Avec une bonne dizaine de troupes qui se relayeront sur scène, l’Ahwach, comme art folklorique rural collectif, retrouvera ainsi toutes ses lettres de noblesse. Il y en a de toutes les régions du Maroc, depuis le Rif jusqu’au Sahara. Et c’est l’Ahidouss d’Aît Ouaren de Taza d’inaugurer, à 22h, la manifestation sur la Grande Place des fêtes à Tafraout. Les amateurs de l’Ahwach d’Imintanoute auront aussi le plaisir de se régaler des impressionnants sons de tambours aux rythmes magistralement accélérés sur lesquels se dandinent femmes et hommes en cercle. Au programme également lors de la soirée du 4 août, se produireont des troupes venues de Ouarzazate, Kalâat Mgouna, très célèbres pour leurs danses orchestrées par les tambourinaires aux doigts de fées. Et pour ceux qui raffolent de joutes oratoires en poésie berbère chantée entre Imdiazens (poètes) rivaux, ils trouveront de « croustillantes » parties de l’Ahwach d’Indouzal qui est au programme au deuxième jour du Festival.
La manifestation comblera également les fans de La Guardia de Guelmim et le fameux Ahyyad d’Aît Mimoun qui passeront sur scène le 5 août. Sans pour autant oublier Dakka El Houwaria ainsi que les nègres de Oueld Jerrar au rendez-vous avec le public lors de la soirée du 8 août. Des troupes de danses et chants à connotations africaines où de grands tambourins rythment les bruits de piétinements sonores des danseurs de Tiznit, entrecoupés de bonds acrobatiques et cris stridents de jubilations lancés par leur Mâalem. Et comme de coutume, les organisateurs de Tifawine n’ont pas manqué à leur engagement envers les jeunes artistes amazighs. A preuve, lors de cette édition, sont invités au festival, Raîssa Jamila Tamntagt, Ahmed Amaynou et Youba qui commencent à se frayer leur chemin artistique. Les responsables veulent faire de Tifawin un tremplin de jeunes créateurs artistiques vers la consécration. La présence de vétérans de l’Amarg (chant) de Rwaîss marqueront d’autre part cette édition. Comme Lhoucin El Baz dont l’ancien répertoire ne cesse de galvaniser son public amazigh dès qu’il entonne sur scène ses inoubliables: « Ahh Oukan Ayagdig, Tayyri Ghassad et autres. On note également Raissa Damssiria dont le parcours artistique est pour beaucoup d’artistes débutants une école incontournable, par les richesses qu’il offre, par la beauté du verbe et de la note musicale à l’originalité intacte.
Le programme de Tifawine se démarque également cette année par le retour des grands calibres de la chanson berbère moderne. Outre le groupe Inerzaf qui a pu s’imposer sur la scène amazigh grâce à une musique moderne adaptée aux goûts du jour, il s’agit aussi de Amouri Mbark, Ali Chouhad et les Aâkaf qui se produiront en trio. Ce sont les ex-fondateurs de l’avant-gardiste groupe musical Ousmane. Etant la toute première troupe ayant initié la modernisation de la chanson berbère en la sortant de «l’ornière» de la traditionnelle musique stérile et figée. Et, cerise sur le gâteau, pour les fans de la chanson chaâbi, le chanteur Daoudi se déplacera à Tafraout pour faire vibrer son public sur les notes de son fameux violon, le 6 août sur la place Tifawine à Ameln. Pour ce qui est des activités off, le festival programme la quatrième édition des olympiades de Tifinagh qui a désormais un retentissant succès auprès des jeunes étudiants férus de la culture amazighe. Ainsi qu’un atelier sur «l’action du tissu associatif: Entre réalité et espoir» qui sera animé par les docteurs, Lhoucine Syouti et Abdellah Haytouss.
Aura lieu également une autre rencontre sur l’histoire de la région d’Amelne qui sera exposée par le Dr Abdessalam Amarir. Un débat ouvert est aussi prévu sur les conditions de la femme tafraoutie à l’aune de son intégration dans le processus de développement local. Au registre des hommages, comme le festival en a depuis son lancement un rituel, c’est le duo Ajmâa et Ihya qui se verront récompensés eu égard à leurs œuvres artistiques cumulées tout au long d’une riche carrière en tant que poètes amazighs et artistes vétérans en matière d’art de l’Ahwach.
Le côté sport n’est pas en reste. Une grande compétition, entre autres, sera organisée : il s’agit d’une course à pied dans la ville. Quant au programme Méga qui met à chaque fois en exergue un produit local, après la babouche géante (Mégadoukou) exposée lors de la précédente édition, cette fois-ci c’est le Mégatay (le plus grand thé) dont la procession de sa préparation sillonnera lors du premier jour du Festival les artères de la Tafraout, depuis la place attenante au collège Atlas jusqu’à la Grande Place des fêtes en passant par celle de la poste au centre-ville.