La pilule a été d'autant plus dure à avaler que les champions du monde en titre sont tombés sans gloire en se faisant éjecter hors compétition par des équipes au palmarès assez modeste. En tout cas, pas à la mesure de l'héritage légué par les illustres aînés et du prestige que des éléments participant à la campagne sud-africaine ont, eux-mêmes, contribué à forger du football italien.
Deux nuls (sur le même score 1-1) face au Paraguay et la Nouvelle Zélande et une défaite (3-2) face à la Slovaquie.
Le parcours des "Azzuri" s'arrêtait là. Fabio Cannavaro et ses coéquipiers étaient obligés de plier bagages et de rentrer, par vol direct, au pays. Dans un pays où le football est roi et où la Nazionale est érigée en temple sacré et ses joueurs, en véritables légendes vivantes, sortir de cette manière par la petite porte, ne pouvait se ressentir que comme un drame profond et une honte pour une discipline porte-fanion du sport italien. Mais au-delà de l'onde de choc qui a traversé de bout en bout la Péninsule, il faut dire que les prémices de cet échec étaient perceptibles bien avant le Mondial. Certains criaient tout haut ce que la majorité murmurait tout bas : la sélection italienne a zéro chance d'aller loin dans la compétition. Sans y croire vraiment, les plus optimistes ne la voyaient pas dépasser, au mieux, les quarts de finale.
Les griefs étaient multiples mais le plus ressassé était celui de l'âge de la plupart des joueurs qui n'avaient plus leurs jambes de 20 ans pour soutenir le rythme d'une compétition on ne peut plus éprouvante.
Qualifié de "vieillissante" , taxée de "squadragénaire" , la sélection italienne n'inspirait aucune confiance au vu notamment des matchs amicaux disputés avant le Mondial qui n'avaient convaincu personne. Sauf, peut-être, le sélectionneur Marcello Lippi, resté sourd à toutes sirènes annonçant la catastrophe.
Sûr de lui, Lippi s'est obstiné à garder sur sa liste neuf "vieux" dont certains donnaient déjà l'impression d'être hors du coup après une saison laborieuse.
"Nous craignons que les choix de Lippi ne soient justifiés que par le parcours à la Coupe du monde 2006 et non par la forme actuelle des joueurs. On a l'impression que Lippi a sélectionné certains joueurs vieillissants pour services rendus à la nation. Fabio Cannavaro, Gianluca Zambrotta, Gennaro Gattuso, par exemple, ne sont pas au niveau actuellement" , avait lâché amèrement Valentina Resta, journaliste à "eurosport.it" . Un avis partagé par beaucoup d'autres.
Pour ne citer que le cas Cannavaro (36 ans), le mythique capitaine et ballon d'or 2006, il avait, à l'image de la Juventus de Turin, pataugé tout au long de la saison. Sa défense a terminé 15ème de la série A et, avait-on fait observer, il n'y est pas pour rien.
Ignorant tous les appels de détresse, le sélectionneur n'a eu de cesse de répéter à qui veut bien l'entendre que la "Squadra azzurra" n'est pas plus faible que n'importe quelle autre équipe participant au tournoi et qu'elle est parfaitement en mesure de se battre pour une 5ème Coupe du monde qui mettrait l'Italie sur le toit de la planète foot en compagnie du Brésil.
"La Coupe du monde, c'est un mois et sept matches. On n'a pas forcément besoin d'avoir des joueurs de 24 ans. Si je devais faire toute une saison avec cette équipe, je ferais probablement d'autres choix. Mais pour un mois, ce n'est pas un problème" , soutenait-il.