Comment se présente le Tour ?
"Avec un favori, Alberto Contador, mais beaucoup de prétendants plutôt harmonieusement répartis en différentes équipes. Pour la première fois dans le cyclisme, il y a eu l'hiver dernier un mercato un peu à l'image du football. Il y a donc Contador mais aussi Armstrong, les frères Schleck, Evans, une forte équipe Liquigas autour de Basso, Wiggins dans la nouvelle formation Sky, bref une série de prétendants dans des équipes différentes pour, je l'espère, des stratégies d'attaque. Le parcours a été dessiné pour qu'il puisse se passer des choses quasiment dès la première étape."
La part limitée des contre-la-montre (60 km) est-elle volontaire ?
"Oui. Aujourd'hui, ce sont quasiment les mêmes qui sont les meilleurs dans les contre-la-montre et la montagne. Je rêvais d'avoir un combat entre des grimpeurs ailés et des spécialistes du chrono. Là, ce sont un peu les mêmes. Le contre-la-montre est toujours une épreuve de vérité mais elle a un peu moins de sel ces dernières années."
Venons-en à la régularité de la course. Quelle est la situation ?
"Les contrôles sur le Tour seront organisés par la fédération internationale... comme dans tous les évènements sportifs. Mais il y aura, c'est un fait nouveau, des observateurs de l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui est la référence dans le monde du sport, l'organe suprême. C'est une garantie de transparence."
Autant, plus ou moins de contrôles que les années passées ?
"Il y aura le même type de contrôles que l'année dernière avec, en plus, ce suivi au quotidien des observateurs de l'AMA. "
On a parlé d'un Giro propre. Et le Tour ?
"Je suis convaincu qu'il y a une vraie avancée. Les contrôles, l'effet passeport, les sanctions qui tombent... Ceux qui trichent peuvent être convaincus de dopage par le radar classique au bord de la route ou par le mouchard qu'est le passeport sanguin. Sans être une garantie à 100 %, c'est assurément un plus par rapport à ce qui se faisait autrefois."
Depuis deux ans et la fin du conflit avec l'UCI (Union cycliste internationale), on évoque un changement des organisateurs sur l'éthique...
"On n'a pas changé d'un iota. L'éthique, et ce ne peut être autrement, reste un préalable incontournable. Des progrès réels ont été faits, initiés par Roselyne Bachelot et le passeport biologique mis en place par l'UCI. Aujourd'hui d'autres fédérations s'y sont attelées, ça existe dans le patinage de vitesse, le ski de fond, on y réfléchirait dans le football... En tout cas, ça existe dans le cyclisme. L'AMA a toutes les localisations, ça permet de cibler, de faire des contrôles préventifs, d'aller contrôler les gens avant le Tour, ce qui est pour nous quelque chose d'essentiel."
Donc, une affaire Rasmussen comme en 2007 est inenvisageable...
"Je veux croire que ce n'est plus envisageable."
Dans ce Tour reviennent des coureurs qui ont quitté la course par la petite porte à cause du dopage. Est-ce gênant pour un organisateur ?
"Les coureurs qui reviennent ont eu la sanction prévue. En fait, ils ont été absents plus longtemps encore avant de revenir sur le Tour de France. Sachant qu'ils courent régulièrement sans que cela pose problème... Et là, tout d'un coup, on se pose des questions que l'on ne se pose pas quand ils courent ailleurs. Ils ont triché, ils ont été punis, ils reviennent, j'ose espérer qu'ils ont compris. Faut-il faire différemment dans le vélo de ce qu'on demande dans la vie en général quand quelqu'un est puni ?"
Qu'en est-il du vélo électrique qui aurait pu être déjà utilisé ?
"On ne sait pas et on ne saura sans doute jamais si le système a déjà été utilisé. Ce qui est certain, c'est que le système existe. Ce qui compte, c'est qu'il ne puisse pas être utilisé demain. L'annonce des mesures par l'UCI, notamment d'avoir un scanner sur le Tour, est une mesure qui va dans le bon sens pour éviter que la suspicion perdure. Pour pouvoir vérifier de manière aléatoire, à n'importe quel moment de la course, n'importe quel jour, si les vélos sont en conformité, si les vélos sont réellement des vélos."