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Pour le Pr. Ahmed Al Khamlichi, directeur de Dar Al Hadith Al Hassania, la problématique de l’héritage est une question complexe, équivoque et qui comporte plusieurs paramètres. Soulever cette question, c’est s’aventurer sur un terrain miné. Cela demande également vigilance et intelligence car toute solution risque d’être critiquée ou révoquée. Pourtant, le Pr. Al Khamlichi pense que le débat sur la règle de l’héritage par Taâsib est possible, mais demeure à cheval entre deux lectures : une lecture littéraliste et une autre moderniste et universaliste. L’intervenant propose une nouvelle approche qui prenne compte des dispositions légales contenues dans certains textes de loi tels le Code des assurances, le Dahir réglementant le bail ou la sécurité sociale.
De son côté, Mohamed Sghir Janjar, directeur de la Fondation Al Saoud, a expliqué que la question de l’héritage devrait sortir du cadre strictement religieux et faire partie du domaine des transactions normales. Selon lui, cette question devrait être régie par des lois et des légalisations spécifiques.
Pour M. Janjar, le Taâsib n’a plus sa place dans la société marocaine d’aujourd’hui et les arguments ne manquent pas à ce sujet. Il avance plusieurs indicateurs socioéconomiques qui confortent son idée : la nucléarisation de la cellule familiale, le travail salarié qui s’est relativement féminisé, la scolarisation des filles, l’augmentation de l’âge de mariage, l’émergence de la famille monoparentale, le recul de l’endogamie, entre autres. Pourtant, le Maroc ne prend pas, selon lui, ces indicateurs en compte et, par conséquent, il vit un décalage entre la norme ou le système de régulation et la réalité sociale.
Pour sa part, Ghaleb Ben Cheikh, philosophe et théologien, a souligné que la révélation ne peut pas être confinée dans des considérations purement législatives. Il pense qu’«elle est au-dessus de toutes les contingences». «Il faut comprendre que la législation n’est que l’expression d’une organisation socioéconomique et politique donnée à un moment précis de l’histoire», a-t-il noté avant d’ajouter que le fiqh n’est pas monolithique mais le fruit d’une longue évolution.
M. Ben Chekh a, par ailleurs, critiqué certaines pratiques issues de l’ijtihad qui sont devenues inopérantes et qui attestent d’une certaine régression de la pensée de leurs tenants.
Evoquant cette question de l’ijtihad, Abdou Filali Ansari, directeur de l’Institut des études sur les civilisations musulmanes de l’Université Aga Khan de Londres, a indiqué qu’il faut différencier deux concepts de l’ijtihad : l’Ijtihad comme slogan, qui fait partie d’un langage apologétique (l’autoglorification au lieu de la réflexion) et l’ijtihad comme approche située dans le temps et développée dans des contextes déterminés et régis par certaines règles indiscutables ainsi que par une méthodologie fondée sur l’autorité morale. Pour Abdou Filali, cette dualité a produit une situation de confusion où le passage entre les deux concepts n’est plus contrôlé et où les gens confondent constamment dans leurs discours les deux conceptions. Autres effets de cette situation : les concepts, les interprétations, les attitudes et les déductions des normes à partir des textes religieux, sont appréhendés en dehors de leur contexte historique.