Le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, a dit mercredi avoir reçu "les excuses formelles" de son homologue serbe, Vuk Jeremic, qui a également promis "d'intensifier la recherche des responsables et de capturer les criminels qui seront punis pour l'exemple.
Les évènements du stade Marassi de Gênes sont "la plus grande honte du sport serbe", titrait à la Une l'influent quotidien Politika.
En Italie, La Gazzetta dello sport titrait "Les bêtes" au-dessus d'une photo du chef des ultras, Yvan Bogdanov, cagoulé, "body-buildé" et couvert de tatouages, en train de faire le salut fasciste. Il a été arrêté et emprisonné.
Les incidents avaient clairement un fond de revendication nationaliste: des ultras ont entonné un chant appelant à "tuer tous les Kosovars" et brûlé un drapeau du Kosovo.
Pendant les affrontements à l'extérieur du stade, dans la nuit, 16 personnes ont été blessées dont 2 grièvement. En outre, 17 supporteurs serbes ont été arrêtés, dont Bogdanov.
Le sélectionneur italien Cesare Prandelli, qui a vécu comme joueur en 1985 le drame du Heysel (39 morts lors d'une bousculade en tribune avant la finale de C1 Juventus-Liverpool), a évoqué son souvenir. "Quand j'ai vu les ultras essayer de briser la vitre (séparant les supporteurs adverses, ndlr) et les gens qui s'enfuyaient terrorisés, j'ai pensé au pire (...). Il suffit de peu pour que ça se transforme en tragédie..." Il y a un an, le 26 septembre 2009, un jeune Français, Brice Taton, était mort en Serbie après avoir été roué de coups par des supporteurs du Partizan Belgrade, alors qu'il était venu voir son équipe Toulouse jouer un match de Coupe d'Europe. Ses meurtriers présumés sont jugés depuis avril.
La Serbie risque aussi des sanctions sportives. L'Uefa (Union européenne de football) a annoncé l'ouverture d'une enquête. Sa commission de discipline se réunira le 28 octobre. La Serbie risque d'avoir match perdu 3-0, ainsi qu'une suspension pour ses matches à domicile, voire l'exclusion pure et simple des qualifications à l'Euro-2012.
Son président, Michel Platini, a rappelé qu'il prônait "la tolérance zéro" pour la violence dans les stades.
Le maire de Gênes, Mme Marta Vicenzi, a jugé mercredi inadaptées les mesures prises pour éviter les affrontements entre les supporteurs serbes et la police, s'étonnant que des hooligans aient pu entrer en Italie et dans le stade.
Les supporteurs serbes sont redoutés pour leur comportement mais les polices italiennes et serbes se sont renvoyé la responsabilité d'un manque d'information quant aux risques encourus.
Le ministre de l'Intérieur serbe, et vice-premier ministre, Ivica Dacic, a estimé que la police italienne avait mal préparé la rencontre.
Mardi, le public italien a été scrupuleusement fouillé mais les quelque 1.750 supporteurs serbes ont gagné leurs tribunes équipés de fumigènes, pétards, tenailles, selon de nombreux témoignages.
Avant le match, ils avaient saccagé des boutiques en ville, mais selon l'officier responsable de la sécurité de la rencontre, Roberto Massucci, les hooligans étaient "plus faciles à contrôler à l'intérieur du stade".
Autre signe avant-coureur: les joueurs serbes avaient été attaqués par leurs propres fans en arrivant au stade (un fumigène lancé vers leur bus), et le gardien Wladimir Stojkovic "intimidé", selon la police. Il n'avait pas été aligné.