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Il n’en demeure pas moins que c’est dans un marché international incertain que le Maroc, dont la production a enregistré l’année dernière une baisse de 35% par rapport à une année normale, s’est trouvé contraint de faire ses emplettes en important 59 millions de quintaux de céréales au cours de la campagne de commercialisation 2011-2012, qui s’est terminée à la fin du mois de mai dernier.
Dans la même perspective, l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) a lancé jeudi 27 septembre un appel d’offres pour l’achat de 185.000 tonnes de blé tendre provenant de la récolte locale.
Afin d’éviter toute tension au niveau des prix de vente sur le marché local, l’ONICL a également suspendu les droits d’importation sur le blé et l’orge à partir du 1er août jusqu’à fin décembre 2012, mais cette subvention indirecte a des limites. D’où la mise sur la table de la subvention directe fixée à un milliard de dirhams.
En cas de forte augmentation des cours mondiaux, ces décisions risquent néanmoins de faire l’effet d’un cautère sur une jambe de bois d’autant plus malvenu que le Plan Maroc Vert semble avoir relégué au rang de vœux pieux le concept de sécurité alimentaire afférent à ces denrées stratégiques que sont les céréales. Le Maroc, qui fut exportateur jusque dans les années soixante, ne semble plus avoir aujourd’hui la volonté politique de mettre en place les plans et moyens adéquats pour résorber son déficit en blé et, du coup, disposer d’un pouvoir de négociation dans la géopolitique de l’alimentation.
Le Maroc couvre actuellement quelque 55 à 65 % de ses besoins en année normale et si sa productivité ne s’améliore pas radicalement, son taux de couverture des besoins céréaliers sera inférieur à 40% en 2020. Un taux qui continuera à décroître jusqu’à ce que la population se stabilise plus ou moins vers le milieu du siècle. Selon certaines statistiques, le ratio de dépendance en céréales au cours des années 90 est passé de 26% à 73% en 2000. De plus, le Maroc fait partie des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée qui captent 12% des importations mondiales de céréales alors qu’ils ne représentent aujourd’hui que 4% de la population du monde.
Depuis le début des années 60, les importations nettes céréalières ont été multipliées par 20 au Maroc et les projections les plus optimistes indiquent que ces importations devraient continuer de croître dans les années à venir. Une situation à laquelle sa stratégie actuelle prévoit de faire baisser de 22% les superficies qui seront dédiées à la céréaliculture en l’an 2020 en espérant voir la production suivre une courbe contraire et passer de 53 millions de quintaux actuellement à 76 en cette même année, moyennant l’injection de quelque 11 milliards de DH.
Une simple vue d’esprit, selon les agriculteurs concernés et particulièrement les plus petits d’entre eux. Ces derniers s’attendent donc à des temps de plus en plus difficiles et risquent de se retrouver contraints de choisir la voie de l’exode rural alors que les citadins devraient obérer davantage leurs maigres budgets pour avoir l’heur de manger leur pain quotidien.
A en croire le patron du Conseil de la concurrence, Abdelali Benamor, il est, en effet, injuste que tout le monde achète la baguette de pain à 1,20 DH et il vaudrait mieux penser à une subvention directe des couches démunies qui permettra à l’Etat d’économiser, à peu près, 18 milliards de DH. Pour quel coût social ? Tous les exemples pris dans le passé proche ou lointain démontrent que celui-ci risquerait d’être très lourd.
Prix du pain et stabilité sociale semblent intimement liés. Sans aller jusqu’à rappeler cette boutade du Maréchal Lyautey selon laquelle «au Maroc, gouverner, c’est pleuvoir » afin que le blé lève et que les tensions sociales baissent, plusieurs émeutes du pain ont caractérisé le passé proche.
Les manifestations populaires survenues dans la ville de Sefrou en septembre 2007 étaient, en effet, sous-tendues par une flambée des prix du pain. Elles avaient fait 300 blessés, dont 22 dans un état grave et poussé le gouvernement à annuler l’augmentation déclarée unilatéralement par le Syndicat national unifié des patrons boulangers et pâtissiers du Maroc.
Idem en 1981, année au cours de laquelle le gouvernement avait procédé à une augmentation de 30% du prix du pain provoquant ainsi les émeutes les plus sanglantes de l’histoire de la ville de Casablanca et faisant plusieurs centaines de morts.
Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et la loi sur la liberté des prix et la concurrence est venue mettre de l’eau au moulin de tous ceux qui voulaient voir le prix du pain changer. Il l’a fait à l’exception de celui fabriqué à partir du blé local ou subventionné. Une situation que le dernier rapport du Conseil de la concurrence a éventée en rappelant que ces farines servent aussi à fabriquer du pain à prix non-soutenu. Des produits qui remplacent doucement, mais sûrement, le pain subventionné sur les étals des boulangeries. Alors, le prix du pain va-t-il augmenter ou non ? Pour certaines catégories de pain, la question ne se pose plus puisque leurs prix ont pris l’ascenseur depuis belle lurette, pour les autres, elle demeure en suspens.