Togo: la “girouette” et la "marionnette" entrent en scène

L'attaquant star du Togo Emmanuel Adebayor, habitué aux allers-retours, sera bien présent à la CAN-2013, où son sélectionneur Didier Six compte mettre sa patte, se dépeignant ironiquement en "marionnette" active après l'épisode tortueux de la liste.
L'épisode ? La confusion avait régné autour du document officiel égrènant les 23 joueurs participant au tournoi continental. Le journal L'Equipe révélait que la liste envoyée par la Fédération togolaise (FTF) n'était pas exactement celle qu'avait élaborée le sélectionneur... Cela aurait alors provoqué l'exaspération d'Adebayor (28 ans), qui aurait menacé de claquer la porte. Une énième fois, car le buteur de Tottenham avait déjà annoncé son retrait fin 2012 en raison des problèmes d'organisation de la FTF. Autre version, délivrée par une source au sein de l'encadrement: "Adebayor a croisé par hasard l'entraîneur, dans l'ascenseur de l'hôtel d'Accra (où logeaient les Eperviers durant leur préparation, ndlr). L'entraîneur lui a demandé s'il venait ou pas, et Adebayor lui a répondu qu'il ne venait pas. Mais c'était ironique !"
Six aurait alors composé sa liste sans le joueur emblématique, ni le gardien Agassa, blessé. Et la FTF serait alors intervenue pour ajouter ces deux noms dans la liste, envoyée "à sept minutes de la deadline", selon la même source, et pour répondre à une "demande du peuple".
La relation Six-Adebayor est-elle ambiguë? A l'issue de l'entraînement, alors que les journalistes s'étaient rapprochés à quelques pas du groupe au bord de la pelouse, Six a échangé quelques mots avec son capitaine, le visage souriant. Scène de complicité réelle ou simulée?
Difficile d'y voir absolument clair dans le nid des Eperviers, hautement politique et coutumier des secousses, que ce soit le changement de sélectionneur et les problèmes de primes au cours du Mondial-2006 ou, à leur corps défendant, la fusillade dont ils furent victimes à l'orée de la CAN-2010 en Angola. Six lui-même ne veut pas polluer son tournoi par ce qu'il nomme "les péripéties". "Je ne veux pas répondre à ces questions maintenant, j'en parlerai après la CAN, quel que soit le résultat", a-t-il dit à l'issue de l'entraînement de dimanche matin à Moruleng, près de Rustenburg.
Titillé par des questions de la presse sur son côté débutant dans le métier, puisque le Togo est la première équipe qu'il entraîne, et sur ce que les expérimentés Adebayor et Agassa pouvaient lui apporter, le Français de 58 ans a fait valoir son riche passé de joueur (il compte 52 sélections en équipe de France et un titre de champion d'Europe 1984), et le fait que ces deux-là "pourraient être (ses) fils".
Avant d'enchaîner: "J'ai besoin d'autodiscipline, ils l'ont tous très bien compris et se la mettent eux-mêmes, c'est pour ça que je suis très content de mon groupe". Ce sont d'ailleurs Adebayor et son vice-capitaine Akakpo qui dirigent les exercices d'étirements.
"Mais s'il faut transiger, c'est moi qui transigerai, a poursuivi le sélectionneur. Peut-être que quand j'ai signé, il y en a qui ont dit: +Celui-là, il n'a pas de carrière, c'est une marionnette+. Mais la marionnette a commencé à bouger, à parler, à réagir. Et aujourd'hui, les joueurs savent que je suis avec eux, derrière eux, à 100%".