-
Tant de vœux à formuler en cette Journée de la Terre
-
La RSB atomise le CS Constantin Les Oranges défrichent leur chemin vers la finale de la Coupe de la CAF Fuites de données, scandales financiers et expulsions forcées : Transparency Maroc tire la sonnette d’alarme
-
Décès du pape François Un réformiste à l'écoute des laissés-pour-compte
-
Abderrahim Chahid : Le gouvernement pénalise le rôle institutionnel et constitutionnel de l’opposition
Said, un ancien détenu des événements de 20 juin 1981. Extrait d’un témoignage publié sur le site : http://sixpiedssurterre.canalblog.com
« Ce jour-là, le samedi 20 juin 981, dans l’après-midi, je me rendais, en autocar, de Rabat à Casablanca, chez ma famille à Sbata. A la sortie de l’autoroute vers Mohammedia, un barrage de la gendarmerie était dressé. Les gendarmes ordonnaient aux conducteurs de prendre la déviation vers la route côtière pour rejoindre Casablanca. L’autoroute était bloquée aux abords de Bernoussi. Le bruit a circulé que des événements graves s’y déroulaient à ce moment même. Quand je suis arrivé à Casa, vers 17h30, à la gare routière de Benjdia en plein centre-ville, le quartier était pratiquement mort alors qu’il était connu pour son intense activité. Les commerces et services étaient fermés. Mis à part quelques autocars qui déposaient des voyageurs qui, à leur tour, se dispersaient rapidement, il n’y avait pas de circulation, pas de taxi, pas de bus, pas de voitures particulières non plus.
Je me suis dirigé vers Derb Sultan en empruntant la route de Mediouna, réputée par ses embouteillages infernaux, mais, ce jour-là, elle était anormalement calme, triste et déserte, à part quelques passants.
En m’engageant dans cette avenue, j’ai remarqué qu’un cordon de sécurité était en place entre le quartier des Habous et le Palais royal. Arrivé enfin à Derb Sultan, tout était fermé. Il y régnait un calme très tendu. Les habitants étaient devant leurs portes d’entrée, des jeunes rassemblés par petits groupes au coin des rues. Des proches et amis m’apprirent que des manifestations s’étaient déroulées là à partir de la fin de la matinée et qu’il y avait eu des accrochages entre de jeunes manifestants et les forces de sécurité. Ces dernières n’avaient pas cessé de charger et de tirer à balles réelles sur les manifestants qui tentaient d’accéder aux grandes avenues et/ou de rejoindre les quartiers voisins. Il y eut plusieurs blessés et beaucoup de personnes arrêtées, soit sur les lieux mêmes, soit aux services d’urgence des hôpitaux où s’étaient rendus certains blessés pour se faire soigner.
J’ai fait le tour du quartier pour voir ce qui se passait et tenter de me rendre à Sbata chez ma famille. Des manifestants qui se dirigeaient vers Sahat Essraghna par une rue adjacente ont rapidement été chargés. Le quartier était encerclé et quadrillé par des Compagnies mobiles d’intervention (CMI) et des gardes mobiles. Toute tentative de traverser la place et de rejoindre un autre quartier était risqué ».
Mohammed Mounfiq, ancien détenu politique et réfugié politique. Extrait de « Emeutes et mouvement sociaux au Maghreb. Perspective comparée » sous la direction de Didier le Saout et Marguerite Rollinde.