c'est donc en Espagne que Rami - qui était suivi par plusieurs clubs, comme Marseille, qui avait déjà cherché à l'embaucher en 2009, Lyon et Liverpool - va s'attacher à enrichir encore son étonnante carrière.
"J'apprécie le projet que Valence a mis en place, avec des joueurs jeunes, et l'ambition d'être en haut de classement chaque saison", a-t-il déclaré lundi sur le site de son nouveau club.
Il pourrait aussi découvrir la Ligue des champions (Valence est actuellement 4e du championnat), alors qu'il n'a joué qu'en C3 avec Lille.