Timide retour à la normale à Sabrata en Libye

Les habitants de la ville sont encore sous le choc


Mercredi 2 Mars 2016

Timide retour à la normale à Sabrata en Libye
La vie a repris timidement dans la cité libyenne de Sabrata, passé le choc de l’occupation pendant quelques heures du centre-ville par les jihadistes de l’Etat islamique (EI) qui en ont été chassés au prix de violents combats.
Cinq jours après un raid américain qui avait détruit un camp de l’EI dans une banlieue de Sabrata faisant 50 morts et tuant probablement un de ses chefs, quelque 200 jihadistes avaient réussi le 24 février à prendre le contrôle du QG des forces de sécurité et de bâtiments de la ville à la faveur d’une attaque nocturne.
Cette première manifestation publique de l’EI dans la cité côtière située à 70 km à l’ouest de Tripoli et les combats entre miliciens et jihadistes qui avaient continué dans ses environs ont poussé les habitants à se terrer chez eux pendant quatre jours.
Mais dimanche, au lendemain de l’annonce de la “victoire” des milices, la plupart des marchés ont rouvert leurs portes, de même que les magasins, même si les clients sont encore rares. Quoique encore timide, la circulation a repris mais les établissements scolaires resteront fermés jusqu’à une “normalisation totale de la situation”, selon les autorités locales.
“C’était un choc pour tout le monde. (Les jihadistes) étaient dans des maisons à la périphérie de la ville et soudain ils sont apparus dans le centre de Sabrata pour proclamer leur émirat”, raconte à l’AFP Mohammad, un commandant d’une milice locale ayant participé aux combats.
“Mais nous les avons vaincus et chassés et la vie commence à reprendre son cours normal”, poursuit-il en assurant que l’EI “n’a aucune base populaire ici”.
La ville de Sabrata est sous contrôle de milices membres de la coalition de Fajr Libya qui s’est emparée en août 2014 de Tripoli puis de régions de l’ouest du pays.
Fajr Libya a ensuite installé une autorité parallèle -gouvernement et Parlement- à Tripoli poussant les autorités reconnues par la communauté internationale à s’exiler dans l’est du pays.
Depuis la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi, chassé du pouvoir après une révolte qui a duré huit mois, le pays est livré aux milices formés d’anciens rebelles. Le chaos en Libye a favorisé la montée en puissance de l’EI qui occupe la ville de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli, et cherche à étendre son influence.
A Sabrata, les habitants sont encore sous le choc de l’attaque jihadiste. “Nous étions terrifiés. Nous avions peur pour nos petits et nos familles”, dit Oussama al-Jedi, un habitant, rencontré au marché des légumes.
“Nous sommes heureux du rétablissement de la sécurité et avec l’aide de Dieu ils ne reviendront plus”, ajoute-t-il.
Le maire de la ville Hussein al-Daoudi a appelé lundi tous les habitants à “faire de sorte que la vie reprenne normalement en ouvrant magasins, boulangeries et sociétés”.
A l’entrée de la ville comme à sa périphérie, de nombreux points de contrôle ont été installés, tenus par des miliciens en habit militaire ou civil.
Les combattants jihadistes avaient profité du fait que les miliciens et les forces de sécurité relevant de Fajr Libya pourchassaient leurs camarades dans les environs de la ville pour occuper le centre le 24 février. Des responsables avaient parlé de “cellules dormantes” qui avaient été activées.
“La bataille a été dure. Nous avons combattu Kadhafi et d’autres mais cette bataille était complètement différente. Les jihadistes étaient acharnés”, souligne le commandant Mohammad.
“Ils n’avaient pas peur de mourir et nous non plus (...). Nous avons capturé certains et tué d’autres. Le reste doivent se cacher dans des maisons mais nous les pourchasserons”, ajoute-t-il confiant.
Une quarantaine de miliciens qui ont reçu l’appui de forces venues d’autres régions, ont péri dans les combats. Il n’y a pas de bilan côté jihadiste.
Avec les combats et la lutte pour le pouvoir, une solution politique reste difficile alors que l’ONU tente de mettre en place un gouvernement d’union nationale capable de faire face aux jihadistes.
Pour résumer, un habitant de Sabrata qui a voulu rester anonyme affirme: “Ce à quoi nous assistons n’est que la conséquence des dissensions politiques. Les hommes politiques en sont les principaux responsables. C’est eux qui ont ouvert la voie aux extrémistes”.


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